Il est révolu le temps où les stars du football, gagnaient moins d’argent et avaient un idéal, une conscience politique, un engagement envers la société et le monde.
Je pense au joueur brésilien Socrates, qui a œuvré pour changer les conditions de travail, puis la politique sportive du pays et enfin la politique tout court. Johan Cruyff qui a refusé de participer à la coupe du monde en Argentine, à cause de la dictature qui y règne.
Les footballeurs d’aujourd’hui avec leur casque vissé sur les oreilles, leur montre ostentatoire au poignet, et leur voiture de luxe renvoient la détestable image d’individualistes davantage intéressés par leur contrat a six, sept ou huit chiffres et au montant de leur compte en banque qu’au monde qui les entoure. En cela également, la mort de Socrates est venue nous rappeler que les temps ont changé.
Pompe à fric
Selon nos confrères du « Parisien », la superstar argentine Lionel Messi toucherait 41 millions net par an au PSG. Mieux que Neymar et Mbappé : un record historique en Ligue 1.
Lionel Messi, l’attaquant star de 34 ans, sextuple ballon d’or, va toucher un salaire record au PSG, pour une durée de deux saisons, plus une en option. La star argentine deviendra le joueur le mieux payé de l’histoire du championnat de France avec un salaire annuel qui serait de 41 millions annonce Le Parisien.
Le Barça lui avait fait une offre à 35 millions nets par an. Le club catalan n’a pas eu les moyens de rivaliser avec le PSG et de conserver son attaquant star. Le club est en à d’énormes difficultés financières.
Lionel Messi gagnera toutefois un salaire inférieur à son précédent contrat avec le Barça, où son salaire annuel était de 50 millions d’euros, sans les divers bonus.
Parmi les stars assoiffées d’argent, et sans idéal, Messi est la référence, sur son salaire environ 40 millions d’euros par an, le club qui prend en charge les impôts de son joueur, devrait payer 18 millions. Grâce à l’impatriation, il en versera 5 de moins. Son club réglera aussi pour lui 24 millions de charges sociales. Sans oublier la partie non révélée de sa rémunération (droit à l’image, bonus et primes) : selon les « Football Leaks », publiés il y a trois ans par le magazine allemand « Der Spiegel », cette part représentait, à Barcelone, une petite moitié de son salaire proprement dit, soit 20 millions environ.
Mais restons optimistes, il y a encore quelques sportifs que ce milieu pourri par l’argent rebute. Je pense à Javi Poves. A seulement 24 ans, a décidé de rompre son contrat avec le Sporting Gijon. « Plus tu connais le football, plus tu te rends compte que tout n’est qu’argent, que c’est pourri, et tu perds un peu tes illusions », a déclaré le joueur pour El Pais, relayé en France par Le Monde. Une démarche intègre et rare dans les hautes sphères du football.
Un anticapitaliste revendiqué
Auparavant, Javi Poves avait demandé à ses dirigeants de ne pas virer son salaire sur son compte bancaire et ainsi éviter que d’autres clubs spéculent sur son transfert, ou bien refusé une voiture offerte par une entreprise partenaire du club. Excédé, il a finalement expliqué à ses dirigeants qu’il désirait quitter le monde du football « qui n’est qu’une affaire d’argent et de corruption. C’est du capitalisme, et le capitalisme c’est la mort » a-t-il déclaré. Je ne veux pas faire partie d’un système où les gens gagnent de l’argent grâce à la mort d’autres gens, en Amérique du Sud, en Afrique ou en Asie ».
Le jeune homme se définit lui-même comme un « antisystème » et quitte le Sporting Gijon, club dans lequel il évoluait depuis 2008 et dont il venait d’intégrer l’équipe première. Désormais au chômage, Javi Poves n’ira pas rejoindre les Indignés à la Puerta del Sol à Madrid, car selon lui : « C’est un mouvement créé intentionnellement par les médias pour canaliser ce mal-être social et pour que cette étincelle ne devienne pas dangereuse et incontrôlable pour le système ». Il reprendra ses études d’Histoire en septembre.
Souhaitons quand même à Messi la bienvenue à Paris, et qui sait ? Il prendra peut-être conscience un jour que l’argent ne peut pas tout acheter, l’intégrité et l’idéal par exemple. Et espérons qu’il ne regardera pas ailleurs quand il croisera les milliers de tentes des réfugiés et SDF qui n’ont pas de toit pour s’abriter du froid de l’hiver qui avance à grands pas.
Par Mustapha Bouhaddar pour Maghreb Canada Express, Vol. XIX, N°09 , page 14 , Septembre 2021