Deux jours avant le vote, à l’ONU, portant sur le renouvellement du mandat de la Minurso, et loin de toute cible pouvant être qualifiée de militaire, des quartiers résidentiels de la  ville de Smara dans le sud marocain,  ont été la cible d’un tir de projectiles revendiqué  par le Polisario.

Dans la nuit  du  28 au 29 octobre 2023, quatre explosions ont eu lieu à Smara dans le  sud  marocain faisant un mort et trois blessés parmi la population civile. Ces explosions ont touché trois quartiers différents et causé des dégâts matériels à deux maisons, ont précisé à l’AFP les autorités locales. Les deux blessés graves ont été transférés dans un hôpital de Laâyoune, à 200 km à l’ouest de Smara, ville de plus de 66.000 habitants. Le troisième blessé, touché légèrement, a pu regagner son domicile après avoir reçu les premiers soins, a précisé la même source.

Cette attaque ayant touché trois cibles distinctes de la ville de Smara a été revendiquée par le Polisario qui a diffusé,  via l’agence de presse sahraouie, la veille du jour où les Nations unies devaient décider du renouvellement du mandat de la Minurso, un communiqué dans lequel sont confirmées ces informations rapportées par les chaînes de radio et les télévisions du monde et les agences de presse.  « Les forces de l’Armée populaire de libération sahraouie (APLS) ont ciblé [le 29 octobre] les forces ennemies dans les secteurs de Mahbes, Smara et Farsia avec des bombardements concentrés et violents » est t-il souligné dans le document, ajoutant que « de lourdes pertes ont été causées  dans les casernes et tranchées ennemies ».

Les quatre  tirs de projectiles  ont, d’après un communiqué des autorités marocaines,  causé des dégâts matériels à deux maisons. La même source souligne qu’un premier tir a touché le quartier de la ZAP, celui de Hay Essalam, alors que les deux autres, ont ciblé le quartier industriel de Smara.

Cette attaque est intervenue à la veille de la réunion du Conseil de sécurité des Nations Unies, lundi 30 octobre à 20 heures, qui devait  voter un projet de résolution pour le renouvellement du mandat de la Mission des Nations Unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (Minurso). Le projet de résolution souligne  « la nécessité de parvenir à une solution politique réaliste, réalisable, durable et mutuellement acceptable », qui serait « basée sur un compromis ». Il rappelle aussi l’importance « pour toutes les parties concernées d’élargir leurs positions ». 

Réagissant à ces explosions  qualifiées d’acte terroriste dont les auteurs et complices « devront assumer leur responsabilité juridique mais également politique », l’ambassadeur représentant permanent du Maroc auprès de l’ONU, Omar Hilale a indiqué  que « ces quatre déflagrations ont eu lieu dans la ville spirituelle du Sahara marocain. La ville de Malâinine, le grand leader de la résistance contre la colonisation espagnole ».

Photos à l’appui montrant la ville de Es-Smara, où il n’y a aucune installation militaire, M. Hilale a précisé que les quatre explosions ont eu lieu en pleine nuit dans « une ville connue pour sa sérénité, pour la qualité de sa vie et surtout pour le pacifisme de sa population civile », notant que les explosions sont survenues dans le même périmètre: la première dans le quartier industriel, la deuxième et la troisième à Hay Essalam et la quatrième à Hay El Wahda, rapporte l’agence de presse marocaine MAP.

Il a déploré la mort d’un martyr, un jeune homme de 23 ans qui s’appelle Hamza, qui ne vit pas dans cette ville et qui est venu voir sa tante pour demander la main de sa cousine, a-t-il détaillé.  « Il vit en France dans la ville de Tarbes. Il est venu pour construire un avenir avec la femme de son cœur. Malheureusement, le destin en a décidé autrement et je dirai plutôt que ceux qui ont organisé et perpétré ces explosions lâches et ignobles en ont décidé autrement », s’est indigné l’ambassadeur dans sa déclaration reprise par l’agence MAP. Il a également déploré les trois blessés dont deux dans un état grave qui se trouvent toujours dans les urgences à l’hôpital de Laâyoune.

Risque d’embrasement

L’ambassadeur a, en outre, précisé qu’immédiatement après ces explosions, la Minurso, qui dispose de postes d’observation à Es-Smara, a été avisée. Les éléments de la Mission onusienne ont constaté que les explosions ont eu lieu dans des quartiers civils, des maisons civiles, faisant un mort et des blessés civils. « Ils vont faire leur rapport au Secrétariat de l’ONU », a-t-il fait savoir.  « On s’attend à ce que ce rapport soit rendu public par les Nations Unies afin que tout le monde sache qui cible les civils, qui tue les innocents, qui déstabilise la région et qui risque de provoquer un embrasement et des drames », a-t-il souligné, déclarant que le Maroc fait confiance aux Nations Unies pour la suite à donner à cet acte terroriste ignoble et condamnable.

Pour l’ambassadeur Hilale , en vertu du droit international, du droit humanitaire international et des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité, toute attaque ou ciblage des civils et des villes civiles représente un « acte terroriste et un acte de guerre » ajoutant que « ces explosions, qui ont fait un chahid, qui a attristé tout le Maroc, ne resteront pas impunies ». Et  que  les auteurs de ces explosions « devront assumer leur responsabilité juridique mais également politique. Pas seulement ceux qui ont perpétré ces attaques, mais également ceux qui sont derrière eux, ceux qui les abritent, ceux qui leur fournissent les missiles, les katiouchas et les mortiers ».

Le Conseil de sécurité proroge le mandat de la MINURSO jusqu’au 31 octobre 2024

Selon un communiqué des Nations Unies, le Conseil de sécurité a, le 30 octobre 2023, prorogé jusqu’au 31 octobre 2024 le mandat de la MINURSO et fait part de son plein appui aux efforts que font le Secrétaire général et son Envoyé personnel pour faciliter les négociations afin de parvenir à une solution à la question du Sahara occidental. En adoptant par 13 voix pour et 2 abstentions (Fédération de Russie et Mozambique)la résolution 2703 (2023), le Conseil de sécurité se félicite des efforts faits par l’actuel Envoyé personnel, M. Staffan de Mistura, qui a notamment convoqué des consultations du 27 au 31 mars 2023, et encourage vivement le Maroc, le Front POLISARIO, l’Algérie et la Mauritanie à s’engager auprès de l’Envoyé personnel pendant toute la durée du processus, dans un esprit de réalisme et de compromis, en vue de le faire aboutir.

De même source, les États-Unis ont observé qu’en votant ce texte, le Conseil a montré qu’il y avait urgence pour qu’émerge une solution politique durable concernant le Sahara occidental. Les Émirats arabes unis et le Gabon ont parlé d’une résolution « équilibrée », tenant compte, selon ce dernier, des attentes de toutes les parties, et devant être capitalisée par une reprise des tables rondes. L’initiative marocaine d’autonomie a été qualifiée de « sérieuse et réaliste » par le rédacteur américain.

De leurs côtés, la France et le Gabon ont eux aussi soutenu ladite initiative; quoique la France a fait état de « sa préoccupation s’agissant de la violation de l’accord de cessez-le-feu, en appelant les responsables à le mettre en pratique« . Les Émirats arabes unis ont qualifié l’initiative Marocaine de « seule solution si l’on veut parvenir à une sortie acceptable » et la Chine s’est dite « ravie des progrès accomplis par la Mission, réitérant sa position de soutien ferme à une solution politique juste, durable et mutuellement acceptable sur la base des résolutions du Conseil« .

Quant à la Fédération de Russie, elle a indiqué s’être abstenue d’une part, car aucune de ses notes n’a été prise en considération par le rédacteur, d’autre part, parce que la résolution ne « donnera pas satisfaction » (…)  La Russie a déclaré mener de son côté un travail de front avec toutes les parties, qu’elle a appelées à s’abstenir d’actions pouvant nuire à la reprise des négociations.

Mbarek El Azzaoui

By AEF