Dire que les Marocains, en particulier, et les pays du Maghreb, en général, prônent du racisme conte les pays d’Afrique noire, c’est tout simplement un « raccourci » honteux, et ce, quand je pense à tous les africains qui passent par le Maroc pour partir en Europe clandestinement, qui sont accueillis par le Royaume, et dont une grande partie ont eu des cartes de séjour marocaines pour pouvoir travailler et survivre, car pour passer en Europe il faut beaucoup d’argent.
Mais avant de passer à l’affaire du sélectionneur marocain Walid Regragui, faisons le point sur la thématique du racisme.
Dans son livre sorti en 1952 intitulé Peau noire, masques blancs, Frantz Fanon écrivait « Le Noir qui veut blanchir sa race est aussi malheureux que celui qui prêche la haine du Blanc ».
Le racisme crève les yeux car précisément il entre dans un ensemble caractérisé, celui de l’exploitation éhontée d’un groupe d’hommes par un autre parvenu à un stade de développement technique supérieur. Là je parle des réseaux sociaux qui prônent la haine contre le coach marocain qui a reçu beaucoup de menaces de mort. On comprend maintenant que l’oppression politique et économique, qui précède la plupart du temps, rend possible et légitime le racisme.
C’est l’histoire de l’antillais qui a grandi dans son île où on lui apprend qu’il descend des Gaulois et qui découvre soudain la couleur de sa peau quand il arrive au Havre en métropole où le premier passant venu lui dit : » Y a bon banania ».
C’était le cas d’Aimé Césaire quand il a quitté son île pour la France, où il a fondé à l’université le journal « L’étudiant noir » où il s’adressait aux étudiants :
« Je parle de millions d’hommes à qui on a inculqué savamment la peur, le complexe d’infériorité, le tremblement, l’agenouillement, le désespoir, l’albinisme »
Comment peut-on distinguer le Noir du Blanc ?
Toutes les nuances de peau existent de Tombouctou à Tunis. Et tel, qu’un Noir percevrait comme blanc, peut être perçu comme noir par un Blanc… Paradoxe ultime, un Noir d’Algérie se qualifie plus facilement d’arabe qu’un Blanc du même pays s’avouerait africain. Mais loin de s’exclure, arabité et négritude peuvent se conjuguer. La preuve ? Djibouti, les Comores et la Somalie sont membres de la Ligue arabe. Et le geste du poète guerrier Antar (525-615 apr. J.-C.), un des héros suprêmes de la civilisation arabe, est une magnification du métissage qui devrait être contée à tous les enfants du Maghreb. Fils d’un roi arabe et d’une esclave noire, Antar avait d’abord été rejeté, avant que sa bravoure ne fît de lui un roi adulé.
Aujourd’hui, l’absence de Noirs dans les hautes sphères politiques et économiques des pays du Maghreb – la Libye faisant exception – est pour les militants antiracistes la preuve d’une discrimination sinon dans la loi, du moins dans les faits. Certes, les Maghrébins noirs sont victimes d’un racisme rampant, mais celui-ci n’est pas comparable à la xénophobie politique et idéologique courante en Occident. Le phénomène des migrations a permis que soit ouvert le débat sur la situation des Noirs en général, mais les pouvoirs publics ne semblent pas décidés à prendre des mesures concrètes.
Mais revenons à l’affaire Regragui, trois jours après la fin de match houleuse entre le Maroc et la RD Congo lors de la deuxième journée du groupe F, la Confédération africaine de football a rendu le verdict de son enquête sur l’altercation qui a opposé Walid Regragui au défenseur Chancel Mbemba.
Après l’annonce d’une enquête pour éclaircir les circonstances de l’altercation entre le sélectionneur marocain Walid Regragui et le défenseur congolais Chancel Mbemba à la fin du match qui opposait les deux équipes dimanche 21 janvier, le verdict de la CAF est finalement tombé.
Et selon l’instance, c’est Walid Regragui qui serait le seul responsable dans cette affaire puisque la CAF l’a condamné à une suspension de quatre matches dont deux avec sursis. Le sélectionneur marocain ne devrait donc pas s’asseoir sur le banc ce mercredi soir contre la Zambie et il ne pourrait potentiellement pas le retrouver avant les quarts de finale de cette Coupe d’Afrique des nations, si ses joueurs atteignent ce stade.
Décision « incompréhensible »
La fédération marocaine a toutefois fait appel de cette décision qu’elle qualifie d’« incompréhensible » : « À l’issue de la décision contraignante de la Commission de Discipline de la Confédération Africaine de Football (CAF) de suspendre l’entraîneur de l’équipe Nationale Marocaine « A », M.Walid Regragui pour quatre matchs dont deux avec sursis après les actes qui se sont produits à l’issue du match Maroc-RDC (1-1), la Fédération Royale Marocaine de Football a décidé d’interjeter appel de cette décision incompréhensible en raison du fait que le coach Regragui n’a enfreint à aucun moment l’esprit du Fair-play », a fait savoir la fédération marocaine dans un communiqué officiel.
Au moment où nous rédigeons ces lignes, la décision fut révisée et… allégée .
Dommage d’assister à tant de dérapages au cours de ce grand rassemblement sportif ! Car cette CAN était censé unir l’Afrique noire, l’Afrique subsaharienne et le Maghreb. Car toutes ces nations ont un jour ou l’autre subi le racisme de l’Occident et devraient donner une image digne de l’Afrique.
Une pensée à tous les joueurs qui jouent en Europe à qui des supporters racistes jettent des bananes en imitant les cris des singes juste parce qu’ils ont une peau noire. Ils sont d’origine africaine, sud américaine, brésilienne.
Par Mustapha Bouhaddar pour Maghreb Canada Express