Correspondance du Maroc par Abderrazaq MIHAMOU
La dernière levée des rencontres internationales sur le continent a tenu toutes ses promesses. Si l’Algérie a assuré l’essentiel avec un « service minimum », le choc entre les deux ogres, le Cameroun et la Côte d’Ivoire, s’est soldé par un partage des points tactique. Mais la véritable sensation est venue du Soudan et de l’étonnant Mozambique, qui prouvent que la hiérarchie africaine n’a jamais été aussi fragile.
L’Algérie et le culte de l’efficacité
On attendait un festival, on a eu du pragmatisme. Face à une opposition compacte et solidaire, les Fennecs de l’Algérie se sont imposés par la plus petite des marges (1-0). Si les puristes regretteront peut-être un manque de fluidité dans le dernier tiers, cette « petite victoire » porte la marque des équipes qui savent voyager et gérer leurs temps faibles.
Dans une rencontre hachée, les hommes de Vladimir Petkovi? ont su faire le dos rond avant de piquer au moment opportun. Ce succès, bien que laborieux, permet aux Algériens de consolider leur dynamique de points, l’essentiel étant ailleurs que dans le spectacle : la qualification ne souffre d’aucune esthétique superflue.
Cameroun-Côte d’Ivoire : Un dos à dos de prestige
C’était l’affiche que toute l’Afrique attendait. Le « Choc des Titans » entre les Lions Indomptables et les Éléphants a tenu ses promesses en termes d’intensité, à défaut de désigner un vainqueur (1-1). Dans une ambiance électrique, les deux géants se sont rendus coup pour coup.
La Côte d’Ivoire, forte de son titre de championne d’Afrique, a affiché une maîtrise technique supérieure en début de rencontre, mais s’est heurtée à la résilience physique et au caractère légendaire du Cameroun. Ce nul reflète fidèlement l’équilibre des forces actuelles : personne n’a voulu rompre, et ce point partagé laisse les deux nations au coude-à-coude dans la course au leadership continental. Un statu quo qui ressemble à un pacte de non-agression entre deux prétendants au sacre mondial.
Le réveil du Soudan et la sensation mozambicaine
Si les ténors ont fait le métier, la lumière est aussi venue de nations que l’on attendait moins. Le Soudan a signé une victoire probante, confirmant son renouveau sous la houlette d’un staff technique ambitieux. Les « Faucons de Jédiane » ont fait preuve d’une discipline tactique exemplaire pour s’offrir un succès qui les replace sur la carte du football africain.
Mais la palme de l’audace revient sans conteste au Mozambique. Considérés comme les outsiders du groupe, les Mambas ont créé la surprise générale en bousculant les pronostics. Par un jeu de transition rapide et une solidarité défensive de tous les instants, ils ont prouvé que l’écart entre les « petits » et les « grands » se réduit de jour en jour.
Une hiérarchie footballistique en mutation
Ce qu’il faut retenir de ces confrontations, c’est que l’Afrique du football ne se résume plus à son aristocratie historique. Si l’Algérie sait gagner dans la douleur et que le duo Cameroun-Côte d’Ivoire reste la vitrine du continent, l’émergence du Soudan et du Mozambique sonne comme un avertissement : sur le sol africain, plus aucun terrain n’est conquis d’avance. Le chemin vers les prochaines échéances internationales s’annonce sinueux, électrique, et surtout, intensément disputé.
Au-delà du rectangle vert : La CAN, une fête totale dans les Fan Zones
Si le spectacle se joue sur la pelouse, le cœur de la compétition bat avec une intensité tout aussi débordante dans les rues et les Fan Zones. Cette journée de football n’a pas seulement été une affaire de tactique et de crampons ; elle a été une célébration de la culture et de l’unité africaine.
L’effervescence des Fan Zones : Le « 12e homme » en transe
D’Alger à Abidjan, en passant par Douala et Maputo, les Fan Zones ont été le théâtre de scènes de communion inoubliables. Au coup de sifflet final du choc Cameroun-Côte d’Ivoire, l’ambiance était électrique : supporters ivoiriens et camerounais, drapés dans leurs couleurs nationales, ont transformé le partage des points en une fête fraternelle. On y a vu des « battles » de danse improvisées entre les vuvuzelas tonitruantes et les tambours traditionnels, prouvant que la rivalité s’arrête dès que le ballon cesse de rouler.
À Maputo, la surprise créée par le Mozambique a déclenché des scènes de liesse populaire jusque tard dans la nuit. Les écrans géants, installés sur les places publiques, sont devenus des foyers d’émotion pure, où les larmes de joie des supporters se mêlaient aux chants de victoire, célébrant ce statut de « nouveau poil à gratter » du continent.
Activités parallèles : La CAN des saveurs et des talents
En marge des matchs, les villes hôtes vibrent au rythme d’activités culturelles foisonnantes. Les marchés artisanaux et les festivals gastronomiques installés à proximité des stades permettent aux visiteurs de découvrir la richesse du terroir local. Entre deux matchs, les fans se pressent pour déguster des spécialités culinaires, faisant de chaque rencontre un voyage sensoriel.
Plus qu’un tournoi, la CAN s’affirme comme une plateforme d’échange pour la jeunesse africaine.
Un héritage social
Ces zones de rassemblement réalisées avec style ne sont pas que des lieux de consommation ; elles sont le symbole d’une Afrique qui gagne en visibilité et en organisation. La sécurité renforcée, l’accès fluide aux transports et la digitalisation des services dans les Fan Zones montrent que le Maroc est prêt pour les plus grands défis événementiels.
En conclusion, si l’Algérie a assuré le score et que le Mozambique a bousculé la hiérarchie, c’est bien la ferveur populaire qui reste la grande gagnante de cette journée. La CAN confirme son statut de monument social, capable de suspendre le temps et d’unir les peuples autour d’une passion commune : le « beau jeu« .