A première vue, Le traité des valeurs proposé Par Madame Marois va, sans aucun doute, à l’encontre de la Charte canadienne des droits et libertés. ‘’Je ne rentre pas dans les petits détails’’.
Secundo, Il faut rappeler à tous ceux et celles qui ont la mémoire courte que l’ensemble des Canadiens, y compris les Autochtones, ont en commun un passé d’immigrés. Et c’est donc vrai que les citoyens de ce grand pays n’ont pas les mêmes origines raciales ou culturelles et ne partagent pas un même patrimoine au sens large du terme.
Tertio, Tous les gens du monde sont des cosmopolites; les immigrants du Canada le sont aussi.
Quarto,Comprenons une fois pour toute que la véritable liberté est avant tout celle qui accepte le droit à la différence (race, religion, culture, sexe, couleur, état physique…), et qui reconnaît l’identité de l’autre. Un peu dans cette idée, Père fondateur de la république américaine, Benjamin Franklin, disait ceci : Si, visant une sécurité illusoirement accrue, un peuple cède de sa liberté, il perdra les deux. Il perdra la liberté car l’état deviendra autocratique, et il perdra la sécurité car l’état devenu autoritaire sera source d’insécurité par abus de pouvoir.
Considérant le caractère objectif et concret de l’ensemble des quatre points nommés ci-dessus, nous déduisons alors que par le biais de cette charte des valeurs, Madame Marois désire tout simplement brimer les droits fondamentaux des immigrants et d’une bonne partie des québécois.
Elle veut nous homogénéiser en nous imposant son idéologie et sa conception simpliste de la laïcité, pour ensuite créer la suspicion entre les citoyens de cette belle province; qui de l’immigrant voit le québécois d’un mauvais œil qui du québécois se méfie de l’autre etc.
Et donc, selon moi, toutes les personnes qui acceptent, alors, d’avancer dans la voix de cette proposition insensée, se trompent. Elles peuvent toujours rêver ; le rêve a au moins quelque chose de mystérieux et c’est la raison pour laquelle toutes les civilisations ont cherché à le décoder et ont laissé dans leurs écrits des récits de rêves.
Je comprends parfaitement que pratiquement, tout l’occident cherche à diminuer le processus de l’influence des religions dans la sphère publique ; et chaque pays le fait à sa manière selon ses propres spécificités. Au Québec, le gouvernement Marois (minoritaire) exiger de tous les immigrants et même des québécois ‘’de souche’’ de se couper, tout de suite, de toutes leurs références à leur culture, au sacré ou à la transcendance. Non ce n’est pas si simple que çà ; ce n’est pas un cordon ombilical qu’on est amené à couper ! Des théologiens, des philosophes, des sociologues, des intellectuels de toutes les tendances, ont, depuis les écoles épiscopales et bien avant, débattu de cette question de sécularisation ou de laïcisation.
C’est un phénomène très long et complexe en même temps. La laïcité ne doit pas être une valeur de combat contre le religieux, comme présenté dans ce projet Marois. Elle doit trouver un équilibre entre les exigences d’égalité et de liberté. Sauf compromis, aucune ne peut prendre le pas sur l’autre ; Il serait naïf de croire que tout est simple.
J’accepte que d’autres personnes ne pensent pas ou ne réfléchissent pas comme moi. Le néocortex, cette partie sensible du cerveau humain, diffère d’un individu à l’autre. Nous ne voyons pas les choses comme nous ne les interpréterions pas de la même façon. Ce sont les idées qui mènent le monde; et plus on en a et mieux ça vaut et ça va.
Nous rejetons toute initiative déviatrice ou dévastatrice de notre vivre ensemble où chaque individu ira s’enfermer dans ses déceptions et ses frustrations. La diversité est une grande richesse qu’il faut préserver et entretenir chaque jour plus. Il est souhaitable de l’utiliser pour apprendre encore plus de l’autre, de soi même et donc de la société toute entière. Nous avons intérêt à nous rapprocher les uns des autres, à nous regarder dans les yeux sans aucune arrière pensée, pour construire notre avenir en recourant chacun de nous à ce qu’il a dans sa tête et non sur la tête. Il y a lieu donc de s’intéresser et de privilégier plutôt les valeurs intrinsèques des individus. Le reste, comme les valeurs extrinsèques, n’est que secondaire ou même sans importance.
Ma mère m’a appris de ne jamais tenter une expérience et d’en penser après. Par contre, l’inverse est vrai, me disait-elle. Nous refusons donc que nos gouvernants nous utilisent comme des cobayes, ou de tester à notre insu toute sorte de projets à l’état embryonnaire, pour enfin les retrouver très vite dans les poubelles de l’histoire.
Chaque individu est libre d’être, ou de ne pas être en accord avec les convictions religieuses ou politiques, (qu’elles soient vraies, utiles ou utopiques), d’un autre individu. Toutefois la reconnaissance du droit à la différence est une nécessité absolue pour un meilleur vivre ensemble.
Bien sûr que nous pouvons nous asseoir à la même table, parler des choses de la vie et consommer ou manger différemment. Nous n’avons pas besoin pour cela, de nous ressembler ou de nous imposer nos façons de voir. Nous devons juste raisonner en êtres humains civilisés, faire appel à notre bon sens pour communiquer, s’accepter et se respecter ; un point c’est tout.
Madame Marois tente de transformer les problèmes économiques et sociaux, pour lesquels elle n’a aucune solution, en questions religieuses. Sont projet n’est ni plus ni moins qu’une campagne qui porte sur la fibre sensible de la peur, alors qu’il faille agir comme politicienne sur la vision à long terme de la coexistence, de la réalité, de ce qui est un Québec pluraliste.
Que son gouvernement arrête de tergiverser, de caqueter pour juste déterminer son poids politique, parce qu’une élection pointe son nez à l’horizon. Qu’il cessez de s’abaisser pour nous parler de petites choses ‘’ de bagues, de croix, de kipa, de casquettes, de voiles… ou encore de sombréro’’. Tout ça n’est que ‘’politiquette’’.
Il est utopique de vouloir nous faire croire que si ces quelques femmes musulmanes de la rue Jean-Talon se dévoilent, ou que si ces quelques juifs de la rue Van-horne se débarrassent de leurs papillotes … le Québec deviendra alors le meilleur pays du monde (hélas il n’existe pas encore. Il faudra l’inventer !).
C’est à cause des conneries comme celles-ci, que la France est aujourd’hui dans la merde jusqu’au cou.
Rappelez-vous que l’une des avancées du féminisme aura été de rattraper l’homme dans son avancée dans l’espace. Oui nous la voulons, cette femme, l’égale de l’homme, même supérieure pourquoi pas. Nous trouvons par contre rétrograde que de voir nos dirigeants demandez à la gente féminine de retourner à la maison ; alors que le taux de chômage est déjà très élevé dans cette catégorie.
Prouvez-nous, Madame Marois et votre gouvernement, que vous êtes là pour nous (Québécois et Québécoises), pour servir le grand Québec et non pour juste l’intérêt de votre Parti, pour un honneur quelconque, encore moins pour un slogan. Nous vous voulons gouvernement capable de grande politique, gouvernement qui traitera de grands sujets d’aujourd’hui, gouvernement créatif et inventif d’un Québec viable à long terme.
Vous dites que le Québec doit veiller à l’égalité devant la loi, de tous les citoyens sans distinction de sexe, d’origine, de race ou de religion. Paradoxalement vous projetez soustraire une partie de sa substance à l’un ou à l’autre de ces quatre piliers sur lesquels nous nous appuyons tous ensemble. N’y a-t-il pas là comme une contradiction entre ce que vous voulez que l’on soit et de ce que vous pensez faire ?
Comprenez très bien que la religion et la race autant pour l’origine et le sexe sont des constantes indivisibles.
Je pense que c’est aller trop loin que de décider de la manière dont les gens doivent s’habiller, ni dans la rue, ni au marché, ni dans un bureau administratif étatique ou privé. L’importance c’est juste de s’habiller proprement et décemment.
J’ai beaucoup lu sur Adélard Godbout, ses visions politiques et notamment économiques étaient géniales. Rappelons-nous le puissant monopole que constitue la Montréal Light, Heat and Power, qu’il a lui-même nationalisé en 1944, pour donner naissance à l’actuelle Hydro-Québec ; l’un des moteurs de la révolution tranquille qui a contribué largement au développement de l’économie du Québec. N’est-ce-pas lui aussi qui accorda le droit de vote aux femmes?
Et si vous, Madame Marois, lanciez un nouveau cri de ralliement du même genre? C’est ce que nous attendons de vous, je vous jure.
Pour ma part, je suis fier d’être citoyen canadien et de vivre librement dans cette belle province qu’est Le Québec.
Ahcène MOUSSI, Président de l’association Migrants Canada.