Par Majid Blal, Écrivain et Poète

MajidLa citoyenneté ne se définit pas par un rapport de causalité avec une religion ou une origine mais par l’appartenance à un espace commun où on se met volontairement dans l’exercice citoyen au service de la réalisation des objectifs sociétaux communs et du souci du devenir collectif dans le cadre du vivre ensemble.

La citoyenneté d’appartenance est la condition et le préalable à la citoyenneté participative. Quand on ne veut pas se sentir partie prenante comme élément d’une société, on aura beau avoir les papiers, la naturalisation, le passeport…on demeure à la marge de la citoyenneté car la dimension affective est la condition sine qua non pour se prévaloir du statut effectif d’une citoyenneté à part entière et par conséquent partager les valeurs communes inhérentes au processus d’amélioration de la démocratie égalitaire

Et quand on est citoyen, il est primordial d’avoir à cœur le bien collectif et d’être sensible à la solidarité sociale qui fait de chacun le protecteur, le dépositaire de l’intérêt général et le défenseur des droits de chacun.

Quand il y atteinte à nos valeurs, quand il y a violence préméditée sur nos concitoyens, quand la terreur s’est immiscée au cœur de notre première institution, quand nos enfants risquent d’être embrigadés par des idéologies malveillantes, nous devons réagir ensemble comme citoyens et non comme entités appartenant à telle confession, à tel groupe, à telle mouvance politique…

Il est important de s’inscrire dans la dynamique et l’élan solidaires et ainsi condamner la terreur, dénoncer les médiums et les réseaux par où s’infiltre le discours de la terreur, pointer de l’index les meneurs qui banalisent la terreur ou qui lui trouvent des excuses pour la disculper.

Condamner n’est pas s’excuser. Condamner n’est pas s’excuser pour des actes dont nous ne sommes ni des protagonistes ni des commanditaires. Il est important d’outrepasser la crainte d’être perçus comme coupables par association en cas de notre indignation publique. Condamner est une volonté franche de refuser des courants violents et de les pointer de l’index car le silence fait le nid des extrémismes qui poussent aux crimes gratuits. On ne se dissocie pas car ce verbe suppose qu’on y a été associé à priori mais on condamne. La voix des groupes de culture ou de confession musulmane a été prise en otage par des fondamentalistes parce qu’ils ont interprété le mutisme de certains comme un passe droit et une caution au passage à l’acte.

Condamner devrait être un geste volontaire, assumé, convaincu et non confondu et associé à une obligation ou un acte imposé. La prise de parole est aussi un vecteur primordial de l’exercice de la citoyenneté et le symbole de l’accession à son statut.

Beaucoup de nos concitoyens avaient refusé la Charte du parti québécois, uniquement parce qu’elle est injuste, discriminatoire et n’avait rien avec la Laïcité d’une nation qui devrait en donner l’exemple. Ils n’étaient pas tous musulmans mais avaient une conception égalitaire, équitable et bien inclusive du concept de la citoyenneté et de la justice sociale.

Ce n’est pas parce qu’on s’indigne qu’on donne des arguments aux racistes ou aux islamophobes, ce n’est pas parce qu’on condamne qu’on participe à dénigrer l’Islam, ce n’est pas parce qu’on refuse la barbarie qu’on est automatiquement hors de l’esprit de corps ou de sa croyance. Qu’on soit musulman de culture ou de conviction, de pratique ou juste porteur d’un marqueur identitaire, on est censé être capable d’être clair et d’afficher la primauté de la citoyenneté dans laquelle s’exercent toutes les libertés dont celle du culte.

Les médias conventionnels québécois, seraient bien plus citoyens et constructifs, s’ils se donnaient la peine de donner la parole aux membres de la société civile, aux artistes, aux intellectuels, aux professionnels au lieu de toujours aller chercher l’événement chez la multitude de religieux qui ne sont ni homogènes, ni uniformes dans leurs discours et surtout qui ne sont élus par personne à part leurs ouailles.

Maijid Blal, Volume XII, N°11, page 05, Novembre 2014,Maghreb Canada Express.

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