C’est le titre d’un documentaire qui fut diffusé sur la chaîne de télévision « ARTE », le 11 novembre dernier. Le journaliste du «Canard enchaîné », Sorj Chalandon, a écrit un article très intéressant sur ce documentaire le 5 novembre, sous sa rubrique « La boîte aux images ».<
Trois journalistes : une Française, une Canadienne et une Hollandaise, toutes les trois spécialistes de l’Afghanistan ont mené une enquête dans ce pays sur le célèbre Mollah Omar.
Ces trois femmes qui se prénomment Claire Billet, Bette Dam, et Leslie Knott ne réussiront pas à lui mettre la main dessus, car Omar est insaisissable, comme l’était Ben Laden il y a quelques années.
Le documentaire commence dans une cour de ferme quelque part dans le désert afghan. Dans un coin on peut voir quelques moutons, et un enfant qui puise de l’eau dans une citerne.
Les journalistes s’entretiennent avec un vieillard qui avait combattu les Russes en son temps.
Il avait l’air fatigué, cette fatigue bien visible, lui vient peut-être des blessures qu’il a récoltées quand il combattait les Rouges.
Face caméra, le vieux parle du Mollah Omar qu’il a connu quand il était jeune. Il raconte aux journalistes que son ancien compagnon de jeu, était le chef des talibans afghans, et commandeur des croyants d’un Emirat islamique de 1996 à 2001, avant que les Américains envahissent son pays et le traquent sans pitié. Le vieux montre aux journalistes une maison où il a vécu avec le Mollah Omar quand ils avaient 20 ans. A cette époque, entre deux embuscades contre les Soviétiques, ils jouaient à tirer sur des billes avec leurs fusils.
Les trois journalistes veulent savoir où est passé Omar. Etait-il encore vivant ou mort ?
En effet, en Europe, par exemple, dans les « Guignols de l’information » sur Canal+, le Mollah Omar est présenté comme un borgne qui se ballade au Pakistan sur une mobylette.
Les trois femmes journalistes portent la burqa, et parcourent des chemins périlleux. Elles ont exploré la vie d’Omar, son enfance, se sont intéressées à sa vie, ses batailles contre les Russes, et les Américains. Elles ont réussi à trouver ses frères de combat et de prière au fin fond de l’Afghanistan. On les voit dans le documentaire, visiter la maison natale d’Omar. Elles entrent dans la mosquée construite avec de la terre battue et dressent d’Omar un portrait inédit. Les trois journalistes nous racontent dans le reportage avec une voix off, sa colère lorsque Ben Laden, réfugié en Afghanistan, a lancé le djihad depuis ce pays. Les visées de Ben Laden étaient mondiales, l’agenda d’Omar purement national. « Il a trahi mon hospitalité », a pesté un taliban. Il savait que cet appel au meurtre attirerait les Américains et précipiterait sa chute.
Question cruciale : A quoi ressemble le Mollah Omar ?
Les Soviétiques le montrent comme un homme borgne. A l’un de ses compagnons, les journalistes présentent ses photos mondialement connues. Il secoue la tête. « Ce n’est pas lui, non. » L’un des clichés le montre en couleurs, de profil, barbe et turban sur un fond de pierraille. On s’aperçoit dans le documentaire, que la photo qui circule dans le monde entier comme celle du mollah Omar, est le portait d’un afghan parmi d’autres. Ce dernier a été photographié par un journaliste qui l’a fait passer pour le Mollah Omar.
Devient Omar qui veut. Parmi les anciens Moudjahidin, nul ne peut nous prouver à qui ou à quoi ressemble le vrai Omar, sauf Omar lui-même. Nul ne peut nous prouver non plus, que l’individu que les Américains ont tué est le vrai Ben Laden. Car ces derniers ont fait croire au monde entier bien des mensonges. Je peux citer entre autres, les armes nucléaires que possédait soi-disant Saddam Hussein pendant la guerre du Golfe. Heureusement qu’il y a des journalistes d’investigation à l’image de ces trois femmes qui ont risqué leurs vies pour chercher la vérité sur le Mollah Omar au fin fond de l’Afghanistan.
Quand je pense que ce dernier n’était même pas borgne !
Mustapha Bouhaddar, Volume XII, N°12, page 18, Décembre 2014, Maghreb Canada Express.
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