Par Majid Blal, majidblal@hotmail.com

majidIl n’y a pas de système parfait et la démocratie reste le meilleur de ces systèmes imparfaits. Quand on s’attarde un peu sur les modèles d’organisation des sociétés, on constate de suite que les modes connus d’organiser les rapports sociaux et l’activité économique sont soit dépassés, révolus, caduques tels le féodalisme, le tribalisme, les théocraties médiévales, soit ils ont failli et se sont sabordés, tels les dictatures postindépendances et le communisme et ses différentes formes selon les pays qui l’ont adopté.
La démocratie a bien ses défauts mais elle demeure le système organisationnel qui est le plus adaptable selon les spécificités des pays et dont la pratique permet une grande flexibilité quant à son exercice.
Ces derniers temps et pour des raisons totalement diverses, la démocratie subit des contrecoups des crises économiques, sociales, identitaires, religieuses, sécuritaires… dans un cadre où les idéologies ne donnent plus d’espoir ni de vision et encore moins de prismes par lesquels les idéaux mettraient l’humain au centre des préoccupations.
* Les courants fascisants qui ne jurent qu’en terme d’un chef fort pour remplacer les institutions afin d’écraser les débats, les intellectuels et les libertés individuels, la réflexion, le progressisme
* Les islamistes qui rejettent et attaquent la démocratie-on comprend bien l’alternative qu’ils privilégient et qu’ils voudraient instaurer par l’application d’un système qui lapide, décapite, tue et dénie les droits-
* Les intégristes identitaires qui fragilisent les fondements de la démocratie en revenant sur le principe de l’égalité et cela en hiérarchisant la notion de citoyenneté qui cimente l’appartenance des individus au groupe. Ils ne voudraient que mettre des «races» en ordre d’importance et de droits.
* Les opportunistes politiciens qui sont capables de mettre le feu à la cohésion sociale si cela peut amener des votes.
* Les fondamentalistes sécuritaires qui plombent la démocratie en la vidant des libertés et des droits qui la caractérisent.
* Et finalement les cupides financiers qui dénaturent, qui séquestrent la nature généreuse de la démocratie en lui maintenant la tête dans l’eau de la dette, des intérêts de la dette et des prêts à rembourser pour mieux l’asservir.
Dans tous les cas de figures, ce sont les valeurs de la démocratie qui sont mises à rude épreuve et qui sont attaquées de tout bord.
On s’attarde beaucoup sur la dimension mécanique et procédurale de la démocratie en la réduisant à des moments ponctuels où interviennent les élections, les partis politiques, les urnes, les électeurs, le vote, les chiffres, les pourcentages, les majorités, les minorités, au point qu’on a oublié ou négligé de savoir que la démocratie est avant tout un ensemble de valeurs érigées en garde- fous contre les abus, les dictatures protégeant ainsi le vivre ensemble, les droits, la cohésion sociale : les tribunaux, la liberté du quatrième pouvoir, la séparation des pouvoirs entre le juridique, l’exécutif et le législatif. Instruments au bénéfice du citoyen: Solidarité, différents recours quand on se sent floué, libertés, justice sociale, tolérance, compromis, le respect de l’autre, la protection des plus démunis ainsi que des minorités…
Puis on voit débarquer des gens qui crient partout qu’ils sont contre la démocratie parce qu’ils sont d’une autre religion ou d’un autre mouvement populiste pendant qu’eux-mêmes profitent des bienfaits de la démocratie. Ils s’expriment librement, utilisent le système judiciaire pour porter plainte, profitent du système de santé gratuit et universel payé par les citoyens contribuables, envoient leurs enfants dans les écoles publiques gratuites… et surtout vivent dans un espace où leur dignité est respectée au lieu d’aller s’exiler chez les coupeurs de mains.
Quand on vit dans une société plurielle où la diversité est une composante primordiale, on ne se définit pas par son appartenance religieuse, ni par son arbre généalogique, ni par la provenance des ses aïeux mais par le concept de citoyen. Et quand on est dans la notion de citoyenneté affective et d’appartenance, on se devrait d’avoir une petite gêne afin de ne pas imposer ses croyances aux autres.
Hélas, puisque l’époque favorise les approximations, les facilités du biais de confirmation, on peut bien craindre que ces phénomènes aillent en s’aggravant. Ils se multiplient par contamination et par mimétisme.
L’ignorance associée à la mauvaise foi sont un énorme signe ostentatoire à bannir car leur alliance impose une vision étriquée de la citoyenneté, s’acharne sur les plus vulnérables et insulte l’intelligence qui met l’humain au centre de ses préoccupations.

Source : Maghreb Canada Express, N°142, Vol.Xii, Avril 2015, Page 3.

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