Après avoir été heurtée par une camionnette qui doublait un tracteur alors qu’elle roulait à vélo à sens inverse sur une route de campagne, la journaliste Isabelle Richer de la SRC, a récemment été plongée dans un inquiétant coma. Une dizaine de jours plus tard, elle recommençait à parler, à s’alimenter et à remercier les 27 000 personnes qui lui ont souhaité un prompt rétablissement sur une page Facebook.
Cet événement ne fait que mettre un visage sur une triste réalité qui est malheureusement trop répandue, le partage de la route et les précautions à prendre vis-à-vis des cyclistes ne sont toujours pas un automatisme sur les routes du Québec où les accidents arrivent le plus souvent dans des conditions et au moment où l’on s’y attend le moins.
Nombre de blessés graves en augmentation
La gravité des accidents qui impliquent un vélo et un véhicule motorisé a fortement augmenté entre 2008 et 2013. 114 cyclistes ont été gravement blessés sur nos routes en 2013, une augmentation de 6,5 % par rapport à 2008. Quant au nombre de décès, il grimpait de 17,3 % au cours de la même période. En 2014, 87 cyclistes ont été blessés et 11 sont décédés dont une jeune femme qui a péri sous les roues d’un camion en plein cœur de Montréal.
Cette tragédie a largement contribué à réactiver le débat sur le partage de la route entre automobiles et vélos. Le ministère des Transports a mandaté un groupe d’experts provenant d’une vingtaine de groupes associés au cyclisme et à l’usage de la route, pour lui faire des recommandations en vue de la refonte du code de la route prévue pour l’automne.
Distance sécuritaire
En plus de proposer une augmentation des amendes imposées aux cyclistes qui ne respectent pas le Code de la route, le groupe recommande d’insérer un principe de prudence dans le Code de la route. Ce principe s’appliquerait autant aux automobilistes qu’aux cyclistes et servirait de guide pour juger des actions des usagers de la route. Un cycliste qui ne respecterait pas un feu de circulation ou un automobiliste qui ouvrirait une portière sans regarder par exemple pourraient tous deux être accusés de manque de prudence et sanctionnés en conséquence.
Autre élément sur lequel experts et observateurs semblent s’entendre, c’est l’établissement d’une distance de dépassement sécuritaire entre vélo et automobile. Reste encore à définir ce qu’est une distance de dépassement sécuritaire lorsqu’une voiture double un vélo. Certains parlent d’un mètre en ville et d’un mètre et demi sur les routes de campagne où l’on circule à plus grande vitesse. On ignore pour l’instant si une distance minimale sera précisée dans le Code de la route, le ministère devrait trancher à l’automne.
Vigilance et sécurité à vélo
Pour l’heure, la circulation à vélo est déjà régie par une série de règles qui ressemblent en plusieurs points à celles qui s’appliquent aux autres usagers de la route, automobilistes, camionneurs, motocyclistes, etc. Mais au-delà des règles, il y a le gros bon sens et les habitudes de conduite sécuritaires qui contribuent grandement à la sûreté sur nos routes. Le Service de police de la ville de Montréal (SPVM) recommande notamment aux cyclistes de :
- Tenter d’établir un contact visuel avec les automobilistes surtout lorsque ceux-ci effectuent un virage ou s’engagent sur la route;
- Signaler leurs intentions aux autres usagers de la route, surtout aux automobilistes;
- Prendre garde aux portières des véhicules stationnés;
- Se déplacer en ligne droite et éviter de s’intercaler entre des véhicules stationnés;
- Porter des vêtements réfléchissants et avoir sur son vélo réflecteurs, feux et phares qui sont obligatoires le soir et la nuit. Les réflecteurs ne sont pas suffisants pour assurer une bonne visibilité. Il faut aussi utiliser un éclairage actif soit un phare blanc à l’avant et un phare rouge à l’arrière du vélo;
- Porter un casque proprement ajusté;
- S’assurer que sa bicyclette est en bon état de fonctionnement, particulièrement le système de freinage.
Pour en apprendre davantage, le SPVM propose la vidéo suivante sur la vigilance à vélo.
Accident et assurance
Malgré les précautions, les accidents de vélo arrivent et mieux vaut savoir quoi faire dans ce cas.
Au Québec, on fait la distinction entre un accident automobile au sens où l’entend le régime public d’assurance de la SAAQ qui assure les dommages corporels, et un accident qui ne correspond pas à cette définition. En gros, un accident automobile implique un véhicule automobile en mouvement ou tout au moins ayant un conducteur à son bord. Dans un tel cas, la SAAQ s’occupe des dommages corporels sans égard à la faute alors que l’assurance habitation et les assurances complémentaires du cycliste couvrent les dommages matériels et la responsabilité civile.
S’il s’agit d’une collision avec un véhicule sans conducteur, avec un obstacle, avec un autre cycliste ou un piéton, il ne s’agit plus d’un accident automobile et il faut alors contacter son assureur privé pour couvrir les dommages. Dans ce cas, la notion de faute peut entrer en ligne de compte et des poursuites judiciaires pourraient éventuellement être intentées contre la personne en faute. Vélo Québec détaille ici certains concepts qui s’appliquent en fonction de différents types d’accident.
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Auteur: Marc Levasseur de chez Kanetix.ca.
STATISTIQUES INTÉRESSANTES
- Au Québec en 2014, 87 cyclistes ont été blessés et 11 ont été tués (SAAQ).
- Près des trois quarts de tous les Canadiens interrogés (85 % des Montréalais) ont convenu que les cyclistes sont imprévisibles et difficiles à voir (1).
- Près de 100 % des cyclistes ont rapporté que les voitures les rendent nerveux. La majorité des cyclistes mentionne également que les conducteurs ne font pas attention à eux sur la route (1).
- 69 % des Canadiens sont d’accord que les cyclistes ne respectent pas les règles de la route (1).
(1) L’enquête, commandée par KANETIX.ca et réalisée par Léger, portait sur le partage de la route entre les cyclistes et les automobilistes. Au total, 1 174 Canadiens qui utilisent principalement la voiture ou le vélo comme mode de transport ont été interrogés. Pour tous les détails, cliquez ici.