Tout a commencé avec l’immolation par le feu du marchand de légumes tunisien, Mohamed Bouazizi en 2011. Après, tout le monde connaît la suite, le Printemps Arabe, est né avec la révolution tunisienne.

Cinq ans après, on constate malheureusement que le Printemps Arabe, est une montagne qui a accouché d’une souris. En effet, en Tunisie, là où la contestation a commencé, le pays a tiré un trait sur la dictature de Ben Ali. Mais personne ne s’attendait à ce que ce soit un vieil homme de plus de 80 ans, qui prendra en main la destinée de ce pays plombé par le chômage et la menace terroriste. L’Egypte n’est pas en reste, car les portraits de Hosni Moubarak ont été remplacés par un autre militaire, le général Al Sissi qui a réprimé les islamistes et a repris le pays en main. En Libye, un gouvernement d’union nationale, vient d’être formé aujourd’hui, une timide avancée, alors que depuis la disparition de Kadhafi, les milices tribales armées, font la loi, et DAECH s’y implante.
Donc, trois guerres civiles, une poussée islamiste, et une menace djihadiste grandissante, c’est l’amer bilan du Printemps Arabe.

Une désillusion

Certains politologues disent dans les médias que le Printemps Arabe est jeune, car les révolutions françaises (1789-1848) ont mis des années à s’affirmer. Cinq après la Révolution de 1789, la dictature de Robespierre, la grande terreur, la récupération, l’appropriation de la Révolution, non seulement par Robespierre, mais aussi par le directoire. Et pour finir, la confiscation de la Révolution par Bonaparte. Les Révolutions dévorent toujours leurs propres enfants. Mais, on n’est plus en 1789, les jeunes n’ont pas le temps d’attendre. A l’heure d’Internet et Facebook, les bêtes noires de la censure, ces jeunes qui ont déclenché la révolution ont déchanté. La désespérance sociale et politique, fonctionnent toujours.

Un échec

Bien entendu, c’est trop tôt, cinq ans c’est rien du tout. Mais, personne n’a prévu, quand les révolutions ont commencé que les dictateurs qui étaient là pendant des décennies allaient tomber, et que le système allait demeurer. On a pensé que tout allait basculer.
Les dictateurs sont tombés, ils ont fui, ils sont partis, mais les institutions, et les infrastructures qui nourrissaient, et alimentaient ces régimes, sont toujours là. Le grand mérite du Printemps Arabe c’est nous montrer qu’on était en face d’un film de science-fiction. On est en face de régimes artificiels.

Aujourd’hui

La situation des pays impliqués dans le Printemps Arabe semble plus compliquée qu’il y a cinq ans, dans de nombreux pays, à l’instar de la Syrie où le climat est électrique, à cause de DAECH entre autre. L’Irak quant à lui, est au bord du gouffre, même s’il n’a pas connu le Printemps Arabe. L’avancée des djihadistes de l’Etat islamique au-delà même du monde arabe, et la montée des tensions entre l’Iran perse chiite et le royaume sunnite saoudien, n’offrent rien à présager de positif.
Peut-on espérer que le Printemps Arabe n’a pas encore dit son dernier mot, et comme toutes les grandes révolutions, à l’image de la Révolution française, il faut lui laisser encore quelques années, même si dans certains pays comme le Yémen, le Libye, et la Syrie, la situation est au bord du chaos.

Mustapha Bouhaddar, Maghreb Canada Express, Vol. XIV, N° 02, page 18, FÉVRIER 2016  

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