Rabat, 20/05/2016 (MAP)- La 22-ème Conférence des Parties de la convention Cadre sur les changements climatiques (COP22) , prévue en novembre à Marrakech, constitue une occasion d’améliorer les expertises et les capacités de lutte contre les migrations climatiques et anticiper les effets qui en découlent, a indiqué, vendredi à Rabat, le ministre des Affaires étrangères et de la coopération et président du Comité chargé de la préparation et de l’organisation de la COP22, M. Salaheddine Mezouar.

Afin d’atténuer les impacts associés au phénomène de la migration climatique, il est nécessaire de lancer des projets et des initiatives à même de contenir les conséquences, de promouvoir le soutien aux investissements, de développer les expertises actives en la matière, et de mener des recherches et études pour présenter aux différents acteurs internationaux ce phénomène et les conséquences qui en découlent, a ajouté M. Mezouar dans une allocution prononcée lors d’un colloque international sous le thème « migrations climatiques: tendances et enjeux ».

Les études réalisées sur le phénomène ont révélé que près de 250 millions de personnes sont exposées à la migration à cause du changement climatique, et ont évoqué les problèmes sociaux, économiques et sécuritaires associés à ces migrations, a-t-il relevé, soulignant que l’enjeu qu’impose l’organisation par le Maroc de la COP22 consiste essentiellement à donner un signal fort à la communauté internationale, à la société civile et aux gouvernements régionaux afin d’aller de l’avant dans la mise en œuvre des obligations de l’Accord de Paris.

De même, la COP22 offrira l’occasion d’exhorter les États à prendre des décisions qui permettront de réduire ou d’atténuer les retombées des changements climatiques, et la société civile de s’engager à mobiliser les acteurs et à sensibiliser aux dangers de ce fléau, particulièrement au niveau du continent africain qui constitue l’une des zones les plus touchées par ce phénomène, outre l’échange et le partage d’expériences et d’expertises de manière générale, a-t-il noté.

À son tour, le ministre chargé des Marocains résidant à l’étranger et des affaires de la migration, M. Anis Birrou, a mis l’accent sur la nécessité d’approfondir les recherches et les études pour comprendre les causes et les conséquences des migrations causées par les changements climatiques, et de prendre en considération les mouvements en découlant.

Il s’agit également de renforcer l’action conjointe entre les différentes instances actives en matière de défense des droits de l’homme, de protection de l’environnement et de gestion des flux migratoires, ainsi que d’assurer la participation des compétences et cadres nationaux spécialistes dans le domaine de l’environnement et du développement durable.

Le Maroc est aujourd’hui l’un des pays les plus concernés par ce phénomène, en tant que dernière étape entre l’Europe et la migration climatique en provenance de l’Afrique subsaharienne, et en raison de l’aggravation des migrations climatiques internes et de la pression croissante de la migration en provenance d’autres pays africains, a-t-il dit soulignant que la nature complexe des problèmes liés à ce phénomène exige de s’engager dans une perspective globale, participative et durable.

Le ministre a soulevé deux niveaux essentiels pour faire face à ce phénomène, le premier consiste à parvenir à un consensus international sur les futures ambitions climatiques et exige que l’ensemble des actions des pays en voie de développement soient au service du climat.

Le deuxième niveau est incarné par le souci démontré par tout État concerné à adopter une politique volontariste propre afin de protéger l’environnement et réaliser le développement durable, en ligne avec son potentiel financier et logistique.

Pour sa part, le responsable du pôle de la société civile à la COP22, M. Driss El Yazami, a déclaré que le sommet de Marrakech constituera une occasion pour réfléchir sur les mesures et mécanismes d’accompagnement, de financement et de gestion des crises et problématiques afférentes aux changements climatiques, outre la possibilité d’intégrer l’approche humanitaire afin de faire face à ce fléau dans le cadre de la mise en œuvre des engagements inscrits dans l’accord historique de Paris.

Dans ce contexte, M. El Yazami a souligné que l’Accord de Paris sur le climat contient une référence explicite aux « migrations climatiques », et stipule également l’installation d’une « équipe spéciale » pour faire face aux mouvements humains causés par les changements climatiques, ce qui nécessite une mobilisation forte et soutenue pour présenter les effets en découlant sur la mobilité humaine et relancer la réflexion sur la mise en place de mécanismes efficaces en mesure d’assurer l’adaptation et d’appliquer une justice climatique durable.

Au vu de son engagement dans une politique ambitieuse en matière de migration et d’asile, le Maroc est appelé à accorder un soutien accru à la société civile, développer ses capacités de recherche et d’organisation et améliorer ses expertises et la formation de réseaux spécialistes en matière de migrations climatiques, a-t-il ajouté.

Quant au président du Comité scientifique de la COP22, M. Nizar Baraka, il a souligné que la lutte contre le phénomène nécessite sa définition et la détermination de ses causes afin d’identifier les mesures et les mécanismes à même de réduire ses répercussions dans une première phase, avant de passer à l’élaboration des programmes et stratégies de gestion participative et holistique de ce phénomène récent.

La migration climatique est en hausse, dépassant les migrations liées à la santé, à la politique, aux guerres et aux crises économiques, a-t-il précisé, évoquant à cet effet deux données essentielles dans le traitement de ce phénomène, le premier ayant trait à la consécration du principe de l’accompagnement, tandis que le second concerne la mise en place de mécanismes fonctionnels pour faire face aux migrations humanitaires forcées.

Ce colloque, qui bénéficie du label COP22, constitue une étape supplémentaire dans la préparation du Maroc à accueillir la COP22 en novembre prochain, et se veut également un espace de discussion autour des défis liés aux migrations climatiques et de contribution à la préparation de recommandations destinées à être exposées à Marrakech.

Cette rencontre internationale a connu la participation de chercheurs nationaux et internationaux spécialistes en changements climatiques et migrations venant notamment de France, d’Allemagne, du Canada et du Danemark, ainsi que de représentants d’institutions nationales publiques, de la société civile et d’organisations internationales concernées.

By AEF