Le Royaume du Maroc va accueillir, pour la seconde fois, la vingt-deuxième session de la Conférence des parties (COP22) de la Convention-cadre des Nations unies sur le changement climatique (CCNUCC) du 7 au 18 novembre 2016, à Marrakech. Une rencontre annuelle pour faire un état des lieux des avancées réalisées, depuis l’accord de Paris, dans la lutte contre les changements climatiques. Parmi les axes prioritaires autour desquels s’articulera l’action du Royaume du Maroc, il y a en bonne place la mise en application de l’accord de Paris et l’appui aux pays en développement et vulnérables, notamment les petits États insulaires.
Pour rappel, le Maroc en 2001 et l’Afrique du Sud en 2011 sont les deux pays africains qui ont déjà accueilli une conférence des Nations unies sur le changement climatique. Les accords issus de la septième session de la Conférence des parties (COP7) de Marrakech avaient non seulement défini les règles d’application du Protocole de Kyoto, mais aussi permis de mettre en place de nouveaux instruments de financement et de planification en vue de l’adaptation aux changements climatiques, et d’établir un cadre pour le transfert de technologies.
Une année après la réussite de la COP21 de Paris qui a abouti à un accord historique pour la réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES), le Maroc met les bouchés doubles pour accueillir de nouveau, quinze ans après, la COP22 dans la même ville de Marrakech. Le souverain du royaume chérifien, Sa Majesté le Roi Mohammed VI, a chargé les différents ministères de son gouvernement à concourir à une bonne préparation de cette conférence mondiale sur le climat, pour en assurer un succès retentissant.
C’est dans ce cadre qu’un colloque international, sous le thème « Migrations climatiques : tendances et enjeux », a été organisé le vendredi 20 mai 2016 au Centre d’accueil et de conférences du ministère de l’équipement à Rabat.
Inclure la question des migrations climatiques à l’agenda international
La question des migrations climatiques préoccupe au plus haut point le Maroc qui est tout à la fois un pays d’émigration, d’immigration et de transit pour les migrants qui cherchent à gagner le territoire européen. Le gouvernement du royaume chérifien tient à saisir l’occasion qui lui est offerte d’accueillir de nouveau la COP22 pour attirer l’attention de la communauté internationale sur la nécessité de protéger les droits des personnes qui sont forcées de quitter temporairement ou définitivement leur milieu de vie habituel à cause des effets du changement climatique.
De ce fait, le Maroc voudrait s’engouffrer dans la brèche qui a été ainsi ouverte dans le préambule de l’accord de Paris qui consacre la création d’une Task force pour faire face à la mobilité humaine, pour intégrer la question des migrations climatiques à l’agenda international. Une question qui jamais auparavant n’a figuré en une aussi bonne place sur l’agenda international que voudrait faire le Maroc.
Ainsi, en réunissant les experts et éminents spécialistes dans le domaine des migrations climatiques venus d’Amérique du Nord, d’Europe et d’Afrique pour un colloque international, le pouvoir organisateur de la conférence de Marrakech a bien voulu, par l’entremise du ministère en charge des Marocains résidant à l’étranger et des Affaires de la migration, prendre le pouls de différentes opinions au sujet du lien direct ou indirect entre les catastrophes naturelles dues aux changements climatiques et les flux migratoires que l’on observe ces dernières années, pour développer son argumentaire face à cette problématique, lors de la COP22.
La diaspora marocaine met la main à la pâte pour le succès de la COP22
Le gouvernement marocain qui tient à mobiliser le plus grand nombre d’États et d’organisations de la société civile à participer activement à la COP22 a voulu formellement associer également les Marocains issus de la diaspora, en leur offrant un espace de réflexion et collaboration pour assurer un franc succès à cet événement planétaire. Ils ont répondu présent et sont venus de tous les continents pour participer à ce colloque. Chacun, à sa manière, a apporté un éclairage particulier au mieux de ses compétences pour aider leur pays à tirer le meilleur parti des avantages de la tenue d’une telle conférence mondiale sur le territoire national.
La présence du ministre chargé des Marocains résidant à l’étranger et des Affaires de la migration, Monsieur Anis Birrou et de celui des Affaires étrangères et de la coopération, et président en exercice du comité de pilotage de la COP22, Monsieur Salaheddine Mezouar, à ce colloque accompagnés du Commissaire et du président du comité scientifique de la COP22, était un signe évident que le gouvernement marocain ne veut rien laisser au hasard pour le succès de cette conférence.
Aussi bien dans les discours introductifs du ministre Mezouar que de celui du ministre Birrou, tous ont déclaré que la COP22 sera celle de l’action et de la mise en œuvre des résolutions de la COP21. Il s’agit bien entendu d’assurer le développement et le transfert Nord-Sud, voire Sud-Sud des technologies propres et novatrices en matière d’adaptation et d’atténuation aux effets du changement climatique; de crédibiliser et renforcer la confiance des pays en développement et vulnérables qui payent déjà le plus lourd tribut, tant économiquement, socialement qu’écologiquement; de mobiliser les gouvernements, les acteurs non étatiques et la société civile dans le cadre du Plan d’actions Lima-Paris consacré à l’Accord de Paris; de mobiliser et encourager le plus grand nombre des États parties à ratifier l’accord de Paris; et surtout de mobiliser les États à honorer leurs engagements financiers, notamment les 100 milliards de dollars promis à la COP21 d’ici 2020.
Le Maroc qui ambitionne d’exercer un leadership stratégique dans la lutte contre le changement climatique en Afrique et jouer le rôle pivot pour faciliter le partenariat triangulaire Nord-Sud-Sud, voudrait attirer le plus d’investissements vers le continent africain, qui ne parvient toujours pas à capter autant de financements du Fonds vert pour le climat, faute de projets bancables. Il veut également accompagner les pays en développement dans la préparation de leurs plans nationaux d’adaptation et apporter une assistance technique aux pays vulnérables dans la préparation de leurs projets afin d’accéder facilement au financement.
En effet, si la COP20 de Lima était pour négocier un accord contraignant, la COP21 de Paris était celle de finalisation et d’adoption de cet accord. Espérons, en définitive, que la COP22 de Marrakech sera bien celle de l’action et de la mise en œuvre de cet accord conclu à Paris. Une COP22 devra faciliter l’adoption des outils opérationnels dans la ligne droite du plan d’actions Lima-Paris-Marrakech
Par Isidore KWANDJA NGEMBO, Politologue.