Il n’y a pas que les pays moins développés qui souffrent du changement climatiques. Les pays développés à l’image de la France ne sont pas à l’abri.
En effet, ce problème ne concerne pas seulement les institutions, les scientifiques ou les gouvernants, mais c’est un phénomène qui nous concerne nous aussi simples citoyens. Il nous faut prendre des initiatives pour s’adapter aux futures conditions de vie.
Ces dernières semaines en France, les orages, la grêle et les intempéries étaient parfois si violents que Météo France a émis des alertes de vigilance. Les fortes pluies ont donné lieu à des records de pluviométrie, suivie de crues et inondations dans le Centre et le Loiret sur le Loing, puis la Seine à Paris. Ces événements peuvent être reconnus par l’Etat comme une catastrophe naturelle, par arrêté interministériel. En Ile-de-France, toute montée des eaux rapide fait craindre une nouvelle crue centennale comme en 1910.
Comme on peut le lire sur le site Wikipédia, cette crue de seine qualifiée de crue centennale, est le plus important débordement connu de la seine après celui de 1658. Il a touché la plus grande partie de sa vallée et, bien qu’il n’ait pas été très meurtrier, a causé d’importants dommages à l’économie régionale, en particulier à Paris. La Seine a atteint son niveau maximal, 8,62 mètres sur l’échelle hydrométrique du pont d’Austerlitz à Paris le 28 janvier. Elle a affecté de nombreux quartiers de la capitale et de nombreuses villes riveraines du fleuve pendant plusieurs semaines avant et après cette date. La montée des eaux s’est faite en une dizaine de jours et la décrue en 35 jours environ. Les affluents et les confluents de la Seine connaissent le même sort à des degrés différents, du fait de l’interdépendance des différents systèmes hydrologiques. Certaines villes de banlieue subissent des dégâts importants. Lors de cette grande crue de 1910, les députés, pour réamorcer la reprise du travail, se rendent à l’Assemblée nationale en barque.
Une crue sous haute surveillance
Comme le rapporte le quotidien « Le Monde » du 2 juin 2016, « Dans la salle de crise du service de prévention des crues de la Direction régionale et interdépartementale de l’environnement et de l’énergie (Driee), à Paris, non loin du bassin de l’Arsenal, une dizaine de personnes scrutent l’évolution des cours d’eau. Sur l’écran, tous les tronçons de rivière sur lesquels sont installées des stations d’observation du niveau et du débit des cours d’eau (90 sur l’ensemble de la région) défilent les uns après les autres. Compilées aux informations de Météo France, ces données permettent une surveillance vingt-quatre heures et, surtout, d’établir des prévisions à destination du gouvernement et des préfets notamment. »
Cette crue touche l’ensemble du bassin de la Seine, via notamment ses affluents du Loing, de l’Orge et de l’Yvette. Des « débordements significatifs » affectent le sud de Paris, à Melun, Corbeil et Villeneuve-Saint-Georges. Face aux importants dégâts matériels constatés ces derniers jours en amont de Paris, « l’état catastrophe naturelle sera reconnu » mercredi, a promis François Hollande. Les dommages devraient s’élever à au moins 600 millions d’euros sur l’ensemble des départements touchés, a estimé Bernard Spitz, le président de l’Association française de l’assurance (AFA).
Les conséquences de la décrue
D’après le site « Paris Ile-de-France « Choisy-le-Roi, Vitry-sur-Seine, Alfortville, Ivry-sur-Seine, Créteil, et Maisons Alfort. La liste des villes potentiellement inondées en cas de crue centennale de la Seine est longue. Ces villes seraient fortement concernées par cette spectaculaire montée du fleuve. L’institut d’Aménagement Urbain de la région chiffre ce phénomène de montée relativement lente des eaux entre 50 centimètre et 1 mètre par jour.
En tout, 830000 personnes seraient affectées dans le quotidien, et près de 750000 emplois menacés en cas d’inondation. Le débordement de la Seine, en dépit des bassins de rétention en amont de la capitale, atteindrait en effet des usines ou des établissements administratifs. L’IAU tient un discours alarmant sur une situation extraordinaire où des entreprises de production d’électricité seraient hors d’usage. »
Il n’y a plus de temps à perdre
Jean Jouzel, expert français du GIEC (Groupe d’Experts intergouvernemental sur l’évolution du climat), résume la situation ainsi : « Nous subissons une augmentation de température sans précédent depuis 1000 ans ; deux tiers de degré dans les 50 dernières années, plus d’un degré en France. Depuis le début du XXIème siècle, le niveau des mers a monté d’environ 20 cm. La concentration des gaz à effet de serre (GES) dans l’atmosphère est la plus importante depuis 800000 ans et l’effet de serre continue à augmenter avec l’utilisation des énergies fossiles. »
Dans le domaine météorologique, cyclones, canicules, inondations seront plus fréquents et/ou plus intenses. Déjà, aux Etats-Unis, observe le Géographe Fréderic Durand, on est passé « d’une moyenne de 130 tornades par an dans les années 1920 à près de 1300 au début des années 2000 ». 1600 pour 2011, dont 6 de niveau maximal, « ce qui n’avait jamais été enregistré depuis le début des mesures. »
Ces événements provoquent des victimes et entraînent des destructions aux répercussions économiques considérables. Les inondations dues au seul ouragan Sandy en 2012 ont coûté 20 milliards de dollars à New York.
En France, le grignotage du trait de côte par la mer est observé à chaque tempête. Les zones les plus exposées aux risques d’érosion sont aujourd’hui bien identifiées.
Selon le rapport DGEC (Direction générale de l’Energie et du Climat). Le climat de la France au XXIème siècle Volume 5, établi par des scientifiques et publié par le ministère de l’Ecologie en mars 2015. « Il s’agit avant tout des littoraux meubles (…). Les régions du Languedoc, du delta du Rhône et de l’Aquitaine sont particulièrement concernées, mais le reste de la côte atlantique et la plaine de Corse orientale le sont également. »
Les êtres humains seraient plus affectés par le changement climatique. Par exemple, les personnes fragiles ou les nourrissons soumis aux canicules. Une étude de Météo France sur l’évolution à Paris depuis 1900 arrive à l’horizon 2100 à « une forte augmentation du nombre de jours de canicule ». D’une moyenne actuelle d’un jour de canicule par an, on passerait à 26, dans un scénario pessimiste, et alors « un été comme celui de 2003 resta marquée par une surmortalité de 15000 décès due à la canicule.
La revue médicale britannique Lancet a publié, en juin 2005, un rapport qui confirme que le climat futur représente « la plus grande menace mondiale de santé du XXème siècle », capable d’annihiler tous les progrès obtenus ces dernières décennies.
J’habite à Conflans Sainte-Honorine, dans les Yvelines à une vingtaine de kilomètres de Paris. Ma ville longe la seine, et après la décrue de cette dernière, la mairie a installé les habitants qui résident tout près de la Seine dans un gymnase. C’est inhabituel, car d’habitude, on réquisitionne le gymnase pour les sans-abris, les sans-papiers, ou les sans domicile fixe.
Espérons que la France qui traverse en ce moment la crise des catastrophes naturelles, sera encore beaucoup plus impliquée dans la Cop 22 qui se tiendra à Marrakech, qu’elle l’a été pendant la Cop 21 à Paris.
Le changement climatique est l’affaire de tous, et si on ne l’anticipe pas dès maintenant, on ira droit dans le mur.
Par Mustapha Bouhaddar
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