Selon un récent rapport du Groupe d’Experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), il nous resterait 12 ans pour réduire de 45% nos émissions de CO2; Sans quoi la température mondiale grimperait de 3 degrés d’ici 2100; ce qui aboutirait notamment à la destruction de 13 % des terres mondiales.

L’urgence est donc de mise : si ‘’la crainte est une obligation, écrit Hans Jonas dans Le Principe Responsabilité (1979), celle-ci doit aller de pair avec « l’espérance (à savoir celle d’éviter le pire) » – ce qui passe par une prise de responsabilité’’

Il y a un passage, à propos du ciel nocturne, dans Les Rêveries d’un promeneur solitaire  de Jean-Jacques Rousseau qui m’avait marqué (quand j’étais à l’université) et qui fait curieusement allusion au Maroc. Dans la deuxième promenade du rêveur solitaire, Rousseau raconte comme il a été renversé, en descendant les  pentes de Ménilmontant, par « un gros chien danois ». Il a perdu connaissance, puis est revenu à lui, et c’est la vue des étoiles qui l’a rasséréné : « La nuit s’avançait. J’aperçus le ciel, quelques étoiles, et un peu de verdure. Cette première sensation fut, un moment délicieux. (….) Je sentais de tout mon être un calme ravissant, auquel chaque fois que je me le rappelle, je ne trouve rien de comparable dans toute l’activité des plaisirs connus. On me demanda où je demeurais ; il me fut impossible de le dire. Je demandais où j’étais ; on me dit, à la Haute-Borne ; c’était comme si l’on m’eût dit au mont Atlas. »

C’est un passage repris par Alexandre Lacroix, journaliste au Philosophie Magazine, dans son article sur la réserve d’étoiles au Maroc,  et qui s’intitule « Revoir les étoiles ». Cet article m’a permis d’aborder ce sujet ici: Le projet Atlas Dark Sky, qui vise à créer la plus grande réserve de ciel étoilé du monde au Maroc, s’apparente à un prolongement inattendu des idéaux romantiques.

Atlas Dark Sky Morocco (ADSM)

Le projet ASDM se veut être un moyen de combattre la pollution lumineuse; un fléau qui ne cesse de s’étendre et qui, en plus de la qualité du ciel nocturne, a un impact nocif sur la santé, l’économie et la facture énergétique.

Comme le rapporte le Magazine cité plus haut, « Zouhair Benkhaldoun, directeur de l’observatoire d’Oukaïmeden et président du Comité national pour l’astronomie du Maroc, est en train de lancer un projet tout aussi engagé que fascinant : Avec Atlas Dark Sky, il souhaite créer au Maroc, dans un large territoire comprenant le parc national du Toubkal, la plus grande réserve internationale de ciel étoilé ! »

Des réserves de ce type, il en existe douze en tout dans le monde (huit en Europe, deux en Amérique, une en Afrique et une en Océanie), qui se sont vu remettre une certification officielle par l’International Dark-Sky Association (IDA), une organisation non gouvernementale qui s’occupe de la promotion des ténèbres.

Selon les publications de l’IDA, la pollution lumineuse est à l’origine de nombreux maux. Pour les humains, d’abord : la luminosité qui baigne continuellement les zones urbaines ou périphériques est à l’origine de troubles du sommeil, des stress permanents, de gaspillage d’énergie, puisque de nombreuses routes et autoroutes sont suréclairées.

Pour la faune et la flore, les lumières électriques perturbent le cycle de vie des insectes et des prédateurs nocturnes, égarent les bébés tortues et, plus encore, les oiseaux migrateurs, de même qu’elles déséquilibrent le cycle de la photosynthèse.

La réserve étoilée du Canada

La plus grande réserve de ciel étoilée se trouve à l’heure actuelle au Canada, et couvre un territoire d’un rayon de cinquante kilomètres. Mais celle du Maroc, si le projet voit le jour, aurait un rayon de quatre-vingt kilomètres. Ce lieu ne manquerait pas d’attirer des touristes ; il ne serait ni inhabité, ni sanctuarisé. Mais ceux qui y séjourneraient devraient respecter des restrictions importantes d’utilisation de la lumière artificielle. »

Pour celles ou ceux que ce projet intéresse, il faut savoir que le Djebel Toubkal, qui a donné son nom en 1942 au premier parc national du Royaume du Maroc, est le point culminant de l’Afrique du Nord avec ses 4.167 mètres d’altitude.

Le Parc National de Toubkal

S’étendant sur près de 38.000 ha, le Parc National de Toubkal se situe à 70 km au sud de Marrakech, dans la portion qui correspond à l’Adrar n’Dern (montagne des montagnes).

D’une exceptionnelle biodiversité, ce parc accueille de nombreux visiteurs, qui peuvent y découvrir des plateaux et des falaises qui alternent avec des gorges, où s’écoulent des rivières aux eaux cristallines, assurant l’irrigation dans les vallées et les plaines du piémont.

A l’instar de toutes les aires protégées du Maroc, la gestion et la valorisation du Parc National de Toubkal relève du Haut-Commissariat aux Eaux et Forêts et à la Lutte Contre la Désertification (Ministère de l’Agriculture, de la Pêche Maritime, du Développement Rural et des Eaux et Forêts.)

Merci à la publication ‘’Philosophie Magazine’’ n°124 et à son rédacteur en chef, pour son excellent article sur ce projet.

Par Mustapha Bouhaddar pour Maghreb Canada Express, page 3, Vol. XVI, N°11 , Novembre-Décembre 2018.

Pour lire  l’édition de Novembre-décembre 2018, cliquer sur l’image:

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