Avec la montée de l’extrême droite en Europe et dans le reste du monde, le mal s’est banalisé. Les racistes, les homophobes, les antisémites, les xénophobes, dans les années 80, en France, étaient plus discrets, voire effacés. Actuellement, ils affichent ouvertement leur racisme, non seulement du regard, mais verbalement.
Dans son livre « Eichmann à Jérusalem. Rapport sur la banalité du mal », Hannah Arendt, développe, le cas d’un homme ordinaire apparemment civilisé, mais mal éduqué car nationaliste et imperméable aux sentiments démo-libéraux. Par on ne sait quel lugubre déterminisme, l’antisémite ordinaire, le nationaliste, voire le vulgaire patriote, seraient programmés, à terme, pour commettre le crime le plus abject. Il résulte de cette théorie admise par les acteurs du socialisme la nécessité de supprimer toutes les racines identitaires du « mâle blanc », la nation et la langue en premier lieu, afin de prévenir l’indicible.
Au Brésil : ‘’Ça va cogner’’ renchérit le nouveau président
L’ex-capitaine de l’armée brésilienne Jair Boolsonaro, a remporté les élections au Brésil face au candidat du parti de Lula (toujours en prison). Son programme ? Celui de tous les démagogues : ça va cogner ! Les corrompus, en taule ! Les voyous, on tire à vue !
Il est vrai que la corruption est, au Brésil, un sport national qui exaspère de plus en plus. Et l’insécurité une calamité nationale : 63000 homicides l’an dernier. Bien sûr, le seul sauveur c’est Jair Boolsonaro, il se présente comme un homme neuf, il est député fédéral depuis 27 ans. Il se proclame anti-système (même si tous lobbys économiques se rallient à son panache). Il va à la messe et croit bruyamment en Dieu. Il défend la famille contre les homosexuels honnis (Je préférerai que mon fils meure dans un accident plutôt que de le voir apparaître avec un moustachu ». Il défend la patrie. Il défend les vraies valeurs contre les horribles migrants feignants (ici, les millions de réfugiés vénézuéliens). Il est misogyne, macho, raciste, homophobe, violemment anti-communiste, bref, d’extrême droite.
Dommage pour le peuple brésilien, car avec Lula, on a assisté au Brésil à l’apparition d’une classe moyenne qui n’existait pas jadis et qui risque de disparaitre avec l’extrême droite au pouvoir.
En Allemagne : une relation des plus ambiguës avec le nazisme
D’après « Le Sud-Ouest » du 28/09, Le climat politique actuel en Allemagne semble profiter à l’AfD : une chancelière en fin de règne, des sociaux-démocrates qui peinent à exister sur la scène politique, un pays divisé sur le sujet des accueils des réfugiés. Dès lors, pour un grand nombre d’Allemands l’extrême droite apparaît comme une solution plausible.
La montée du populisme en Allemagne est liée à un profond sentiment d’insécurité. Beaucoup de gens surtout à l’est du pays, dans l’ex-RDA – ressentent comme une véritable menace la mutation rapide de leur cadre de vie, les défis de la mondialisation et l’arrivée des millions de réfugiés aux frontières de l’Europe. L’impression la plus répandue est que les élites politiques au pouvoir ne contrôlent pas ces bouleversements.
Le gouvernement d’Angela Merkel est dépassé, il perd le contact avec le peuple, ne comprend plus ses problèmes, ses inquiétudes et ses peurs. Le respect pour cette élite est donc en chute libre. Pour beaucoup, Angela Merkel aurait trahi le peuple avec sa fameuse phrase «Nous y arriverons », prononcée en pleine crise des réfugiés, qui suggérait que l’Allemagne réussirait à les accueillir.
Je ne donnerai pas cher de l’avenir d’Angela Merkel, pour les prochaines élections. Un certain Hitler avait dit jadis que si on expulsait les juifs de l’Allemagne, il n’y aurait plus de chômeurs, et à ce moment-là il n’était pas encore au pouvoir, c’était un simple soldat rescapé de la première guerre mondiale.
En Hongrie : ligne dure anti-immigration
Des partis conservateurs en Europe, surtout à l’Est, se sont radicalisés et ont repris ces discours anti-migrants. En Hongrie, le parti Fidesz du Premier ministre Viktor Orban a adopté une ligne dure anti-immigration et autoritaire. Si bien que le parti d’extrême droite Jobbik, deuxième force du Parlement, a abandonné ses slogans racistes et antisémites pour se recentrer sur la corruption et l’éducation.
D’après l’écrivain roumano-hongrois, György Dragoman, la plus grande erreur commise par les élites après le changement de régime fut leur incapacité à faire face au passé communiste et à effacer l’ardoise.
Les dossiers secrets des forces de sécurité n’ont jamais été déclassifiés, et les vieilles structures de pouvoir se sont perpétuées dans l’ombre. Les nouvelles élites ont échoué à créer un système infaillible d’institutions indépendantes. Une autre erreur fut d’embrasser le marché capitaliste sans résoudre le problème sous-jacent de la corruption, qui a détruit toute possibilité de transparence. Traditionnellement, les politiques en Hongrie considéraient les intellectuels, les artistes et les penseurs indépendants comme des ennemis.
Tout n’est maintenant qu’une histoire de domination politique. Le but est de contrôler la totalité de la société et de créer une élite farouchement loyale au parti au pouvoir, notamment au Premier ministre Victor Orban. C’est plutôt paradoxal, puisqu’une élite réellement fonctionnelle ne devrait pas pouvoir être remplacée sur un caprice, mais quand la loyauté inconditionnelle est le principal facteur pour appartenir à cette prétendue élite, alors l’élite ne peut pas fonctionner correctement et n’est plus qu’un ornement.
En Italie : Existence d’un vrai terreau de l’extrême droite
La Ligue de Matteo Salvini est au pouvoir à la faveur d’une coalition jugée au départ improbable avec le Mouvement 5 Étoiles (M5S, antisystème), alors qu’elle n’avait recueilli que 17% des voix aux législatives. Au sein de ce gouvernement formé le 31 mai dernier, l’ex-Ligue du Nord, qui a abandonné ses idéaux sécessionnistes pour adopter un discours anti-euro et anti-immigration, obtient sept ministères, dont l’Intérieur, attribué à Matteo Salvini.
Pour les politologues transalpins, le succès de la Ligue, y compris au Sud, est notamment dû à ses promesses de bloquer les ports aux migrants, baisser les impôts ou d’interdire la construction de mosquées. La personnalité de l’omniprésent Matteo Salvini, dont la communication emprunte parfois à celle de Donald Trump, a permis au parti une ascension fulgurante : la Ligue est désormais créditée de 30% d’intentions de vote, devant toutes les autres formations.
La montée de l’extrême droite en Italie, ne m’étonnera jamais, car il y a un vrai terreau de l’extrême droite en Italie en veille et qui n’a pas besoin de grand-chose pour se réveiller. On l’a vu avec Berlusconi, la nièce de Mussolini et d’autres.
Les États-Unis de Trump
Donald Trump a gagné grâce à l’alliance de l’Alt-right (« droite alternative ») américaine et des caciques du Parti républicain. Son ancien stratège et ancien patron du site d’extrême droite Breitbart, Steve Bannon, affirme être à l’origine des idées d’un mur à la frontière mexicaine ou du « Muslim ban », qui vise à interdire l’entrée des États-Unis aux ressortissants de six pays musulmans. Steve Bannon entend désormais diffuser ses idées en Europe, notamment par une fondation basée à Bruxelles.
En France : Une Marine Le Pen surréaliste
Pour me détendre et passer un bon moment après une journée chargée de travail, je passe l’enregistrement du débat Macron –Le Pen, et je ne peux pas m’empêcher de rire à gorge déployée tellement le spectacle que nous offrait Marine Le Pen était surréaliste.
La présidente du Rassemblement national (ex-Front national), Marine Le Pen, a échoué à la présidentielle de mai 2017 mais est parvenue au second tour où elle a engrangé un record de 34% de voix. « La question identitaire – et pas seulement de l’immigration – est centrale » dans ce vote, selon le politologue Jean-Yves Camus. Outre « une défiance vis-à-vis de la politique », « il y a un raidissement d’une partie de la population sur la compatibilité de l’islam avec la culture française ».
« Bien plus fiables sont ceux qui doutent et sont sceptiques, non parce que le scepticisme est bon ou le doute salutaire, mais parce qu’ils servent à examiner les choses et à se former un avis. Les meilleurs de tous seront ceux qui savent seulement une chose : que, quoi qu’il se passe, tant que nous vivrons, nous aurons à vivre avec nous-mêmes, » Hannah Arendt
Par Mustapha Bouhaddar pour Maghreb Canada Express, page11, Vol. XVI, N°11 , Novembre-Décembre 2018.