Par Abderrahman El Fouladi (Première publication : 03 février 2021)

elfouladi-7-11-2016À chaque fois que nous montrons notre opposition au ‘’Parachutage’’, à partir des pays d’adoption, de députés MRE (*) dans le Parlement marocain, on nous jette à la figure la Constitution de 2011 qui, selon nos contradicteurs, garantit la participation des MRE à la vie politique marocaine dans son ensemble ; Un acquis, n’en déplaise, sur lequel nous sommes à 100% d’accord et que les MRE semblent déjà exercer.

En effet, concernant le droit de vote, il fut prouvé que techniquement il peut s’exercer à partir des pays d’accueil (Comme ce fut le cas pour le référendum constitutionnel de 2011); du moment que la plupart des pays d’accueil tolèrent les attroupements devant les sièges des consulats marocains à l’Étranger. Pour les cas particuliers, il reste toujours le vote électronique et (ou) celui par correspondance sur lesquels il faudrait travailler.

Quant au droit de se faire élire au Parlement marocain , et malgré les cris au viol des droits de la personne, lancés par les contradicteurs, à notre humble avis, ce droit est, lui aussi, préservé; du moment qu’il suffit pour cela de rentrer au bled et de s’y faire élire à travers l’un ou l’autre des deux modes de scrutin en vigueur au pays. Cependant face à cette réalité, certains adeptes du mode de députation ‘’Pochette surprise’’ pressent le Maroc de prendre exemple sur certains pays comme la France, pour ne citer que celle-ci.  Au fait, si la France à si raison que ça, pourquoi l’avoir mise à la porte ? Et pourquoi continuer à commémorer chaque année la Révolution du Roi et du Peuple ?

Après de longs dialogues de sourds et d’interminables polémiques du genre , il devient de plus en plus clair que nos contradicteurs veulent le beurre, l’argent du beurre, et la bénédiction de Marocains toutes tendances confondues; bénédiction qu’ils auront de la misère à obtenir… Et pour cause : celui qui n’ose pas se déplacer au Maroc pour la courte période électorale, aura de la misère à s’y rendre tout au long de son long mandat de 4 ans.

Mais si on prend en considération la conjoncture actuelle, il y a hélas des risques de voir certains MRE se faire offrir sur un plateau d’argent un siège de député dans le confort de leur ‘’exile’’ (Exil dont d’autres marocains ne rêvent que d’en rejoindre ‘’l’enfer’’, et ce, en continuant de traverser le Détroit de Gibraltar au péril de leur vie). Et les heureux élus, « elli rda 3lihoum Elghazouani » (**), d’aller, de temps en temps, somnoler dans le confort des sièges de la Chambre des représentants, aux frais du contribuable marocain resté sur place traire ses vaches et… se faire traire à son tour à tout vent.

Et la conjoncture serait d’autant plus favorable, que même les partis politiques (en mal de popularité dans le pays d’origine) jettent dans la mêlée leurs grosses maigres réserves dans les pays d’accueil pour légitimer leurs propres listes et quotas MRE, dans l’espoir de recueillir des sièges de plus dans les législatives de 2021, et ce, sans se fatiguer ni prendre trop de risque… du moins le croient-ils : Car ils ignorent, ou font semblant d’ignorer, à tel point le cadeau qu’ils se font d’abord avant de le faire aux MRE est si empoisonné… aussi bien pour les MRE que pour le reste des Marocains qui paieront les pots cassés.

Et viendra le temps des gros chagrins !

Et viendra le temps où on regrettera de ne pas avoir misé sur nos acquis d’antan. Et viendra le temps où on se mordra les doigts pour ne pas avoir milité pour transformer le CCME (***) en notre parlement, du moins pour le renforcer dans le cadre de la Constitution de 2011 (QUI EN FAIT UN ACQUIS POUR LES MRE) … Le renforcer pour en faire un outil , au-delà du statut consultatif qu’il avait avant 2011, un outil représentatif qui bypass le Parlement pour dialoguer directement avec la sphère décisionnelle, apporter une plus-value politique, économique et sociale, contribuer efficacement au développement économique du pays, défendre son label dans les pays d’adoption et résoudre tous les petits tracas des MRE dans le pays d’origine; Tracas qui, nous ne le soulignerons jamais assez, ne nécessitent pas de légiférer , mais juste d’appliquer des lois existantes, promulguer éventuellement certains décrets ou adopter certains règlements.

Et nos contradicteurs (qui ne voient pas la lune qu’on leur montre, mais juste le doigt) de s’écrier que le CCME n’est juste qu’un organe consultatif ! Ce à quoi nous répondons : ‘’Si le CCME est consultatif et donne son avis auprès des hautes instances marocaines (et encore, nous parlons de l’avant 2011, année où fut adoptée la constitution qui intègre en son sein ce CCME), les députés MRE dont on fabule sur l’efficacité seront réduits, quant à eux, à ne donner leur avis qu’auprès de leurs partis de tutelle… et encore ! Nous serons tous perdants sur toute la ligne !

Mais au fait; pourquoi ne pas trancher cette question de représentativité tout simplement par référendum à l’échelle nationale; sinon juste au sein des MRE eux-mêmes ? Ça vaudra le coût; ne serait-ce que eu égard aux futurs coûts des billets d’avion pour les futurs députés MRE !

Avant de terminer, et à l’intention de ceux qui spéculent sur l’improductivité du CCME ces dernières années, nous leur suggérons de réfléchir sur la question suivante : ‘’ N’a-t-on pas ordonné, en haut lieu, à ce CCME de mettre ses activités en veilleuse dans l’attente d’une loi organique qui le redéfinit en fonction de la constitution de 2011 ? »

A bon entendeur; réveillez-vous avant qu’il ne soit trop tard ! Un débat national sur la question, à tous les niveaux, serait plus urgent que jamais.

Notes :

(*) MRE = Marocains résidant à l’Étranger.

(**) Non marocain s’abstenir de comprendre et passer outre cette phrase.

(***) CCME : Conseil de la communauté marocaine à l’étranger.

 

 

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