Sarie Abdeslam , Directeur de Dounia News (https://www.dounia-news.eu/)
Dans toute société des croyants, une petite minorité apathique et inactive, d’une nonchalance intellectuelle inconcevable se sent victimaire tout en culpabilisant les mécréants. C’est cette petite minorité qui vit parmi nous mais parallèle à la société belge forme le terreau providentiel pour les pourvoyeurs d’éventuels candidats pour alimenter les groupes les plus extrémistes. Ce sont généralement des jeunes, désœuvrés et solitaires. Des jeunes ayant perdu les repères culturels, cultuels et historiques. Complètement désorientés ils se ressentent rejetés tout en cultivant un ressentiment anti-occidental et anti-belge.
Ces âmes perdues qui ne reconnaissent ni syndicats, ni partis politiques ni une vie associative, culpabilisent la société et leur communauté à cause de leur déchéance. Au lieu de lutter contre la discrimination, la solitude, le racisme, le chômage, l’islamophobie ils s’isolent et vivent un fantasme surtout quand ils recherchent leur salut en surfant jour et nuit dans des sites qui leur offrent une réponse adéquate taillée à leur mesure dans un moment de faiblesse. Surtout aussi par ce qu’ils sont sortis des multiples radars de la société qui ne peut plus entrer en contact avec eux. Ils sont devenus complètement invisible et inaudible.
Comme des vautours, les extrémistes entrepreneurs de colère profitent de cette cécité de notre société pour leur apporter des réponses sur mesure par des arguments qui répondent exactement aux attentes de ces jeunes complètement désemparés. Ces jeunes déboussolés que personne n’a entendu leurs cris et leurs SOS vont s’accrocher à la première bouée de sauvetage qui leur est offerte.
Cependant, quand on parle des extrémiste on ne voit que des barbus fanatiques mais omet par mégarde qu’ils manipulent professionnellement à la perfection les réseaux sociaux et tous les moyens de communication avec des spécialiste de grandes capacités intellectuelles et qualités techniques. Ces extrémistes ont pu et peuvent toujours entrer plus aisément en contact avec les jeunes, ce que nos associations n’ont pas pu le faire, malheureusement.
C’est ainsi que l’Etat Islamique est devenu le foyer d’activistes, de tous les exclus, tous les désœuvrés et tous les résidus des sociétés modernes. L’Etat islamique n’a jamais été un Etat ni islamique. La majorité écrasante des candidats harakiri n’ont rien du tout avec l’Islam. Mais dans leur désarroi et leur isolement ils se tournent vers le ciel pour un éventuel hypothétique miracle. L’État Islamique leur ouvre la porte du paradis. Une fois arrivés à destination ils sont très bien accueilli, très bien entourés et dès le lendemain ils commencent l’apprentissage du maniement des armes. C’est la formation soi-disant militaire la plus courte dans l’histoire. Après deux jours ils sont opérationnels. La majorité choisit la mitraillette. Ceux qui ont des compétences seront dirigés vers d’autres camps.
L’État Islamique n’a pas été créé par hasard ou spontanément après la défaite de Saddam Hossein. Tous les pays y ont contribué d’une manière ou d’une autre. Après le passage de l’ouragan américain et après avoir démobilisé l’armée irakienne, l’Irak est devenu un stock américain de toutes sortes d’armes. L’État Islamique n’avait qu’aller se ravitailler dans les différents souks. Et, le lus grands souk était l’armée irakienne dirigée par des Chiites incompétents.
C’est ainsi que l’EI, (Daech, Al-Qaïda) a exploité le chaos provoqué par le passage des cow-boys comme toujours d’ailleurs. En février 2019, les États-Unis et ses alliés ont annoncé que l’EI ne contrôle plus que 1 % de son ancien «califat». Tout est bien qui finit bien.
Le Président américain Donald Trump à son tour ne savait quoi faire, se retirer de l’Irak, retirer les milliers de soldats américains, s’allier aux Kurdes, s’allier aux Arabes, s’allier à la Turquie, coloniser tout l’Irak, tellement de choix. Qui écouter au Pentagone, les faucons ou les diplomates. Finalement, Donald qui ne faisait confiance à personne n’a fait qu’à sa tête.
Entre temps le nouveau chef de Daech n’est pas arabe, mais turkmène, Abou Ibrahim al-Hashimi al-Quraishi. Ce qui veut dire que l’EI existe encore et toujours et il est encore opérationnel. S’il a perdu du terrain il n’a pas perdu sa force de frappe aveugle et tyrannique. Enfin, le risque d’une nouvelle campagne de terreur en Europe est réel.
L’EI est déjà et encore actif en Irak, en Syrie, en Libye et dans plusieurs pays sub-sahariens.
Soyons très prudents et surtout très vigilants. Ne dites pas plus tard que vous ne le saviez pas et que vous êtes surpris. Les pays qui seront visés sont toujours les mêmes, les pays arabes et les pays européens.
Cela dépendra un peu de la politique de Biden au Moyen Orient et vis-à-vis des pays arabes et musulmans.
Wait and see…
Par Sari Abdeslam pour Maghreb Canada Express, Vol. XIX, N°04 , page 14 , Avril 2021