Karim Benzema ne doit sa réussite dans le monde footballistique qu’à lui même, à son talent, son travail, car le talent sans le travail ne mène pas au sommet… au ballon d’or.
Après avoir quitté le club de Lyon, Benzema a fait toute sa carrière au Réal Madrid où il a remporté tous les trophées. C’est un joueur hors norme, fantastique disait de lui son dernier entraîneur Ancelloti.
Pourquoi le ministre de l’intérieur Darmanin s’en prend-il à Benzema alors qu’il ne réside même pas en France ? Après son départ de Madrid où il a habité pendant plusieurs années, il est maintenant en Arabie Saoudite.
Benzema énerve et dérange par sa réussite, c’est un électron libre, il n’a pas sa langue dans sa poche.
Le conflit Israélo-palestinien
Tout a commencé par un tweet relatif au conflit entre Israël et le Hamas dans lequel Benzima adresse « toutes ses prières pour les habitants de Gaza victimes une fois de plus de ces bombardements injustes qui n’épargnent ni femmes, ni enfants. ». Et du coup on lui reproche de n’avoir pas fait la même chose pour les victimes israéliennes.
Après ce tweet toute la classe politique s’emballe. Sur le plateau de Cnews, alors qu’il s’exprimait sur l’islamisme et ses relais politiques, Darmanin explique : « Depuis quelques semaines, je m’intéresse particulièrement… Monsieur Benzema est en lien, on le sait tous, notoire avec les Frères musulmans. Nous nous attaquons à une hydre que sont les Frères musulmans parce qu’ils donnent un ‘djihadisme d’atmosphère’ comme le disait Gilles Kepel. »
Une assertion lancée sans explications.
Par la suite, le cabinet du ministre fait savoir qu’il constate « une lente dérive des prises de position de Karim Benzema vers un islam dur, rigoriste, caractéristique de l’idéologie frériste consistant à diffuser les normes islamiques dans différents espaces de la société, notamment dans le sport« .
L’entourage du ministre estime que le joueur s’adonne à du « prosélytisme sur les réseaux sociaux autour du culte musulman, comme le jeûne, la prière, le pèlerinage à la Mecque » ou encore qu’il a posté une « photo avec l’imam de Meaux qui avait fait l’objet d’une perquisition dans le cadre de l’assassinat de Samuel Paty« .
Juste après les propos du ministre de l’Intérieur, la sénatrice LR Valérie Boyer réclame des sanctions envers le footballeur, notamment la déchéance de nationalité. « Si Karim Benzema est en lien avec les Frères Musulmans, nous devons lui retirer a minima le Ballon d’Or (sanction symbolique) mais aussi et surtout sa nationalité française. Pactiser avec ceux qui nous déclarent la guerre, reviendrait à trahir son pays« , écrit-elle sur X (ex-Twitter), alors que l’attaquant n’a qu’une nationalité, française, et qu’il n’est pas possible de créer des apatrides.
L’avocat de Benzema réfute ces accusations et déclare « Ceci est faux ! Karim Benzema n’a jamais eu la moindre relation avec cette organisation », réagit-il dans un communiqué. « Nous assistons une fois de plus à une instrumentalisation intolérable de Karim Benzema et de la figure symbolique’ qu’on se plaît à lui attribuer », regrette-t-il, envisageant de porter plainte pour diffamation ou injure publique contre Gérald Darmanin.
L’avocat réfléchit aussi à porter plainte contre la sénatrice des Bouches-du-Rhône, Valérie Boyer, estimant que déchoir un Français de sa nationalité « un natif français, de parent français, ne rappellerait en Europe que l’Allemagne nazie« .
Une polémique raciste
La gauche, accuse le ministre de l’Intérieur de polémiquer et de mettre de l’huile sur le feu. « Gérald Darmanin entretient une atmosphère raciste dans ce pays« c’est une polémique raciste qui est ouverte par le ministre de l’Intérieur« , a dénoncé sur BFMTV le député LFI Thomas Portes. « Je découvre le contrôle de tweet au faciès. Monsieur Darmanin n’est pas allé voir ce que tous les joueurs de foot ont tweeté« , a constaté son collègue Alexis Corbière.
« Le ministre de l’Intérieur n’a rien d’autre à faire que de lire des tweets de Benzema« , a interrogé l’écologiste Sandrine Rousseau sur franceinfo. « Ce qui me choque, alors que nous sommes dans une situation qui, par bien des aspects, est explosive et qui doit nécessiter une attention précise du ministre de l’Intérieur, c’est qu’il s’amuse à regarder les tweets d’un footballeur« , a-t-elle ajouté.
Déjà dans le journal «Le Monde» du 02/06/2016, on pouvait lire sous la plume de d’Adrien Sénécat, sous le titre «Les citations déformées de Karim Benzema sur l’équipe de France et l’Algérie.»
D’après le journaliste, Il n’y a pas grand monde pour défendre Karim Benzema ce jeudi 2 juin. «Insupportable», «foutage de gueule», un «suicide médiatique»… La sortie de l’attaquant dans le quotidien sportif espagnol Marca, où il estime que Didier Deschamps aurait «cédé à la pression d’une partie raciste de la France » en ne le sélectionnant pas pour l’Euro, est dénoncée autant dans la classe politique que dans le milieu sportif. La plupart des observateurs jugent notamment qu’il passe un peu vite sur sa mise en cause dans l’affaire de la sextape.
Mais dans ce concert de critiques, une petite musique reprend d’anciens propos du footballeur pour tenter de le présenter comme un « mauvais Français » avec une bonne dose de mauvaise foi. Par exemple, ce message de Marion Maréchal Le Pen qui l’invite à aller jouer dans « son pays » (qui serait donc l’Algérie), relayé des milliers de fois sur Twitter.
Les propos du joueur du Real Madrid ont ensuite été condensés et remâchés pour donner la citation, donc, relayée par Marion Maréchal Le Pen. Il n’a pourtant jamais dit : « La France, c’est juste pour le côté sportif ».
Les propos sont néanmoins restés. Tout comme le fait qu’il ne chante pas la Marseillaise. L’histoire retient moins qu’il a aussi dit : « C’est un rêve pour moi de jouer avec l’équipe de France », qu’il raconte à l’envi que c’est dans la région de Lyon (à Bron, où il a grandi) qu’il se sent le mieux, ou encore qu’il affirme ne pas avoir été sélectionné en équipe de France pour l’Euro 2016 a été le plus gros coup dur de sa carrière. Dans une interview à So Foot en décembre 2011, le footballeur jugeait que les supporteurs français sont « dans un délire bizarre. En gros, si je marque, je suis français, mais si je ne marque pas ou qu’il y a des problèmes, je suis arabe.» Une citation bricolée avec des bouts de phrase.
Le sport une affaire politique
Comment expliquer le fait que Messi pro israélien ait obtenu 8 ballons d’or, tandis que Ronaldo est resté coincé à 5 ballons d’or, alors qu’il est largement meilleur que Messi ?
Ronaldo a payé son soutien aux palestiniens, la preuve, son coach l’a fait entrer en jeu seulement en deuxième mi-temps d’un match de quart de finale de la Coupe du monde contre le Maroc. L’ancien footballeur de Manchester United et du Real Madrid était également sur le banc lorsque le Portugal a affronté la Suisse en huitième de finale, faisant une apparition en tant que remplaçant. Le choix du sélectionneur avait alors provoqué incompréhension et incrédulité.
Est-ce que l’Argentin mérite son huitième Ballon d’or? Nous sommes en droit de nous le demander. Son exercice 2022/2023 ne ressemble pas à celui d’un meilleur joueur au monde. Certes, Messi affiche de belles statistiques en Ligue 1 sous le maillot du PSG, mais nous parlons ici du championnat de France, que beaucoup décrivent comme une «farmers league». Et quoi qu’on en dise, ses 16 buts et 16 passes décisives restent loin de ce que nous attendions de lui.
Pour ce qui est de la Ligue des champions, Messi a inscrit 4 buts pour autant de passes décisives. Des données à relativiser, car 75% de ces chiffres ont été acquis face à la modeste équipe du… Maccabi Haïfa. En novembre contre la Juve, il n’y avait plus personne, et cela va bien au-delà des simples statistiques. Dans le jeu, l’homme était fantomatique. Idem contre le Bayern, en huitième de finale. Lionel Messi était invisible au match aller, bousculé au retour. Si cela ne remet pas en cause son immense talent, il va de soi qu’il a déçu lors des grands rendez-vous.
En Coupe de France aussi, le n°30 parisien ne s’est pas montré à la hauteur. En huitième de finale, les Marseillais l’ont harcelé, au point d’afficher des lacunes physiques. Ce jour-là, le PSG s’est fait éliminer.
Sur le plan extra-sportif, on ne peut pas dire non plus que Lionel Messi s’est bien comporté avec son club. L’aventure s’est mal terminée, son image a même été écornée à la suite de son escapade en Arabie saoudite.
Soyons honnête, Messi n’a pas illuminé ce Mondial, toutes ses parties n’ont pas été abouties. Et puis, 4 de ses 7 buts ont été inscrits sur penalty, sans compter que tout au long de la compétition, des voix se sont fait entendre pour dénoncer un arbitrage en faveur de l’Argentine.
Messi Ballon d’or 2023, avouons-le, c’est quand même une belle arnaque. Mais le pire dans tout ça, c’est que si la France avait remporté la Coupe du monde, Kylian Mbappé aurait probablement été élu. Le Ballon d’or se joue donc sur une simple séance de tirs au but, dans laquelle ni Messi ni Mbappé n’ont craqué. C’est ainsi que l’on comprend que ce titre honorifique est décerné sur des erreurs commises par des coéquipiers plutôt que sur les performances individuelles d’une saison, le critère pourtant n°1 depuis 2022.
Autre chose, comment on a pu attribuer le prix Yachine qui récompense les meilleurs gardiens du Mondial au gardien argentin et non à Bono qui était pourtant mieux au classement. Emiliano Martinez qui a choqué le monde entier par son geste obscène au Mondial a remporté le prix.
Le ballon d’or est une machine de marketing, il salit le sport et le foot-ball, et le monde politique, opportuniste essaie de diaboliser Benzema, et l’empêche de s’exprimer librement.
Darmanin ne s’est pas insurgé de l’émotion sélective en faveur d’Israël, ni de l’acharnement médiatico-politique contre les palestiniens allant jusqu’à les traiter d’animaux humains.
Par Mustapha Bouhaddar pour Maghreb Canada Express, Vol. XXI, N°11, Page 06, Édition du mois de Novembre 2023.