La guerre entre Israël et le Hamas reprend de plus belle après une trêve de sept jours qui a permis la libération d’une centaine d’otages en échange de la libération de 240 prisonniers palestiniens ainsi que l’acheminement d’aides humanitaires vers Gaza.
Le conflit qui dure depuis deux mois déjà, avec son lot quotidien de morts, de blessés, de destructions massives et de scènes de chaos n’est pas prêt de s’estomper tant les belligérants campent sur leurs positions « jusqu’au-boutistes » visant à affirmer l’existence et la pérennité des deux nations.
Un conflit vieux de 75 ans né de la création de l’État d’Israël en 1948 et des différentes guerres israélo-arabes que même l’ONU s’est révélée impuissante à régler en dépit de nombreuses résolutions qui n’ont jamais été mises en application sur le terrain à ce jour, notamment le plan de partage de 1947, exacerbant ainsi les affrontements entre les deux peuples qui veulent occuper un même territoire, aujourd’hui divisé entre l’État d’Israël et les territoires palestiniens (la Cisjordanie et la bande de Gaza).
L’attaque spectaculaire «déluge d’Al -Aqsa» du 7 octobre dernier sur les colonies Israéliennes à partir de la bande de Gaza (la plus sanglante de l’histoire d’Israël) sonne comme un rappel que rien ne sera possible tant que les Palestiniens ne libèrent pas leur terre et retrouvent leur souveraineté pleine et entière sur leur sol.
Encore une fois, la facture aura été lourde pour les deux parties en conflit dont les affrontements n’ont jamais cessé longtemps depuis le plan de partage de la Palestine défini par l’organisation internationale en 1947.
Selon les dernières statistiques, le nombre de victimes palestiniennes et israéliennes résultant de ces confrontations entre 2008 et 2023 s’élève à plusieurs milliers de morts. Les plus grosses pertes sont dans le camp palestinien. L’attaque du Hamas, le 7 octobre 2023, et la riposte d’Israël sur la bande de Gaza avec l’opération glaive de fer, débutée le 11 octobre, ont causé la mort de presque 16.000 morts Palestiniens en majorité des enfants, des femmes et des aînés , selon le journal La Croix du 4 décembre 2023. Côté israélien, près de 1 200 personnes ont été tuées, essentiellement des civils, tombés le 7 octobre.
Sur un autre plan, la situation sanitaire se détériore, l’Organisation mondiale de la Santé décrivant 111.000 cas d’infection respiratoire aiguë et de 36.000 cas de diarrhée chez des enfants de moins de cinq ans parmi les déplacés à Gaza, rapportent des sources médiatiques. Ces derniers sont 1,7 million d’après l’ONU, et plus de la moitié des logements du territoire ont été endommagés ou détruits.
Ce génocide a fait sortir dans les rues des milliers de manifestants à travers le monde pour demander un cessez-le-feu à Gaza et afficher leur soutien aux victimes palestiniennes.
Pendant ce temps, les gouvernements du monde arabo-musulman qui claironnaient sur tous les toits leur « soutien indéfectible » à la Palestine « Dhalima aw madhlouma » au point de faire de la question de ce peuple martyr une marque de commerce ont « brillé » par leur duplicité.
Impuissance arabe
Du Machreq au Maghreb, les décideurs de ces pays rassemblés le 11 novembre à Riyad, à l’initiative du prince héritier Mohammed Ben Salman, se sont contentés de condamner l’offensive militaire israélienne et appelé à un cessez-le-feu immédiat. Autrement dit : ils ont décidé de ne rien faire. « Itafaqa el arabou ala yatafikou » (Les arabes se sont entendus pour ne pas s’entendre !).
Pas la moindre proposition courageuse à défaut… mieux. « Paralysés entre attentisme, notamment de Mohammed Ben Salman, et outrances, les « frères » arabes des Palestiniens n’ont apporté aucune réponse », notait à juste titre le journal français Le Monde (édition du 13 novembre 2023) dans un éditorial intitulé : « Guerre Israël-Hamas : malheur palestinien, impuissance arabe ».
Fort heureusement, les opinions publiques de l’ensemble des pays arabes, y compris aux Emirats arabes unis, au Bahreïn et au Maroc, ont sauvé l’honneur en réitérant leur engagement en faveur de la cause de leurs frères palestiniens.
Le soutien des peuples est infaillible, réel et sans calculs.
Une enquête de l’Arab Center for Research and Policy Studies (menée dans 14 pays arabes, de la Mauritanie aux monarchies du Golfe, auprès de 33.000 citoyens) montre que sur le sujet de la Palestine, une très grande majorité des opinions (92 %) refusent la normalisation avec Israël tant qu’il n’y a pas de solution pour les Palestiniens.
L’autre victoire loin du terrain des opérations est le fait que le conflit actuel a mis un frein à la finalisation d’accords de normalisation diplomatique entre l’Etat Hébreu et les pays arabes. Riyad qui était en discussions avait décidé de suspendre les discussions sur une éventuelle normalisation avec Israël. Pour rappel, Israël a déjà normalisé ses relations avec cinq pays arabes : Bahreïn, l’Égypte, la Jordanie, le Maroc et les Émirats arabes unis.
Par Mbarek El Azzaoui pour Maghreb Canada Express, Vol. XXI, N°12, Page 03, Édition du mois de Décembre 2023.