Le Rassemblement National (RN) fut fondé par Marine Le Pen… après avoir mis de côté son Père Jean Marie Le Pen fondateur du Front National, un parti xénophobe, homophobe, raciste et antisémite.

Marine Le Pen a repeint la façade du Parti de son père pour faire bonne figure, elle a gommé tout ce qui caractérisait le Front National, sauf l’immigration, les musulmans et les étrangers en général, bref son fond de commerce.

Un racisme décomplexé

Marine Le Pen a créé son avatar en la personne de Jordan Bardela qui a triomphé dans les élections européennes, ce qui a motivé les sympathisants de l’ancien Front, persuadés que Bardela va remporter les élections législatives et mettre en difficulté les Français d’origine étrangère.

Karim Rissouli, Journaliste sur France 5 reçoit souvent des menaces de mort sur les réseaux sociaux, mais ça ne l’inquiétait pas, puisque c’est virtuel.

Mais récemment un sympathisant du Rassemblement National a franchi le pas, il lui a envoyé une lettre d’insultes à son domicile.

En effet, comme il l’expliquait sur Instagram, C’est en rentrant chez lui, après avoir déposé ses enfants à l’école, qu’il découvrit la lettre raciste et anonyme laissée devant chez lui.

L’auteur de la lettre lui a écrit : « Franchement, Karim, tu n’as pas compris le vote du 9 juin. Ce n’est pas le pouvoir d’achat, la retraite à 60 ans, la privatisation de Radio France. La seule et unique raison fondamentale du vote RN, c’est que le peuple français historique en a plein le c… de tous les bicots. Tu peux faire des pieds et des mains avec tes invités islamo-gauchisasses, tu n’y changeras rien, le souchien ne t’acceptera jamais, ni toi ni tes frérots. Et même malgré le nombre, vous ne posséderez jamais la France. »

Le journaliste est choqué, il est blessé dans sa chair et dans son intimité. Il a senti une forme de violence supérieure qui l’a poussé à vouloir en parler. Parce que comme il le disait lui même, ça va bien au-delà de son cas personnel. Il n’est pas du tout le seul à recevoir ce genre de menaces, d’insultes racistes. Il y a des gens qui les subissent au quotidien. (…) il pense à tous ces gens qui sont racisés, des noirs, des arabes, des juifs, des musulmans, des homosexuels, des transsexuels, bref, tous ceux qui vivent des discriminations au quotidien et qui ont peur aujourd’hui que la parole raciste se libère. » Il rappelle enfin que “le racisme, ce n’est pas une opinion, c’est un délit”.

Depuis que le RN a fini en tête lors des élections européennes, la parole raciste semble encore plus décomplexée qu’auparavant. Et ce ne sont pas les élections législatives en cours qui vont calmer la haine ambiante, d’autant plus que le RN est en tête des intentions de vote dans la plupart des sondages. Une situation difficile à vivre pour de nombreuses personnes, et notamment certaines personnalités qui reçoivent de nombreux messages insultants.

Dans une story postée il y a quelques jours sur Instagram, Mohamed Bouhafsi a dévoilé une partie des messages racistes reçus ces derniers jours sur ses réseaux sociaux. « On peut revenir à l’ancien Instagram ? C’était bien non ?« , a écrit le chroniqueur de C à vous (France 5) en légende de cette publication dans laquelle on découvre, par exemple, un internaute lui dire que bientôt « la racaille comme lui » ne sera plus la bienvenue en France. « Vous êtes tous gauchistes. Si vous n’êtes pas bien ici, en France et en Europe et vous pleurez de racisme tout le temps, alors rentrez chez vous (…) On n’a pas la même culture, les mêmes traditions. Vous n’allez jamais vous intégrer ici. Personne ne veut de vous ici« , lui a écrit une autre personne anonyme.

Un autre internaute a évoqué lui, un futur « retour au bled » par bateau après les élections. Autant de messages insultants qui lui ont valu le soutien de confrères. « La violence de la bêtise humaine. On lâche rien, courage« , lui a ainsi envoyé Pierre-Antoine Damecour.

Plus de deux millions de procurations ont été enregistrées depuis le 10 juin et le RN, arrivé en tête lors du premier tour, caracole toujours en tête des sondages, avec plusieurs points d’avance sur le Nouveau Front Populaire, tandis que le camp présidentiel reste plus en retrait.

Le Premier ministre Gabriel Attal, chef de file de la majorité sortante aux élections législatives, a accusé son rival d’extrême droite Jordan Bardella de présenter « une centaine de candidats » ayant tenu « des propos racistes, antisémites et homophobes« , ce que le leader du RN a récusé en bloc.

« On ne peut pas construire l’apaisement et le rassemblement quand on présente dans cette élection plus d’une centaine de candidats, c’est à dire presque un sur cinq (…) pour lesquels on a trouvé des propos racistes, antisémites et homophobes« , avait lancé Gabriel Attal lors d’un débat télévisé sur France2 avec Jordan Bardella et le socialiste Olivier Faure, qui représentait le Nouveau Front populaire.

Rassemblements contre l’extrême droite à Paris et en France à trois jours des législatives

Rappelons que plusieurs milliers de personnes se sont rassemblées contre l’extrême droite place de la République, à Paris, à trois jours du premier tour des élections législatives pour lesquelles le Rassemblement national est largement favori. Des rassemblements ont également réuni quelques centaines de personnes à Lille (environ 300), à Marseille (150 environ) et à Rennes (environ 680), ont constaté des journalistes de l’AFP. Tout ça, pour les resulatst qu’on  sait…

A Paris, prises de parole de personnalités, de militants et mini-concerts ont alterné lors d’un événement festif à l’appel de médias (Mediapart, Politis, Arrêt sur images…), de syndicats (CFDT, CGT, Confédération paysanne, FSU…) et de nombreuses associations (Attac, Greenpeace, Abbé Pierre…).

Une autre marche contre l’extrême droite a réuni quelques centaines de personnes qui ont défilé de Saint-Denis à Aubervilliers (Seine-Saint-Denis), à l’appel de syndicats et associations locales mobilisés avant les élections législatives anticipées, a constaté une journaliste de l’AFP.

Attendons une prise de conscience au second tour… Qui sait ?

Il faut savoir que les crimes de haine se multiplient en France… Le 20 mars, le ministère de l’Intérieur a annoncé une hausse de 32 % des “crimes ou délits à caractère raciste, xénophobe ou antireligieux” en 2023, avec une “nette accélération en fin d’année”. Au total, la police et la gendarmerie ont enregistré “près de 15.,000 infractions commises en raison de l’ethnie, au nom de la nation, d’une prétendue race ou de la religion sur l’ensemble du territoire français, dont 8.500 crimes ou délits”.

Devant ces chiffres, deux observations de contexte s’imposent, pour le site européen : “Le pays est aux prises avec une montée des tensions raciales liée au conflit au Moyen-Orient, ainsi qu’à la popularité sans précédent de l’extrême droite, à la veille des élections européennes de l’été prochain.”

Par Mustapha Bouhaddar pour Maghreb Canada Express, Vol. XXII, N°05, Pages 02-03, JUILLET 2024

ÉDITION DE JUILLET 2024 (PDF)

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