Avec les élections de 2024, la France se trouve à un carrefour crucial et à un tournant majeur pour sa destinée. D’un côté, la vision traditionnelle d’une France fidèle à sa devise « Liberté, Égalité, Fraternité« , et de l’autre, une montée inquiétante de l’extrême droite qui promet une politique axée sur la restriction de l’immigration ayant pour visée la dissension et la séparation du peuple français.

Le résultat du 1er tour des élections dont le Rassemblement National, incluant les alliances LR-RN ayant atteint 33,15 % est venu mettre en évidence et confirmer la progression significative des partis d’extrême droite, usant d’un discours qui réfute l’immigration et le nationalisme. Ces derniers qui prennent comme slogans ; « Rendre la France aux Français » et « Restaurer l’ordre » trouvent un écho auprès d’une partie de l’électorat inquiète face aux défis économiques et sécuritaires.

Cependant, cette rhétorique et verve exagérées inquiètent de nombreux observateurs qui y voient une menace pour les valeurs fondamentales de la République. Certaines associations de défense des droits de l’homme alertent, cependant, sur les risques d’une politique qui stigmatiserait les immigrés et les minorités.

En outre, les partis traditionnels et de gauche appellent à la vigilance, rappelant l’importance de préserver une France ouverte et tolérante. Ils soulignent que la force de la nation réside, justement, dans sa diversité et sa capacité à intégrer, plutôt que dans l’exclusion.

Grande surprise au 2ème tour, la coalition du Nouveau Front populaire a inversé la vapeur et, est arrivée en tête en nombre de sièges et se considère comme le vainqueur du scrutin, avec 31 % des sièges, ces résultats ont perturbé l’échiquier politique Français et aucun formation politique ne dispose de la majorité et la France dispose d’un cerveau tricéphale compliquant la formation d’un gouvernement.. et Macron se prétextant des JO 2024, repousse les propositions du NFP.

Cette élection pose donc une question fondamentale : quelle France les citoyens choisiront-ils ? Celle de l’ouverture et de la fraternité, ou celle du repli et de la méfiance ?

Le débat promet d’être intense dans les mois à venir, avec des enjeux qui dépassent largement le cadre national. L’issue de cette élection pourrait en effet influencer profondément non seulement l’avenir de la France, mais aussi celui de l’Europe toute entière.

Aperçu historique de l’immigration maghrébine en France

? Début du 20e siècle, arrivée des premiers travailleurs, principalement des maghrébins, pour répondre aux besoins de main-d’œuvre dans l’industrie et l’agriculture.

? Première Guerre mondiale (1914-1918), recrutement de soldats et travailleurs nord-africains pour soutenir l’effort de guerre.

? Entre les deux guerres, augmentation progressive de l’immigration maghrébine.

? Seconde Guerre mondiale (1939-1945), participation de soldats maghrébins à la libération de la France.

? 1950-1960, forte augmentation de l’immigration due à la reconstruction du pays qui coïncide avec le boom économique.

? Indépendance des pays du Maghreb (Maroc et Tunisie en 1956, Algérie en 1962).

? 1962-1973, les accords bilatéraux facilitant l’immigration pour le travail. Arrivée massive de travailleurs maghrébins.

? 1974, suspension officielle de l’immigration de travail, mais poursuite du regroupement familial.

? Années 1980-1990, stabilisation des communautés maghrébines en France. Débats sur l’intégration et émergence de la « seconde génération ».

? Années 2000 à aujourd’hui, diversification des profils d’immigrants (étudiants, professionnels qualifiés, politiciens).

Ces français intégrés dans la société Marocaine et qui votent extrême droite.

Le Maroc est une destination attractive pour de nombreux Français grâce à ses opportunités économiques, sa qualité de vie et sa proximité culturelle et géographique.

Cependant, les expatriés Français sont fondu dans la société et l’intégration n’est plus à prouver, nous avons cédé la parole à quelques témoignages.

Au cœur de la médina de Marrakech, sous le soleil brûlant de la ville ocre, Pierre, 65 ans, sirote son thé à la menthe. Retraité installé au Maroc depuis cinq ans, il vante les mérites de sa vie d’expatrié. « Ici, c’est le paradis. On vit comme des rois », confie-t-il. Pourtant, lorsqu’on aborde la question politique, le ton change. « En France, il y a trop d’immigrés. Il faut que ça cesse », assène-t-il.

Ce discours, aussi surprenant soit-il, n’est pas isolé. Selon une étude récente, près de 30% des Français résidant au Maroc auraient voté pour l’extrême droite lors des dernières élections. Un chiffre qui interpelle et soulève de nombreuses questions.

« C’est un véritable paradoxe », explique Sarah Leroy, sociologue spécialiste des migrations. « Ces personnes bénéficient de l’hospitalité marocaine tout en soutenant des politiques qui prônent la fermeture des frontières en France. »

Cette contradiction flagrante ne semble pas gêner Martine, propriétaire d’un Riad à Essaouira. « Ce n’est pas la même chose. Nous, on s’intègre, on respecte la culture« , argue-t-elle, en essayant de cacher maladroitement l’ironie de ses propos.

Du côté des autorités marocaines, on observe cette situation avec une certaine perplexité. « Nous accueillons ces résidents à bras ouverts, mais leur attitude politique pose question« , confie, sous couvert d’anonymat, un haut fonctionnaire du ministère des Affaires étrangères marocain.

Ce phénomène soulève également des interrogations sur le droit de vote des expatriés. Faut-il revoir les conditions de participation aux scrutins nationaux pour ceux qui ont fait le choix de vivre à l’étranger ?

En attendant, dans les ruelles animées de Marrakech ou sur les plages d’Agadir, le débat fait rage au sein de la communauté française. Entre ceux qui assument leur position et ceux qui dénoncent cette incohérence, le fossé se creuse, reflet d’une France divisée, même à des milliers de kilomètres de ses frontières.

La contradiction entre les Français vivant à l’étranger, notamment au Maroc, et leur éventuel soutien à des partis d’extrême droite en France soulève d’importantes questions de cohérence morale et éthique. La date du 7 juillet pourrait en effet être déterminante dans la manière dont la France traite non seulement ses immigrés mais aussi ses relations internationales et l’image qu’elle projette dans le monde. Le débat sur l’immigration ne doit pas négliger la dimension humaine et la nécessité d’un traitement équitable et respectueux pour tous les individus, qu’ils soient migrants, réfugiés, ou expatriés.

Par Abderrazaq Mihamou, pour Maghreb Canada Express, Vol. XXII, N°06, page 7, Édition Aout 2024

LIRE L’ÉDITION DU MOIS D’AOÛT 2024 (PDF)

Maghreb Canada Express

By AEF