Après la victoire de l’extrême droite aux européennes, on se demandait si ça valait le coup de vivre encore en France avec une vague d’individus racistes, antisémites, homophobes et décomplexés.
Mais les Français se sont mobilisés et ont fait barrage à l’extrême droite qui, au moment où nous rédigeons cet article, n’a eu aucune proposition de poste important.
La gauche en tête, le RN en recul, “un miracle politique” Le Nouveau Front populaire arrive en tête. Ce qui a surpris les grands politiciens et journalistes étrangers.
Depuis le Québec, Le Devoir revenait, quant à lui, à la veille du second tour, sur une coalition “plurielle” des forces de droite, du centre, de gauche. “Un vieux rêve d’Emmanuel Macron, qui évoquait dès sa première campagne, en 2017, une ‘grande coalition’” à l’allemande.
Mais “pour l’instant, à gauche, seule la secrétaire nationale des Écologistes, Marine Tondelier, a manifesté son intérêt, contrairement au secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure, et à l’écologiste Sandrine Rousseau, qui y voient une alliance contre nature.
Quant aux Insoumis, ils ont affirmé, par le truchement de leur coordinateur national, Manuel Bompard, qu’ils ‘’ne gouverneront que pour appliquer leur programme. Rien que leur programme’”, rappelait le quotidien Montréalais, qui cherchait lui aussi le nom d’un Premier ministrable.
Comme l’a bien analysé un journaliste espagnol d’El País, la grande coalition était le seul moyen pour freiner l’extrême droite. Or “ce qui semblait impossible au début d’une campagne où les trois blocs, extrême droite, centre et alliance de gauche, s’accusaient mutuellement de tout, semble de plus en plus viable (bien qu’encore difficile), après la mise en place du cordon sanitaire pour le second tour”. “Les partis du centre autour du président Macron, ainsi que certaines formations de gauche (sans La France Insoumise radicale) et même la droite traditionnelle des Républicains, ont timidement ouvert la porte à cette possibilité ces derniers jours.”
Reste que, “dans tous les cas de figure, si une telle coalition devait voir le jour, elle ne pourrait de toute façon pas avoir de majorité absolue. Elle serait donc vulnérable à un vote de censure puisque, s’ils obtiennent les résultats escomptés, LFI et RN pourraient ensemble faire tomber ce gouvernement ‘pluriel’ n’importe quand”, rappelle Le Devoir.
“Chose certaine, incapable de s’entendre sur l’immigration, la sécurité, le nucléaire, la politique économique et même le budget, ce gouvernement ne pourrait entreprendre de grandes réformes et devrait se contenter d’une gestion minimale au jour le jour du pays. Cela, au moment où la France a été décotée par les agences de notation pour dette et déficit incontrôlés.
De là à dire que la France sera ingouvernable en attendant une nouvelle dissolution ou des élections présidentielles, il n’y a qu’un pas que franchissent la plupart des observateurs. Et surtout, une telle union, si elle venait malgré tout à voir le jour, adouberait le RN en tant que ‘seul grand parti d’opposition et seule force d’alternance’” : Le nouveau grand parti de droite, conclut Le Devoir.
Le New York Times lui aussi s’est penché sur ce scénario : “Dans l’état actuel des choses, aucun bloc ne semble en mesure de trouver suffisamment de partenaires pour former une majorité, laissant à M. Macron des options limitées.”
“La culture politique française ne favorise pas le compromis, explique dans le quotidien américain Samy Benzina, professeur de droit public à l’université de Poitier, et de souligner que les institutions françaises sont conçues pour produire des “majorités franches capables de gouverner seules”. “Ce serait la première fois sous la Ve République qu’un gouvernement ne pourrait être constitué faute d’une majorité solide”, ajoute-t-il.
Une autre possibilité serait de mettre en place un gouvernement intérimaire qui gérerait les affaires courantes jusqu’à ce qu’une percée politique soit réalisée. Mais cela constituerait également une rupture avec la tradition française. Si aucune de ces solutions ne fonctionne, le pays pourrait se diriger vers des mois d’impasse politique, rappelle encore le New York Times.
L’Hexagone vit des heures graves, observait la presse étrangère avant même l’annonce des résultats. Ce dimanche, constatait par exemple l’hebdomadaire allemand Die Zeit, “pour de nombreux électeurs, ce vote est un véritable acte de désespoir”. Encore une fois, comme lors des scrutins différents, de nombreux citoyens étaient obligés de voter “pour des personnes qu’ils rejetaient encore politiquement il y a peu : ils ne votent pas pour un programme, mais au second tour surtout contre Marine Le Pen”.
Ceci s’ajoute à une tension déjà très palpable dans le pays, s’inquiète The Guardian. “La France n’a pas connu de telles tensions politiques depuis des décennies. Elle a atteint un moment historique dont elle ne pourra pas se défaire facilement.”
Encore abasourdis par la dissolution annoncée brutalement le 9 juin, les correspondants étrangers en France n’en finissent plus d’épiloguer sur les motivations du président jugé largement responsable du désastre qui s’annonce.
Emmanuel Macron a non seulement dissous l’Assemblée, mais il a aussi dissous le macronisme, juge ainsi Roger Cohen dans The New York Times. “Macron joue et perd la République”, titre le journal de gauche Die Tageszeitung. “Micron”, ose de son côté le quotidien milanais Libero, comme pour souligner la faiblesse du score du parti présidentiel.
Emmanuel Macron a dynamité les partis politiques en France, avec le pléthore des partis, on ne sait plus à qui se fier et quel programme adopter.
Quelque soit le premier ministre choisi, l’ombre du RN planera toujours sur la politique française, et on ne sera jamais à l’abri tant qu’un grand parti politique, solide et démocratique ne voit le jour, et prenne les commandes.
Par Mustapha Bouhaddar, pour Maghreb Canada Express, Vol. XXII, N°06, page 6, Édition Août 2024