Le dossier de la Communauté des Marocains de l’Étranger « CME » est complexe et compliqué; Un dossier qui implique quelques 6 millions d’âmes éparpillés dans les quatre coins du monde et, qui ont subi des mutations sociologiques. Un dossier qui dépend à la fois des pays de résidence et du pays d’origine. Ce dossier se caractérise aussi par l’attachement et une fidélité infaillible des CME à leur pays d’origine. Si cet attachement est indéfectible, des questions cruciales liées à l’aspiration, aux intérêts et aux droits de ces millions de marocains de l’étranger restent posées.
Le manque d’une compréhension de cette réalité enduit certainement à un risque réel de versement dans la redondance et dans l’amalgame. En effet, la multitude d’institutions qui agit dans ce dossier n’a engendré jusqu’à présent que des politiques publiques inadaptées voire des ruptures et des stéréotypes. Il est donc urgent de changer de politique vis à vis de ce dossier afin de mieux faire émerger les conditions nécessaires permettant à notre communauté de remplir pleinement son rôle dans plusieurs domaines. Pour se faire, il est nécessaire d’adopter une nouvelle approche visionnaire, homogène et cohérente au sujet de ce dossier à multiples facettes.
Car, au niveau des pays de résidence, il est incontestablement vrai que les intérêts de notre communauté sont protégés et que celle-ci jouit de ses droits dans ses pays de résidence respectifs. En effet, il y a plus d’un demi-siècle que les associations et organisations de notre communauté ont milité et ont acquis avec le temps leurs droits. Elles ont aussi négocié la place et le rôle de notre communauté dans les sociétés de résidence. Par conséquent, sans parler des domaines du sport, des arts et de la littérature, aujourd’hui: ministres, secrétaires d’État, députés, Maire de villes, cadre de l’administration et experts, etc. d’origine marocaine n’est plus une exception. Ce qui est loin d’être le cas, dans notre pays d’origine, le Maroc.
C’est donc au niveau du Maroc que les intérêts des membres de notre communauté ne sont pas protégés et que leurs droits sont bafoués. En effet, à l’exception des discours royaux qui portent en eux une sollicitude royale particulière envers notre communauté, les Citoyens Marocains de l´Étranger « CME » ne jouissent pas de leurs droits et principalement politiques.
Pourtant, ces droits sont ancrés dans la Constitution de 2011. Cet état de fait engendre un sentiment d’incompréhension et de méfiance vis-à-vis des institutions dédiées à notre communauté et du gouvernement en général.
Pourtant, notre communauté est au cœur des réformes structurantes et profondes, des préoccupations et des projections de S.M le roi. En effet, le souverain a créé par décret en décembre 2007 le CCME avec une feuille de route précise. Un CCME qui a été vidé de sa substance lors de sa mise en œuvre et dont sa mise en conformité avec la constitution n’est pas toujours réalisée.
Le souverain avait aussi dans son discours d’aout 2022 dressé un diagnostic de la gestion des affaires de notre communauté et donné ses directives pour une refonte globale de l’action des Instances étatiques en la matière. A ce discours sur l’absence d’initiative du gouvernement qui tarde à assurer l’effectivité des droits de notre communauté, j’ai consacré un ouvrage sous le titre : Les Citoyens Marocains de l’Étranger « CME »: La renaissance d’un espoir ! et émis un certain nombre de propositions.
Malgré ce diagnostic accablant du souverain, les institutions dédiées à notre communauté et le gouvernement en général sont restés inertes. Ils se contentent d’organiser des réunions au lendemain de chaque discours royal et la création à chaque fois des commissions qui ne sont qu’une stratégie pour enterrer ces réformes. Personne n’est dupe, on sait qu’au fond, ceci n’est que des manœuvres dilatoires. Notre communauté mérite reconnaissance et considération.
A partir de là, il est légitime de s’interroger sur les dysfonctionnements de cette relation difficile entre notre communauté et les institutions qui lui sont dédiées, voire avec l’ensemble du gouvernement. Notre communauté a le droit de comprendre et de savoir les raisons qui rendent cette relation si compliquée.
D’autant plus, qu’en novembre dernier, Sa Majesté a jeté les bases d’une véritable inflexion institutionnelle qui met la communauté des Citoyens Marocains de l’Étranger « CME » au cœur du dispositif de développement socio-économique du Royaume. En effet, dans son discours du 6 novembre, le souverain fait naître au sein de notre communauté l’espérance en décidant de redynamiser le CCME et la création d’une nouvelle fondation « Mohammedia ». Nous espérons que cela va mettre fin au chevauchement des rôles et que le gouvernement s’exécute cette foi en mettant en œuvre d’une manière positive les recommandations royales. Quant aux partis politiques il est temps qu’ils se considèrent concernés par ce sujet et développent enfin un vrai projet.
Il est temps de sortir de cette équation absurde et prendre les mesures nécessaires et adéquates pour faire accéder notre communauté à une citoyenneté pleine et entière. Car, c’est là où réside le problème. Il faudrait changer l’approche de l’ensemble des intervenants. Nous lançons un appel au souverain pour agir fermement afin que les reformes se fassent d’une manière adéquate et que les responsables des institutions dédiées à notre communauté rendent des comptes. Car ces réformes ne pourront pas se faire avec des personnes qui ont failli à leur devoir.
De leurs côtés, les associations et organisations de notre communauté doivent commencer par dépasser leurs divergences et divisions et opter pour une coopération, qui pourrait conduire à une union. Elles doivent aussi élaborer un programme pour défendre les intérêts de notre communauté et du Maroc. Pour se faire, une autocritique s’avère obligatoire afin de passer à une vraie mutation pour donner le meilleur d’elles-mêmes.