Source : Africa Watch (Laayoune, Maroc)
La Coalition des ONG sahraouies a participé aux travaux du Premier Congrès mondial sur les disparitions forcées1 organisé à Genève ( Suisse) les 15 et 16 janvier 2024 suite à sa contribution par un rapport informatif sur les efforts de la coalition pour sensibiliser aux dangers des disparitions forcées et faire connaître les exigences de la Convention internationale pour la protection de toutes les personnes contre les disparitions forcées, ainsi que les défis auxquels sont confrontés les individus et les groupes suite aux disparitions forcées commises par des acteurs étatiques et non étatiques dans des contextes de paix et de conflits armés, et ce, en plus de soutenir les efforts internationaux de ratification de l’Accord connexe.
L’engagement de la Coalition des ONG sahraouies à défendre et à promouvoir les droits de l’homme dans la région de l’Afrique du Nord (et en particulier dans les provinces du sud du Royaume du Maroc, dans les camps sahraouis de Tindouf et dans les pays voisins) n’a d’égal que sa volonté de mettre en exergue, de surveiller, de documenter et de rendre compte des violations, commises dans la région aux mécanismes régionaux et internationaux de protection des droits de l’homme ainsi que de veiller à ce que les individus ne soient pas victimes d’attaques contre leur droit à la vie, contre leur intégrité physique ou victimes d’autres abus graves.
La participation de la Coalition des ONG sahraouies, au premier Congrès mondial sur les disparitions forcées, s’inscrit dans le cadre de ses efforts pour faire connaître et dénoncer les crimes majeurs commis contre les Sahraouis enfermés dans les camps de Tindouf depuis 1975. Il s’agit, en particulier, d’exécutions extrajudiciaires et de disparitions forcées. Ce congrès fut donc l’occasion idoine pour informer les experts des Nations Unies, la communauté des défenseurs des droits de l’homme et les familles des victimes, partout à travers le monde, de ces crimes commis dans ces camps et gardés secrets; faute d’existence d’organismes civils indépendants du Polisario pour les dénoncer.
Il est à souligner que l’action de la coalition se base sur les dispositions des conventions des droits de l’homme et les principes des Nations Unies qui encadrent les droits de l’homme, les libertés et la dignité tels que l’universalité, l’indivisibilité des droits de l’homme, la neutralité de ceux qui travaillent dans le domaine de la défense des droits de l’homme, la non-discrimination et le bannissement des idéologies violant la Charte des Nations Unies, et ne triomphant que pour des prémisses politiques, racistes et vindicatives qui sont devenues connues aux niveaux local, régional et international.
La Coalition des ONG sahraouies a salué l’initiative de réfléchir et de préparer l’organisation d’un congrès mondial sur le problème des disparitions forcées et la manière de le résoudre, ainsi que l’élaboration de normes, de stratégies et de campagnes de soutien internationales en faveur de la ratification universelle de la Convention internationale pour la protection de toutes les personnes contre les disparitions forcées, et a encouragé les États parties à mettre en œuvre les exigences et recommandations qu’elle a formulées à l’occasion de l’examen des rapports des États.
Tout en saluant cette initiative multilatérale, l’Alliance estime que le rôle du Haut-Commissariat aux droits de l’homme ainsi que celui des États membres du Conseil des droits de l’homme sont cruciaux pour surmonter les obstacles et les défis associés à l’échec de nombreux États à ratifier la Convention internationale pour la protection de toutes les personnes contre les disparitions forcées, comme l’État algérien, et à freiner le comportement des acteurs non étatiques tels que le Polisario, qui violent les règles du droit international des droits de l’homme et du droit international humanitaire.
La Coalition des ONG sahraouies a recommandé aux organisateurs de la conférence ainsi qu’aux autres parties prenantes de prêter attention à la situation des Droits de l’Homme en Algérie en général, et dans les camps de Tindouf en particulier, et de révéler la vérité sur les graves violations (principalement confuses par la propagation généralisée des disparitions forcées) ayant eu lieu sur tout le territoire algérien ainsi que dans les camps sahraouis de Tindouf, et la nécessité de pousser les autorités algériennes à mettre en œuvre les résolutions du Conseil de sécurité relatives à la réalisation d’un recensement complet des résidents des camps, afin de garantir leur protection de la part de l’ONU par le biais d’un statut juridique leur ouvrant des voies de recours aux droits énoncés dans la Convention internationale de 1951 relative au statut des réfugiés ainsi qu’à son Protocole additionnel de 1967.
La conviction des composantes de la Coalition des ONG sahraouies en l’impossibilité d’atteindre ces objectifs sans un bon plaidoyer et sans communication efficace avec toutes les parties et institutions participant au premier Congrès mondial sur les disparitions forcées, a permis aux représentants de cette Coalition de contacter les titulaires de mandats des procédures spéciales du Conseil des droits de l’homme, les experts des comités de traités et les responsables du Haut-Commissariat aux droits de l’homme; d’interagir et de se solidariser avec les défenseurs des droits de l’homme en Afrique, en Asie et en Amérique, et d’identifier les contextes de violations graves et de disparitions forcées commises en Algérie, au Mexique, en Colombie, au Burundi et au Cachemire, et ce, en expliquant et en fournissant des informations complètes sur la carte des violations dans les camps de Tindouf, tout en fournissant des données sur les cas documentés de disparitions forcées ( tels que le cas de Khalil Ahmed Braih et le cas de Mohamed Bassiri) et en étudiant les possibilités de réseautage avec diverses organisations et associations des familles des victimes avec lesquelles les représentants de la coalition ont communiqué.
Malgré le fort plaidoyer des représentants de la Coalition des ONG sahraouies lors du congrès, et la force de persuasion de leurs efforts auprès des différents participants, y compris les experts, les défenseurs des droits de l’homme et les familles des disparus forcés, le chemin reste long et ardu, face à l’ampleur des défis associés à la prolifération des pseudo-activistes et à ceux impliqués dans des projets destructeurs du mouvement des droits de l’homme. Ceci sans oublier la quantité de fausses informations répandues dans les ateliers du Congrès, dans les environs du Palais de ce Congrès et aussi sur les réseaux sociaux; Ce qui nécessite la mobilisation d’un large éventail de défenseurs des droits de l’homme et d’activistes familiers avec le contexte des droits et libertés dans la région en vue de démanteler ce discours de militants rentiers et vendeurs d’illusions sur les trottoirs des conférences et dans les récifs des organisations internationales en vue de gagner une sympathie moyennant argent sonnant qui hélas ne pourrait qu’hypothéquer l’avenir des milliers de Sahraouis à Hamada de Tindouf; loin de leur terre d’origine.
L’Alliance des ONG sahraouies salue les engagements volontaires pris par le Royaume du Maroc, dans le cadre de sa contribution à la réalisation des objectifs de la Convention internationale pour la protection de toutes les personnes contre les disparitions forcées, d’inclure le crime de disparition forcée dans le système pénal marocain en tant que violation grave et crime indépendant en application des exigences de la convention internationale pertinente des disparitions forcées.
La coalition salue également l’intention du Maroc d’organiser un conférence régionale dans le but d’échanger des expériences et des bonnes pratiques en matière de respect des obligations internationales conformément aux exigences de la Convention internationale pour la protection de toutes les personnes contre les disparitions forcées, et recommande d’assurer une large participation des composantes de la société civile œuvrant dans le domaine des droits de l’homme.
Par ailleurs, la Coalition des ONG sahraouies souligne que le moment est venu de créer un espace civique commun permettant aux composantes de la société civile de la Région de travailler sur les questions de disparitions forcées et d’autres violations flagrantes des droits de l’homme qui constituent encore une caractéristique déterminante des autorités algériennes et des responsables des camps de Tindouf, de surveiller et documenter ce qui se passe dans la région et de fournir aux mécanismes des Nations Unies tout ce qui pourrait améliorer l’état des droits et libertés dans la région. De telles actions sont nécessaires d’autant plus que :
- La situation des droits de l’homme en Algérie et dans les camps de Tindouf ne cesse de se détériorer dans un contexte régional et international instable;
- Le gouvernement algérien et les représentants du Conseil National des droits de l’homme algérien ont brillé par leur absence lors des travaux du Premier Congrès mondial sur les disparitions forcées;
- Les militants et les défenseurs souhaitant faire entendre leur voix dans les ateliers de ce premier forum mondial ont été harcelés,
- Le recours aux disparitions forcées se pratique pour réprimer et intimider les opposants, en Algérie et dans les camps sahraouis de Tindouf, désireux d’attirer l’attention des autorités algériennes sur la nécessité de ratifier la Convention internationale pour la protection contre les disparitions forcées, de reconnaître la compétence de son comité des traités, d’ouvrir un processus de réconciliation nationale qui garantisse 1) la vérité sur les violations ayant eu lieu, 2) des réparations pour les victimes tout en leur permettant de poursuivre les auteurs de violations devant la justice nationale et internationale,
- Il est urgent de s’occuper de la situation des Sahraouis vivant dans les camps de Tindouf en contribuant à leur recensement et à l’examen de leurs doléances devant la justice nationale algérienne, et d’enquêter sur les graves violations commises dans les camps depuis leur création en 1975.
Note :
- Le premier Congrès mondial sur les disparitions forcées est coorganisé par la CEDI, le Comité des disparitions forcées des Nations Unies, le Groupe de travail sur les disparitions forcées ou involontaires des Nations Unies, et le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’Homme. ↩︎
Pour contacter Africa Watch et la Coalition des ONG sahraouies :
Abdelouahab GAIN :
Courriel : contact.africawatch2019@gmail.com