Ce fut le thème du brunch-causerie où fut donné le coup d’envoi de la quatrième édition des ‘’Journées du Maroc au Canada ’’ dont le programme figure à la page 9 de cette édition.

Invité parmi trois autres conférenciers, j’ai eu le plaisir d’y intervenir  avec une communication orale intitulée : ‘’Vivre-ensemble dans la diversité : Des responsabilités partagées’’ où fut remarqué que la ‘’Peur de l’Autre’’ semble se développer davantage au Québec que dans le reste du Canada , et ce, semble-t-il à cause, entre autres, du mal-vivre-ensemble qui sévit en Europe en général, et en France en particulier, entre musulmans et non musulmans.

Soulignant que ce mal-vivre-ensemble (en Europe) serait davantage la conséquence de blessures mal cicatrisées, héritées d’un passé colonial entre anciens pays colonisés et pays colonisateurs que d’une guerre de religion qui ne dit pas son nom, la communication suggéra, pour endiguer cette peur montante entre musulmans et leurs concitoyens québécois, qui pas plus loin que les années 1990 les recevaient à bras ouverts , ce qui suit  :

  • Miser sur la jeunesse pour changer les stéréotypes, et ce, en impliquant les étudiants québécois dans des activités organisées par les gouvernements des pays d’origine à l’intention de leurs ressortissants (colonies de vacances, universités d’été …);
  • Renforcer le rôle des centres culturels (comme Dar Al Maghrib) et étendre leurs activités aux régions en collaboration avec les commissions scolaires et les ONG québécoises;
  • Solliciter les médias pour multiplier les reportages sur les ‘’success stories’’ des membres de la communauté et lutter contre la stigmatisation résultante des reportages négatifs ;
  • Solliciter l’aide des gouvernements aux niveaux Fédéral, provincial et municipal pour mettre sur pied des programmes de rapprochement entre franges de la société , et ce, en s’inspirant du vivre-ensemble réussi dans certains pays comme Trinidad & Tobago, La Malaisie, La Nouvelle-Zélande…;
  • Inciter tout chacun de nos communautés à aller vers l’Autre, et ce, en multipliant les invitations entre voisins ou lors de rassemblements collectifs pour célébrer les fêtes religieuses, les iftars du ramadan…;
  • S’impliquer individuellement dans toutes les activités organisées par les écoles, les ONG de quartier, etc.;
  • Faire du bénévolat lors des fêtes nationales ou des opérations (comme Nez-Rouge; pourquoi pas? pour conduire chez eux des personnes ayant pris un verre de trop) pour que ces fêtes se déroulent sans incident;
  • Inciter les gouvernements à utiliser les communautés culturelles comme clés pour ouvrir les marchés des pays d’origine et y exporter le savoir-faire québécois et canadien au lieu d’y envoyer les prémisses d’un message de haine qui hélas est en train de fleurir devant nos yeux;
  • Inciter les ONG de différentes confessions à travailler ensemble pour accomplir les actions mentionnées ci-dessus.

Rappelons que cette communication ferma la marche sur les trois autres communications qui furent faites lors de ce brunch-causerie; à savoir :

  1. La communication de M. Avraham El Arrar (Président de la fédération des séfarades du Canada)  intitulée Les modèles politiques de gestion de la diversité au Maroc et au Canada: Regards croisés (Voir page 4);
  2. La communication de M. Moha Ennaji (Professeur-Chercheur) intitulée ’Multiculturalisme et Hospitalité Marocaine’’ (Voir page 5);
  3. La communication de l’écrivain conteur français Jean-Marie Simon intitulée ‘’Juifs, Chrétiens et Musulmans au Maroc: une tradition de vivre-ensemble en harmonie’’.

L’écrivain conteur français Jean-Marie Simon vit le plus souvent à Gourrama, (bourg du Sud-Est marocain) dans une famille amazighe (berbère) musulmane, à l’intérieur d’une synagogue désaffectée.

Fort de cela, il entretient de nombreux liens d’amitié avec les Juifs toujours nombreux lors de leur pèlerinage annuel, au Maroc, sur la tombe de Rabbi Isthak Abessarah, saint homme israélite enseveli tout près de là.

Jean-Marie Simon fut aussi, en tant que Chrétien, les 30 et 31 Mars 2019, le témoin privilégié de la visite à Rabat (Maroc) de sa Sainteté le pape François sur l’invitation de Sa Majesté Mohamed VI.

Cet événement œcuménique ne manqua point d’avoir des répercussions sur sa famille d’accueil, à Gourrama, au sein de laquelle son filleul Hammou, jeune orphelin des Aït Seghrouchen, lui apporta des commentaires emplis d’une naïve tolérance venue du plus profond de son éducation, au sein d’un entourage d’ouverture et de respect pour l’étranger.

Ces expériences de partage entre les trois religions abrahamiques nourrissent la vie et l’œuvre de Jean-Marie Somon.

Il nous les avait offertes en toute simplicité lors de ce Brunch-causerie au Centre Culturel du Royaume du Maroc.

Par Abderrahman El Fouladi pour Maghreb Canada Express, page 3, Vol. XVII, N°7 , JUILLET 2019

Pour lire  l’édition de JUILLET 2019, cliquer sur l’image:

 

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