9- foto said(Par  Pr. Said Charchira, Tel : RFA +4915773076053, Mail : charchira@gmx.net , www.charchira.com)

Depuis l’adoption de la nouvelle Constitution en juillet 2011, la mobilisation des Citoyens Marocains de l’Étranger « CME » s’est intensifiée.

 Des rencontres et débats se sont multipliés dans différents pays de résidence et au Maroc pour exiger une réelle citoyenneté, une refonte des méthodes de défense des intérêts nationaux du Maroc et un sens de l’écoute de la part des responsables. Au sommet de ces revendications politiques, se trouvent un CCME fort, crédible et représentatif ainsi que la participation politique (députation). Car c’est à travers la participation politique, que les CME disposent d’un canal de gouvernance.

En effet, la présence  au sein de l’institution législative des députés de la communauté, qui maitrisent le dossier est susceptible de contribuer à résoudre certaines préoccupations politiques de la communauté et répondre ainsi à  ses revendications légitimes, concernant « la participation fructueuse aux différents aspects de la vie nationale ». Quant au CCME, il demeure la seule institution susceptible de permettre à la communauté de jouer un rôle dynamique.

Sans vouloir aborder la thématique de l’inflation des institutions, chargées de la gestion de ce dossier multidimensionnel, il est certain, que si le Ministère, auprès du chef du gouvernement, chargé de la communauté est une institution gouvernementale importante, le Conseil de la Communauté des Citoyens Marocains de l’Etranger « CCME » est autant important pour la communauté.

En effet, la gestion des aspects, tels la dimension politique et la double appartenance ainsi que la dimension sociale au sens large, les volets socio-éducatif, socio-culturel, les aspects socio-religieux, etc, ne peuvent être gérés que par une institution gouvernementale, d’où l’opportunité du ministère auprès du chef du gouvernement, chargé de la communauté.

Quant au Conseil de la Communauté Marocaine de l’Etranger « CCME » il demeure l’institution à laquelle la quasi-totalité de la communauté tienne énormément. Il est la seule institution susceptible de lui permettre de s’organiser, de s’épanouir dans son rôle et de renforcer sa dynamique. Il est un acquis fondamental qu’il faut préserver et promouvoir. Il est à mon sens, le seul espace où devrait se retrouver les représentants de la communauté dans leur grande diversité. C’est en quelque sorte un petit « parlement » de la communauté, qui doit émettre des avis sur toute politique migratoire, d’où l’importance que sa composition soit à 100% CME.

C’est dans ce sens, qu’un nombre de plus en plus important d’acteurs de la communauté, ne cesse de multiplier les actions en faveur d’un débat national, qui pose les bases d’une réflexion sur «le comment» de l’application des articles de la constitution dédiés à notre communauté dont celui relatif au CCME. Avec les propositions sur la mise en œuvre d’une politique équilibrée, juste et visionnaire ainsi qu’un projet de Loi ordinaire relative au CCME, le colloque de juin dernier à Rabat organisé par MOME a lancé un appel au débat.

Avec le projet de Loi du PAM relative au CCME et les propositions de l’USFP, concernant à la fois la députation et le CCME, on peut dire, que le débat est lancé. En effet, la proposition du groupe parlementaire de l’USFP de réserver 30 sièges aux Citoyens Marocains de l’Etranger « CME »  dans la chambre des représentants par le biais de la création de circonscriptions législatives à l’étranger et du vote et d’éligibilité à partir des pays de résidence est une initiative conforme à la constitution et répond aux attentes des CME. Car nos préoccupations tant ici que là-bas sont principalement d’ordre politiques et le parlement est une institution politique avant d’être législatif.

Il est évident, que nous aurions aimé que les cent (100) membres du CCME proposés, soient aussi élus. Car la démocratie, induit forcement à l’élection démocratique et transparente et que la méthode de nominations, n’est pas à mon sens, compatible avec un Maroc moderne et démocratique. Mais l’espoir demeure !

C’est pourquoi, il est nécessaire de prôner la voie de la démocratie délibérative dans l’affirmation d’une citoyenneté effective. Cette dynamique pourrait contribuer à accélérer la mise en œuvre des dispositions de la nouvelle constitution d’une manière démocratique et participative. Car, au-delà de la légitimité des urnes une décision politique ne peut être légitime que si elle émane d’un débat public, représentatif et contradictoire.

La nécessite s’impose non seulement de régler la question du CCME et de la députation, mais d’avoir également pour objectif une répartition rationnelle, judicieuse et complémentaire des attributions entre les deux principales institutions (ministère et CCME), qui semblent, indépendamment des lacunes à combler et des rectifications à entreprendre, incontournables. Il s’agit aussi de revoir les objectifs des autres intervenants dans le dossier, tels la fondation Hassan II, la Banque Al Amal, etc.

D’où la nécessité d’une vision intégrée des priorités et l’unicité de la politique à mener à l’égard de ce dossier multidimensionnel. Une telle démarche permettra de donner plus de clarté et de visibilité à la politique en direction de ces quelques cinq millions de Citoyens Marocains de l’Etranger « CME ».

Un travail, qui n’exige pas seulement d’élaborer des textes organiques et ordinaires pour la mise en œuvre de la Loi fondamentale, mais définir également avec clarté les objectifs à atteindre et les actions concrètes à entreprendre en faveur d’une communauté, qui vit et évolue à des milliers de kilomètres dans des contextes et environnements différents.

Source : Maghreb Canada Expres, Vol. Xii, N°03, Page : 7, Mars 2014)

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