Par Majid Blal, Écrivain et Poète
Ceux qui ne votent pas n’existent pas.
Refuser de voter, c’est refuser de s’affirmer en tant que citoyen et en tant qu’entité partie prenante du débat sur le devenir commun.
Voter n’est pas juste l’expression de la démocratie qui met entre les mains des individus l’outil ultime du suffrage pour choisir ses gouvernants et exiger par la même leur imputabilité face au peuple.
Les individus qui n’ont pas accès à la parole n’ont pas accès au statut de citoyens et demeurent confinés dans le postulat de résidents de seconde zone surtout s’ils sont issus des communautés culturelles, de l’immigration ou de groupes minoritaires. Le vote est l’achèvement, la représentation effective de la parole citoyenne.
Quand on ne vote pas, on ne compterait pas ; ni pour les candidats ni pour les partis politiques. Personne ne se souciera de quémander le vote des absents ni d’assurer la défense des intérêts et des sensibilités des communautés dont les membres ne prennent pas position par leurs voix pendant les élections.
Ne pas voter c’est laisser le champ libre à l’indifférence, à la méconnaissance et, plus loin encore, à la continuité de la stigmatisation et de l’ostracisme ambiant des groupes boucs émissaires.
Combien de peuples et de révolutions s’étaient et se sont élevées pour réclamer le droit de vote et le droit des populations à être consultées dans l’exercice de course au pouvoir politique ! Combien de morts, d’emprisonnements, de tortures ont été infligés aux militants pour les droits démocratiques ; dont le pouvoir des urnes ! Combien de textes, de lois, d’organismes de défense des droits, de valeurs propagées, défendent le droit des peuples à s’autodéterminer et à choisir leurs destins par le biais des élections !
Ne pas voter c’est renier tous ces acquis ainsi que la mémoire de tous les engagés dans la lutte à la démocratisation des systèmes politiques.
Voter c’est Participer à l’élection d’un nouveau gouvernement : Cela suppose d’abord la liberté de choisir en fonction de ses propres convictions et intérêts et d’autre part le respect du choix des autres. On ne peut reprocher à personne ses doutes, ses motivations et ses espoirs. Tous les votes se valent et s’équivalent puisque en démocratie, l’unanimité n’est pas souhaitable puisqu’elle donne naissance à des pouvoirs sans oppositions et à des abus de monopole.
Votez à droite, à gauche, au centre, fédéraliste, souverainiste, autonomiste, vous êtes maitres à bord et seul dans l’isoloir avec votre conscience et vos convictions. Vous n’êtes au service de personne ni le traitre de personne. Vous êtes au même niveau de citoyenneté que n’importe qui et personne n’a le droit de vous culpabiliser.
La communauté maghrébine est à l’image de la société québécoise avec des individus qui ont des sensibilités différentes, des intérêts parfois convergents parfois divergents, des perceptions du vivre-ensemble inclusives ou en replis identitaires, des visions du devenir commun avec des individus qui veulent en faire partie et d’autres qui ne se sentent que passager parmi nous.
L’important est de voter pour souligner son existence sur le territoire physique, dans l’espace constitutionnel et dans la gestion de l’état.
Source Maghreb Canada Express, N°04, Vol. XII, Avril 2014, page 3.