Le Maroc vient de s’engager , en vue de la COP21 et dans le cadre de son INDC (intended nationally determined contributions) à réduire ses émissions de gaz à effet de serre (GES) de 13 % d’ici 2030. Et de placer la barre aussi haute que 32% s’il reçoit un appui financier international. Est-ce réaliste et surtout est-ce réalisable ?
Par Abderrahman El Fouladi
On peut répondre par l’affirmative car primo, les engagements du Maroc restent en deçà de ceux des 37 pays qui ont déjà soumis leur INDC (voir carte ci-dessous) et secundo, ce pays a au moins 4 atouts qui jouent en sa faveur:
1. Les énergies propres (Solaire puis éolien et, éventuellement, marémotrice)
Ces sources d’énergie pourront assurer au fur et à mesure l’indépendance du pays vis-à-vis des énergies fossiles dont il importe 97% actuellement. En effet, contrairement à d’autres pays du Maghreb, le Maroc ne possède aucun gisement pétrolier et ne possède que peu de ressources gazières..
Donc, outre les parcs éoliens déjà existants, le Maroc vient de lancer la construction de la plus grande centrale solaire à concentration au monde (avec une capacité de 2000 MW d’ici 2019), et ce, dans le cadre d’un programme solaire ambitieux visant, non seulement la satisfaction de la demande électrique interne, mais l’exportation de l’électricité hors frontières.
2. Optimisation des émissions des GES dans le secteur des transports
Concernant ce point, le Maroc est en train de parachever la liaison par autoroutes des grands centres économiques du pays. Il pourrait aussi étendre le réseau ferroviaire à des grands centres de production agricole tout en rénovant le parc auto, en imposant des règles strictes à la mise en circulation des engins de transports désuets et en modernisant le transport en commun (y compris par chemin de fer entre les grandes villes).
3. Délocalisation des industries de transformation vers les sources de matières premières.
Forte de ses programmes en matière d’énergies propres, une telle action pourrait désengorger les villes côtières, libérer des terrains occupés par le secteur secondaire au profit du secteur tertiaire et permettre aux produits industriels et agroalimentaires d’être directement expédiés par chemin de fer vers les ports en vue de leur exportation.
4. Augmentation de la capacité des puits des GES.
Il s’agit là de réhabiliter la forêt et les espaces verts qui ont souffert des sécheresses successives, de coupes incontrôlées, de pastoralisme et de compactage. La forêt et les espaces verts contribuent non seulement à rencontrer les engagements quant à la réduction des GES (atténuation par absorption du Co2) mais ils contribuent aussi aux politiques d’adaptation aux impacts des changements climatiques : Nous avons tous en mémoire les dernières inondations qui ont frappé le sud marocain. Ces catastrophes risquent de devenir la règle et non l’exception. Et la meilleur contre-mesure à leur opposer, c’est d’augmenter l’absorption des précipitations au niveau des bassins versants. Le reboisement et l’augmentation des espaces verts pourraient contribuer à l’infiltration des eaux de pluie vers la nappe phréatique… D’une pierre deux coups.
Source : Maghreb Canada Express, page 3, Volume Xiii, Numéro 06, Juin 2015
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