Ce vendredi 29 mai 2020, une annonce glaciale est tombée telle un couperet, à savoir celle du décès du grand Monsieur et résistant qu’était Abderrahman El Youssoufi.

Originaire de Tanger, sous statut international, puisqu’il y est né le 08 mars 1924, le défunt parlait couramment, outre l’arabe, le français, l’espagnol et l’anglais et avait rejoint la résistance alors qu’il n’était qu’un élève interne au Lycée Moulay Youssef de Rabat avec une défunte personne que je connaissais parfaitement.

Je me rappellerai toujours le jour où cette défunte personne, dont je tairai le nom, m’a dit qu’il avait suspendu avec ses camarades au haut du mât du lycée Moulay Youssef de Rabat, le proviseur qui avait osé descendre le drapeau national marocain. Ils furent tous interdit d’études et ne purent les reprendre qu’après intervention énergique du défunt Roi Mohammed V auprès des autorités du protectorat français et purent faire leurs études supérieures dans les plus grandes Universités et Ecoles parisiennes avec une bourse accordée par Feu Sa Majesté Mohammed V.

Le défunt Abderrahman El Youssoufi fut membre du Secrétariat Général de l’Union Nationale des Forces Populaires, qui va devenir en 1975 l’Union Socialiste des Forces Populaires (USFP), et Rédacteur en Chef de son organe « Attahrir » entre 1959 et 1965.

Mais avant de revenir d’un long exil en France, le décès d’Abderrahim Bouabid en 1992 l’avait propulsé au rang de parrain des socialistes marocains et combla les carences de la diplomatie marocaine pour plaider en faveur de la marocanité du Sahara, sa légitimité valant beaucoup plus que la propagande et la distribution d’argent sous formes d’infrastructures. Il faut dire que sa longue carrière d’avocat défenseur des Droits de l’Homme, plusieurs fois décoré avaient fait du défunt Abderrahman El Youssoufi un interlocuteur crédible à l’étranger.

C’est pourquoi, le 04 février 1998, Feu le Roi Hassan II l’avait chargé de former le gouvernement d’alternance qu’il présentera au Roi du Maroc le 14 mars de la même année.

En moins de cinq ans à la tête de l’Exécutif, il visitera plus de vingt pays, avec toujours, dans la mesure du possible, la défense de l’intégrité territoriale en tête. Iran, Inde, Chine ou dans les pays Sud-Américains, l’ancien patron de l’USFP réussit à convaincre de grandes puissances de retirer leur reconnaissance de la pseudo RASD.

Il faut dire que la légitimité de Youssoufi provenait également de son mandat de vice-Président de l’Internationaliste Socialiste (I.S) de 1998 à 2003. Une fonction qu’il a partagée avec des personnalités tels que Felipe Gonzalez, Oscar La Fontaine ou encore Shimon Peres.

Après la mort de Feu le Roi Hassan II, Sa Majesté le Roi Mohammed VI le maintiendra à la tête du gouvernement en lui rendant un hommage remarquable et y restera jusqu’au 09 octobre 2002.

En 2016, le Roi du Maroc avait inauguré à Tanger une avenue portant le nom du défunt, en hommage à son patriotisme et en 2019, le Roi Mohammed VI, Chef Suprême et Chef d’État-Major Général des Forces Armées Royales, avait présidé à Tétouan la cérémonie de prestation de serment des officiers lauréats des différents instituts et écoles militaires et paramilitaires et officiers issus des rangs, et avait baptisé cette promotion du nom de Aderrahmane El Youssoufi, en hommage à ses principes immuables de patriotisme, d’attachement aux symboles sacrés de la Nation et à l’intégrité territoriale du Royaume du Maroc.

Il fut un professeur pour tous les leaders politiques marocains, actuels ou décédés. Il leur appris à prévaloir les valeurs de la justice, de la modestie et de l’écoute. Ainsi sont les Grands Hommes. Il a contribué à l’édification d’un Maroc moderne, démocratique ouvert et respectueux des Droit de l’Homme grâce à son amour pour son pays et son Roi.

Feu Abderrahman El Youssoufi restera à jamais une personnalité qui aura marqué l’histoire du Maroc, du Maghreb Arabe et bien au-delà. Il fut bien l’une des figures légendaires et l’un des derniers Sages et Géants de la politique marocaine.Puisse Dieu accueillir son âme en Son Saint Paradis. A Dieu nous sommes. A Dieu nous retournons.

Par Farid Mnebhi, Maghreb Canada Express, (Édition électronique) Vol. XVIII, N°06 , page 10, JUIN 2020.

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