salah-abderrazakDepuis  décembre 2019, le monde  a vu apparaitre en Chine un nouveau virus  , il porte le nom de  Coronavirus ou COVID-19. Au départ le monde de la santé ne l’a pas pris au sérieux pendant les premières semaines, ce virus s’est rapidement propagé à travers le monde, en mettant  à genoux les pays puissants et les a  forcés à prendre des mesures strictes afin de protéger leurs populations.

Parmi ces mesures, le confinement forcé, imposé par les gouvernements  dans l’espoir de circonscrire cette pandémie et éviter la propagation. La décision est alors tombée  du jour au lendemain, fixant les populations chez elles.

Les premières mesures mises en place ont été la fermeture des établissements scolaires, puis selon le cas, des entreprises opérant dans des secteurs facultatifs ou accessoires, ou encore un confinement total de la population.

En ce qui concerne les entreprises, celles-ci n’ont eu de choix que de faire appel au travail à distance ou télétravail.

Le secteur médical aussi s’est vu contraint de suivre et de proposer des services en ligne pour les patients qui ne présentent pas de symptômes de la COVID-19.

La grande distribution a également fait le pas de proposer des services autres que ceux prévus dans son domaine d’activité avant le Corona.

Par cet écrit, selon ma vision des choses, je mets en évidence les transformations que chaque secteur a connues suite à la pandémie du corona.

Pour l’enseignement

Le secteur de l’enseignement s’est vu contraint de prendre le taureau par les cornes pour passer du présentiel au distant,  malgré que cette reconversion, pour les établissements sous digitalisées, connaisse des difficultés énormes.

Pour le cas du Maroc et j’ai eu l’opportunité de contribuer au développement de ressources numériques dans le cadre du projet GENIE et d’assister ministère de tutelle dans la définition de la stratégie de généralisation des TIC à tous les niveaux de l’enseignement. Ceci notamment en offrant des possibilités en partenariat avec des constructeurs pour encourager les ménages à s’équiper d’outils informatiques à des prix abordables ou avec facilités de paiement.

Mais le problème ne résidait pas dans le « hardware » qui est aujourd’hui à la portée de toutes les bourses. Quand ce n’est pas un Ordinateur portable, un téléphone portable ou tablette supportant une connexion internet peuvent suffire. Encore faut-il que le coût de cette dernière soit abordable et qu’une bonne bande passante soit effective.

Le secteur s’est trouvé plutôt confronté au problème du contenu et des  ressources numériques qui répondent aux besoins réelles des apprenants depuis leur  bas âge, de l’école jusqu’à l’université.

A part d’infimes  tentatives timides dans quelques universités pour certains quelques modules où  le professeur chargé  de la matière  fournit  l’effort personnel de partager son contenu sur serveur en asynchrone ou via des webconférences en synchrone (temps réel), l’enseignement à distance est encore loin du compte.

 En effet, la mission est quasi impossible, sans avoir de techniques adaptées à cette manière d’enseigner qui  doit respecter les standards du Digital Learning, exigeant, une reconversion dans la scénarisation du contenu qui ne s’apparente pas à de simples diapos à défiler comme pour le présentiel.

Le Maroc, depuis 2005  et selon  la charte nationale de l’éducation et de la formation, a mis en place des programmes de généralisation des TIC au sein de l’école et de l’université (Genie I & Genie II).  Ces programmes sur 3 ans, ambitionnaient  d’équiper 8604 établissements en salles Multimédia  au profit de 6 millions d’élèves et 230 000 enseignants.

Mais le ministère après l’embrouillamini du plan d’urgence a, sans donner d’explications, mis ces différents programmes en sourdine.

Malheureusement, comme un malheur n’arrive jamais seul, le COVID 19 s’est pointé au moment où l’on s’y attendait le moins et avec le confinement imposé,  l’enseignement   s’est retrouvé pris en défaut  aussi bien dans le secteur public que privé. Le mot d’ordre, fut alors de se jeter à l’eau, pour assurer la continuité des cours à distance et par n’importe quel moyen.

Ainsi tous les établissements d’enseignement afin répondre à ce mot d’ordre, une  « pseudo » formation en ligne a été  lancée à la sauvette et nous assistons à une improvisation sans pareil qui a laissé les parents pantois, déboussolés et dépassés par les événements. Ce qui rend, en outre, cette action décidée, dans la précipitation, nulle et non avenue, c’est qu’elle n’a touché que les élèves de l’urbain, dont le niveau de vie des parents peuvent mettre à disposition de leur enfants des moyens nécessaires pour se connecter. Pour mémoire, selon le HCP, le taux des élèves dans le primaires, à l’urbain était de 26.6% (Recensement de 2014), contre 30.2% dans le rural.

Si on considère que le périphérique urbain, est à assimiler également au rural, car les foyers (avec 2 ou 3 enfants), sont dans la plus part à revenus limités. Le taux des 26.6% s’effondre automatiquement et n’atteindrait guère les 20% dans une approche optimiste. Résultat : ne disposant ni d’ordinateur, ni de connexion internet, plus de 80% des élèves du primaires ont été de facto écartés de cette solution. Ils sont abandonnés à leur sort et sont pour la plus part dans l’obligation de décrocher.  Les programmes d’apprentissage dispensés à la télé sont également à dormir debout, par leur manque d’attractivité de l’apprenant.

Ainsi, sans moyens, sans contenu adéquat et sans une programmation réfléchie, avec cette inégalité des chances flagrante entre l’urbain et le rural, nous assistons à un chaos total. Ce qui rend, en outre, cette action décidée, dans la précipitation, nulle et non avenue.

Un autre article suivra, avec le constat chiffré de l’échec de cette opération, dès que possible. Il en ressortira peut-être un rapport avec des recommandations exploitables pour corriger le tir. Il donnera au moins le temps aux décideurs de penser à la problématique du rural et  au corps professoral, aux inspecteurs et aux responsables des systèmes d’information la latitude pour s’approprier des outils de formation à distance, afin de les exploiter en cas d’urgence.

 Bien sûr que plusieurs plateformes d’accès à distance, de visio-conférence sont nombreuses et peu ou pas coûteuses (Facebook, wathsapp, Zoom, Arafdarek, TelmideTice, H5P, Qurayti, TV Athaqafia, Teams, etc…), mais l’infrastructure est inégalement répartie sur le territoire et reste le frein majeur à une généralisation de cette solution.

Il est évident également que dans la plus part des cas les enfants sont plus doués aux TIC que leurs ascendants, souvent âgés qui ont reçu le choc de la fracture numérique de plein fouet. Ce qui donne un soupçon d’espoir dans le futur de nos chérubins.

Il faut également souligner le geste louable de la part de la société civile et de plusieurs bureaux d’études spécialisés qui ont apporté leur contribution par solidarité avec nos bambins et nos étudiants universitaires afin d’amortir l’impact de cette déconvenue.

Pour l’entreprise

L’entreprise aussi qui n’a jamais imaginé de passer en télétravail  s’est vue dans l’obligation de s’y mettre -pandémie oblige- quand l’activité s’y prête  afin de  maintenir la continuité de service vis-à-vis de ses partenaires. Seules les entreprises qui opèrent dans le OFFSHORING et qui disposent d’applications partageables répondant au télétravail, ont tiré leur épingle du jeu.  La  notion du télétravail, n’étant pas récente pour eux, ils ont commencé à le faire il y a quelques années déjà et n’a cessé de se répandre à d’autres entreprises de différentes natures ces dernières années grâce à la révolution d’Internet.

Avant le confinement, à titre d’exemple, on comptait un taux d’employés faisant appel au télétravail de 16% en France et de 23% au Canada.

Le télétravail permet aux employés de travailler de leur domicile, ou dans des locaux mis à leur disposition par l’entreprise. Dans le cas actuel du coronavirus, les employés sont confinés chez eux pour se protéger et protéger les autres du virus.

Beaucoup d’avantages découlent de cette nouvelle forme du travail à distance. Une liste, non exhaustive est donnée dans ce qui suit :

 Les Avantages :

  • Pas d’interaction physique avec des tiers,
  • Gain de temps (pas de transport),
  • Gain d’argent (économie des frais de transport),
  • Réduction de la pollution avec la réductions des émissions de Gaz,
  • Baisse du stress chez les employés,
  • Flexibilité du temps de travail,
  • Réduction de l’absentéisme et des retards,
  • Amélioration de la qualité de vie,
  • Réconciliation entre la vie professionnelle et personnelle,
  • Réduction des frais de déplacement pour l’entreprise,
  • A long terme, réduction des frais d’espace de bureaux.

Si les avantages du télétravail sont indéniables, il faut aussi en souligner les inconvénients afin d’y faire face et qui se présentent comme suit:

Les inconvénients :

  • Isolement de l’employé,
  • Forte tentation à la distraction et à la procrastination,
  • Risque accrue de baisse de la productivité,
  • Réunion à distance,
  • Risque de pression sur le réseau qui ne suit pas pour la majorité des pays non producteur de cette technologie.
  • Sous équipement de la majorité des professionnels.

Pour que l’expérience du télétravail ne soit pas un échec, il est impératif de trouver des solutions afin de ne pas négliger ses inconvénients. Ainsi, avant l’établissement du télétravail, il est nécessaire de mettre en place un certain nombre de mesures dont :

  • La préparation psychologique à cette manière de faire (Conduite de changement).
  • Mixer cette solution par des rencontres hebdomadaires avec son équipe de travail par le biais d’espace collaboratif en ligne (Microsoft, Skype, Zoom,etc…)
  • Mise en place d’objectifs quotidiens à atteindre avec le renforcement de la formation sur la gestion axée sur les résultats.
  • Aménagement de temps de repos selon le biorythme ou les conditions de confinement de chacun.
  • Prévoir en intermittence des formations à distance qui permettront d’aider à être plus performants dans des missions  de télétravail :
  • Prévoir des motivations pour booster le moral des troupes.

En plus du télétravail, le CORONA virus  a rendu ses lettres de noblesse au maillon faible qui n’est autre que la Recherche. En effet, les priorités de tous les états ont été révisées pour accorder des subventions et accompagnements adéquats au domaine de la  recherche et développement.

Conscient que le bon sens est la chose la mieux partagée du monde, chaque pays, à son niveau et avec ses moyens, retourne à la recherche fondamentale, couplée d’une recherche appliquée quand cela est nécessaire, en louchant cependant vers les résultats des pays d’avant-garde, afin de capitaliser, voire trouver un autre angle d’attaque, jusque-là inexploité.

Le danger imminent de la COVID-19 a subitement, grand ouvert les vannes de financement de la recherche dans les pays. Bien des chercheurs, relégués par leurs congénères décideurs, se sont vu propulsés au-devant de la scène scientifique, pour découvrir le remède idoine à ce mal, versatile et meurtrier.

Le nombre de projets qui ont vu le jour dans ces trois deniers mois ont battu tous les records. Ne dit-on pas chez les britanniques : « Necessity is the mother of invention »  et chez nous « Le besoin est mère de la création ». Quelques projets, en cours plus ou moins avancés sont cités ci-dessous pour étayer ce fait :

  • La surveillance de la température corporelle et des épidémies par imagerie thermique par des thermomètres basés sur l’intelligence artificielle (IA).
  • Application développées par des experts du big-data chinois qui fournissent en temps réel des rapports d’analyse de données massives sur le flux de personnes contaminées.
  • Brevets divers sur les résultats des outils d’IA de séquençage et d’isolement des gènes responsables des épidémies pour faciliter la recherche des vaccins.
  • les médecins Britanniques ont utilisé un robot IA pour diagnostiquer et soigner un premier patient atteint du coronavirus.
  • Le déploiement de la 5G qui a piétiné dans sa sortie au public pour une affaire d’appétence au risque, mais dont la technologie rend possible, à distance, la réalisation d’imageries médicales, la surveillance des patients et l’acquisition de donnée de patients.
  • Au Marocain l’innovation n’est pas en reste, car des ingénieurs ont réalisé un respirateur d’oxygène à un prix record à la portée de toutes les bourses.
  • A Madagascar comme en Australie des  groupes de chercheurs  avancent avoir trouvé des pistes intéressantes pour des remèdes.
  • Les applications sur smart phones se développent pour aider au dépistage des atteints du virus. Ceci ouvre des pistes pour le recueil d’informations innovantes pour tous les pays.

La digitalisation des services de l’administration n’a pas échappé à ce bal et n’a jamais été aussi accélérée qu’elle ne l’est maintenant selon les notes de gouvernement actuel. Avant la survenue de la Covid-19, beaucoup de projets ont connu des blocages à leur phase finale. Mais  aujourd’hui des solutions électroniques  pour assurer la continuité des services publiques ont vu le jour, sont opérationnelles et sont venues à bout de certaines résistance administratives sans fondement. Nous assistons ainsi,  au Maroc comme ailleurs, là où les passe-droits sont tolérés, à une accélération sans pareille qui a permis de mettre en place une vraie administration publique électronique.

La totalité des pays, qu’ils soient pauvres ou pas, ont mis le paquet dans le public et le privé pour être les premiers à trouver des solutions pour contrecarrer d’éventuelles attaques virales comme celle du COVID-19. L’idée était de mettre en place des actions de maitrise de risque prêtes à être déployée dans de pareilles situations conjoncturelles. Surtout que la rumeur du virus fabriqué par l’homme risque d’être fondée, ouvrant ainsi une autre forme de criminologie jamais observée auparavant.

L’Intelligence artificielle (IA) s’est montrée utile dans la lutte contre le coronavirus, notamment dans le secteur médical. Mais cette technologie arrivera-t-elle à combattre les fake-news concernant le coronavirus.

 Je suis convaincu qu’avec cette cadence, si elle est maintenue et financée (le nerf de la guerre), les chercheurs arriveront à  surmonter toutes les  difficultés grâce au pouvoir de la science et de la technologie.

Le corona virus, suite au confinement imposé, a donné libre court à l’imagination des personnes innovantes pour enfin trouver une solution qui humanise le digital. Même les forces de l’obscurantisme, s’opposant de cette technologie se sont rendues compte que c’est la seule solution aujourd’hui en adéquation avec la situation. Elle est effectivement le seul moyen permettant d’établir des contacts sociaux, tout en respectant non seulement, la distanciation, mais bien la séparation totale.

Pour exemples : Ces journalistes qui ont transformé leur domicile en plateau télé, ces chercheurs qui ont lancé des laboratoires domestiques, ces enseignants usant de leurs salons comme des salles virtuelles, ces coach de fitness utilisant leur chambre à coucher comme salle de fitness, etc….

La genèse au forceps de ce nouveau type de relation quasi virtuel, où le tribut est un sacrifice qui se compte en milliers de vie humaines nous rappelle, note velléité provoquée par des tire-au-flanc, calfeutrés dans des fauteuils qui correspondent à leur carrure, mais surdimensionnés par rapport à leur faculté de discernement, et leur niveau d’entendement.

Cette transformation radicale des habitudes des humains est la raison pour laquelle je confirme et j’approuve ceux qui disent il y a bien un avant et un après la COVID-19.

Par Salah ABDELMOUMENE (Qualiticien et expert en SI ) et Abderrazaq MIHAMOU (Expert en Digital & organisation) pour Maghreb Canada Express, (Édition électronique) Vol. XVIII, N°06 , pages 6-7, JUIN 2020.

Avis : Eu égard à la conjoncture spéciale relative à la COVID-19, Maghreb Canada Express sursoit temporairement à l’Édition Papier du journal.

Pour lire l’Édition électronique du mois de JUIN 2020 , cliquer sur l’image :

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