En cette année noire de 2020, quand j’ai appris la mort de Diégo Maradona, le monde de mon enfance s’est écroulé devant moi comme un château de cartes.

Maradona, c’était moi, nous, et tous les enfants issus des quartiers pauvres et qui jouent au football, souvent pieds nus. C’était le joueur par excellence qui a gardé son côté enfant, et était en osmose avec le ballon. Il pouvait jongler avec n’importe quel objet quelque soit sa forme.

Quand j’étudiais l’histoire géo au lycée, l’Argentine pour moi, c’était Maradona et Che Guevara. Ce n’est pas pour rien, si Maradona a tatoué le portrait du Che sur son bras.

Malgré la gloire, l’argent, Maradona n’a jamais oublié d’où il venait, il a toujours été fier de ses origines pauvres. Il l’avait prouvé en quittant le club de Barcelone pour Naples, un club modeste, dans une des villes les plus pauvres d’Italie. Grâce à lui, le club de Naples a humilié les grands clubs du nord d’Italie qui étaient souvent arrogants, en remportant avec Naples, trois fois le championnat d’Italie.

Malheureusement, les Napolitains n’ont pas su préserver Maradona contre la drogue qui  l’a consumé à petit feu.

Diego Armando Maradona naît le 30 octobre 1960 à Buenos Aires, dans une famille pauvre qui comptait alors quatre filles. Il passe son enfance dans le quartier misérable de Villa Fiorito. Comme tous les gamins de son âge, il joue au football dans la rue et réalise déjà des prouesses avec son pied gauche. Les recruteurs d’Argentinos Juniors le remarquent et l’engagent. Il fait ses débuts professionnels dix jours avant son seizième anniversaire. La réussite est immédiate, et Luis Cesar Menotti l’appelle en équipe nationale en 1977 pour un match face à la Hongrie. Pour la presse de son pays, il devient « el pibe de oro » (« le gamin en or »). Mais ce génie précoce se voit rapidement contrarié : Menotti ne le retient pas pour la Coupe du monde 1978, qui se déroule en Argentine. Maradona en gardera pour toujours une profonde amertume. Blessé dans son amour-propre, il se fait un devoir d’illuminer, dès l’année suivante, le Championnat du monde junior. En 1981, il signe avec Boca Juniors. Mais cet incomparable talent ne pouvait pas laisser insensibles les grands clubs européens. Dès 1982, il rejoint le F.C. Barcelone.

Maradona prendra sa revanche au Mondial 1986, en remportant la coupe du monde en marquant contre l’Angleterre, le meilleur but de toute l’histoire du football. Il a driblé la moitié de l’équipe y compris le gardien avant de mettre le ballon dans les filets. Bien sûr, il y a eu plus tard, la polémique du but marqué avec la main, la fameuse main de Dieu  qui a fait couler beaucoup d’encre.

Mais qu’importe ! Maradona a réalisé son rêve. Car il existe une vidéo de lui, quand il avait 12 ans, un journaliste lui a demandé s’il avait des rêves. Maradona a répondu timidement, jouer la coupe du monde et la gagner.

Maradona va nous manquer, car au-delà de son génie, il restera pour moi et pour l’enfant que j’étais, le meilleur joueur de tous les temps.

Quand il s’agit de désigner le plus grand joueur de l’histoire du football, la légende absolue, il n’y a généralement que deux noms qui arrivent. Celui de Pelé en premier, celui de Diego Maradona juste après. Et ils sont nombreux, parmi les amoureux du ballon rond, à placer le génie argentin au dessus de tous. Et c’est vrai ! Il est au dessus de tous !

Par Mustapha Bouhaddar pour Maghreb Canada Express, Vol. XIX, N°01 , page 11 , Janvier 2021

 

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