Vous l’aviez sans doute remarqué : Depuis le début de 2020, la forêt des problèmes climatiques a tout-à-coup disparu, comme par enchantement, derrière le buisson de la COVID-19 !

Il a fallut attendre le rapport alarmant de l’Organisation Mondiale de la météorologie (OMM) qui appela (en aout dernier) la communauté internationale à ‘’agir immédiatement pour réduire radicalement les émissions de gaz à effet de serre face à un changement climatique sans précédent et en voie d’accélération’’ pour que, du coup, les changements climatiques soient propulsés de nouveau sur l’avant-scène médiatique, et ce, d’autant plus que la COP26 était en préparation à Glasgow… ‘’La COP de la dernière chance’’ comme se pressèrent les médias  de la baptiser.

Le moment était solennel et le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres n’hésita pas à exhorter les membres de cette COP26 à « sauver l’humanité » en faisant l’impossible pour que le réchauffement global de la Terre ne dépasse pas 1,5°C dans les 25 ans à venir!

Émission du CO2 par pays en % et émission par habitant (en tonne par année)

Le climato-victimes se remirent à espérer d’autant plus qu’il suffit que les 19 pays du monde responsables de plus de 77% des émissions de CO2 (Voir tableau ci-haut) fassent un petit effort pour que le problème sera résolu. Et si ces 19 pays formant le 1/10è des pays de la planète, n’arrivaient pas à tomber d’accord, on pourrait toujours miser sur la sagesse des 4 pays responsables, à eux seuls, de 54% des émissions du CO2 anthropique dans l’atmosphère de notre planète; à savoir la Chine, les États-Unis, l’Inde et la Russie.

Et puis… Rien !

La montagne a fini par accoucher , une fois de plus, d’une souris : la COP26 fut un fiasco car les engagements se prennent par consensus.

Mais dira-t-on, pourquoi ne pas opter pour des décisions contraignantes contre la Chine, responsable à elle seule de 28 % des émissions mondiales de CO2, Contre les États-Unis responsables de 14,5%, contre l’Inde responsable de 6,6% et contre la Russie responsable de 4,7% de ces mêmes émissions mondiales ?

Mission impossible

Car les chinois vont crier à qui veut l’entendre qu’un chinois pollue 2 fois moins qu’un canadien ou qu’un américain. Quant à l’indien, il va à son tour , et à raison, crier qu’il pollue 4 fois moins qu’un chinois, 9 fois moins qu’un canadien et 10 fois moins qu’un saoudien.

Il serait donc peu juste de taxer la Chine et l’Inde sur leurs émissions globales alors que leurs citoyens sont parmi les moins pollueurs pris individuellement ! Ceci sans oublier qu’il serait fou de penser à utiliser la force, d’autant plus que ces pays possèdent des bombes atomiques ! Et puis… Qui consomme leurs produits à bon prix ? N’est-ce pas nous?

Et c’est ainsi que le bras de fer entre climato-victimes et climato-profiteurs est perdu d’avance pour les climato-victimes.

Le rapport de l’OMM d’août dernier affirme que ‘’même en limitant le réchauffement à 1,5 °C, on peut prévoir avec un degré de fiabilité élevé que les fortes précipitations et les inondations associées devraient devenir plus fréquentes et plus intenses dans la plupart des régions d’Afrique et d’Asie. Sur chaque continent, à l’exception de l’Asie, plusieurs régions devraient connaître des sécheresses plus fréquentes et plus graves. Ces changements s’accentueront si le réchauffement atteint 2 °C.

Photo DR (pixabay.com)

Certes, ce réchauffement impacte négativement les populations qui n’y sont pour rien . Mais il faut le crier haut et fort : Les pays industrialisés du Nord profitent amplement des autres impacts positifs : Effet fertilisant du CO2 sur les cultures céréalières, migration des richesses halieutiques loin des tropiques vers le Nord, ouverture d’une route maritime à travers le pôle-nord, disparition du permafrost en Alaska, au Nord du Canada et dans les pays du Nord-européen… Etc.

Autant d’impacts positifs qui amènent les politiciens à fermer les yeux pour une réélection de plus ou pour des bénéfices économiques provisoires.

Provisoires, les bénéfices économiques le seraient car l’acidification des océans, les changements qui vont affecter les circulations atmosphérique et océaniques , la disparition de certaines espèces, l’affectation des écosystèmes , la libération de nouveaux gaz à effet de serre des pergélisols dans l’atmosphère… etc tous ces impacts collatéraux finiraient par faire de nous tous des climato-victimes.

Et… comme la pollution ne reconnait pas les frontières politiques, c’est à nous tous, citoyens de la Terre, de nous unir pour trouver une solution car le fardeau est trop lourd pour les seuls politiciens, car il ne sert plus à rien de marcher pour la Terre une fois par année et retourner ensuite à son bon train-train confortable, car il est venu le temps de renoncer individuellement à une grande partie  de son confort parce que ailleurs, une grande majorité de l’Humanité n’a plus rien à sacrifier pour contribuer à sauver la planète !

Par Abderrahman El Fouladi pour Maghreb Canada Express, Vol. XIX, N°12 , page 03, Décembre 2021

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