Après une année 2020 élue « pire année de tous les temps » par le magazine Time, l’année 2021 promettait d’être celle du retour progressif à la normale. Or malgré les progrès de la vaccination, les vagues épidémiques n’ont cessé de déferler au rythme de l’apparition de nouveaux variants. Elles ont poussé les gouvernements à prendre des mesures de restriction : confinements, couvre-feux, puis passe sanitaire, qui font désormais partie du quotidien , aussi bien de celui des Français que des habitants de nombreux autres pays.

Mais la vie, malgré tout, a repris son cours. Des événements qui avaient été repoussés en 2020 ont pu se tenir, comme les Jeux olympiques de Tokyo ou la COP26.

Petite parenthèse : En dépit de l’envoi d’experts par l’OMS en Chine, l’origine de la pandémie reste à élucider.

Ceci dit, l’actualité internationale fut marquée par d’autres violences : assaut du Capitole aux États-Unis, coup d’État en Birmanie, etc.

La course à la vaccination

En 2021, malgré l’espoir suscité par le déploiement des vaccins contre le COVID-19, la pandémie a fait davantage de morts dans le monde au cours de cette deuxième année de pandémie, portant le total officiel des décès, notamment sous l’effet du variant Delta plus contagieux, chiffré à plus de 5,3 millions personnes, est largement sous-évalué selon l’OMS.

La vingtaine de vaccins lancés ont permis d’administrer plus de 8,7 milliards de doses, très inégalement réparties entre pays pauvres et riches, non sans résistance des antivax.

Lueur d’espoir fugitive

Les frontières se sont partiellement rouvertes. En juillet, les Jeux olympiques de Tokyo ont pu se dérouler, avec un an de retard…quoique  quasiment à huis clos.

Cependant, voilà que depuis cet automne, la planète qui est à nouveau confrontée à une nouvelle flambée de contaminations, alimentée en cette fin d’année par la propagation fulgurante d’un nouveau variant aux multiples mutations, Omicron, détecté pour la première fois en Afrique du Sud. Face à une moindre efficacité des vaccins, les autorités renforcent l’arsenal sanitaire : rappel vaccinal, télétravail voire confinement.

Mais au-delà de toute cette tracasserie virale, ce qui m’a le plus marqué en 2021, ce fut la prise du pouvoir par les talibans en Afghanistan. Comme le rapporte le Canard enchaîné du 05 Janvier 2022, le ministère pour la promotion de la vertu et la répression du vice ne chôme pas dans ce pays meurtri par des décennies de conflit.

En effet, la violence dans la rue fait rage, et on détruit en public les instruments de musique.

Dans le viseur des talibans, il y a les femmes bien sûr. Ces dernières sont privées d’école après l’âge de 12 ans, et ont disparu des émissions de télévision et des séries. Elles n’ont plus le droit de prendre le taxi seules.

Depuis peu, les talibans s’en prennent aux mannequins représentant des femmes qui ornent les vitrines.

Comme le rapporte le journaliste franco-afghan, Mortaza Behboudi de France Télés, la tête de ces mannequins doit être recouverte d’un sac poubelle, sinon le mannequin est décapité pour offense à l’islam.

Quelques femmes ont bravé la police à Kaboul en manifestant le 28 décembre dernier. La répression a été violente.

C’est vrai qu’à l’époque la France s’était contentée de la parole du chef des talibans qui avait promis de prendre des mesures sérieuses pour protéger le droit des femmes.

Malheureusement, les femmes afghanes subiront la répression des talibans qui monte de façon exponentielle comme le coronavirus.

De Kaboul, j’ai toujours cette image qui m’obsède, c’était l’image d’un un adolescent afghan rieur et effronté qui faisait des tours de mobylette et rêvait de devenir médecin. Et puis, il a ouvert la porte pour entrer chez son oncle. Une immense déflagration, et des centaines d’éclats de métal ont explosé sur son visage et son corps. Maintenant, il gît sur un lit d’hôpital et sa peau semble recouverte d’écailles. Ce sont en fait des centaines de petits bouts de chair à vif. Abdoul Nafi est inconscient mais la douleur est telle que, sans même être guidé par l’esprit, son corps se tord, se contorsionne. Ses gémissements, étouffés par le masque à oxygène, deviennent de sourds grognements, ponctués par le tintement de l’équipement médical.

Les migrants

Une pensée aux 27 000 migrants qui ont réussi à rejoindre l’Angleterre en 2021. La sécurisation du port de Calais et de l’Eurotunnel, ont entraîné une hausse de l’utilisation des embarcations de fortunes. Le marché florissant des passeurs s’est délocalisé. Les lieux de départs s’étalent désormais sur les 120 kilomètres de côtes du Nord-Pas-de-Calais. Les migrants tentent la traversée au péril de leur vie. En 2021, 36 personnes sont décédées en essayant de rejoindre les côtes britanniques par la mer dont 27 lors du naufrage au large de Calais, le 24 novembre dernier.  

Que nous réserve 2022 ?

Nul le sait, mais une chose est sûre, les ressortissants des pays pauvres vont continuer à souffrir, voire mourir, car le manque d’humanité, et de solidarité des pays riches ne fait qu’augmenter.

Le mal s’est banalisé, le racisme aussi, et le futur fait peur !

Par Mustapha Bouhaddar pour Maghreb Canada Express, Vol. XX, N°01 , page 15, JANVIER 2022

POUR LIRE L’ÉDITION DU MOIS DE JANVIER 2022, CLIQUER SUR L’IMAGE :

Maghreb Canada Express

By AEF