Selon l’UNESCO, la culture est l’ensemble des traits distinctifs, spirituels, matériels, intellectuels et affectifs, qui caractérisent une société ou un groupe social. Elle englobe, outre les arts, les lettres et les sciences, les modes de vie, les lois, les systèmes de valeurs, les traditions et les croyances.
Les travaux sur la croissance économique mettent en évidence que le seul développement des facteurs traditionnels de production (capital, travail) ne peut expliquer à lui seul la croissance observée de la production nationale. Le progrès technique incorpore un ensemble complexe de critères dont les investissements en faveur de la culture, des arts et de la création. Les dépenses engagées dans les secteurs de la culture, de l’éducation et de la recherche participent au développement de la société (mais également des individus), tandis que toute réduction des investissements dans ces domaines conduit à une perte de croissance pour l’économie.
Le rôle de la culture dans développement
Primo, la culture est source d’emplois ; les activités en rapport avec le patrimoine culturel matériel et immatériel ainsi que les produits et industries à vocation culturelle créent directement et indirectement des emplois. Elle est une source directe d’emplois grâce à la création d’entreprises nouvelles, et en particulier des PME dans le domaine des industries culturelles, le développement touristique et le développement de l’artisanat, à condition que sa mise en valeur suscite chez les pouvoirs publics une réflexion profonde sur le cadre de leurs actions.
Secundo, la culture est un facteur convaincant pour la localisation d’investissements car elle renforce l’image et l’attrait d’une région. Elle peut ainsi jouer un rôle important dans la rénovation de zones urbaines ou rurales moins développées.
Tertio, la culture peut jouer un rôle positif dans la promotion de l’intégration sociale et contribuer ainsi à la cohésion sociale ; d’abord parce qu’il est banal de rappeler qu’un peuple, pour bénéficier d’un avenir, doit s’être approprié ses racines et en être conscient. .
Il existe peu d’études sur la fonction première de l’Etat dans ce domaine qui consiste à offrir les conditions d’accès à la culture, si aucun gouvernement n’a le pouvoir de faire naître la haute culture, il lui incombe du moins de créer un climat favorable à son épanouissement. Précisément, parce que la création ne s’enseigne pas, ne se commande pas et ne se décrète pas ; elle doit être cultivée et élevée. Cela constitue la raison d’être, en principe, d’une action culturelle Etatique.
Problématique de la culture au Maroc
Une approche anthropologique centrée sur les personnes et leurs vécus peut permettre de repérer les réalités de la vie quotidienne dans ses différentes composantes, habitudes, attitudes, goûts et préférences. Autrement dit, une telle approche peut définir les principales caractéristiques de la culture marocaine et sa problématique.
Or, à ma connaissance, il n’y a actuellement au Maroc aucune institution de recherche qui s’intéresse à l’histoire pure des idées et à la philosophie de la culture, Il s’agit d’une discipline qui n’y éveille que peu d’intérêt.
L’argument du manque de ressources budgétaires ne peut suffire comme réponse. Mais n’y a-t-il pas d’autres raisons, peut-être plus fortes que le simple manque d’argent? N’est-ce pas plus tôt absence d’une bonne volonté et d’une meilleure politique publique puisqu’on constate un manque cruel d’informations sur le secteur culturel marocain.
Au Maroc, aucune université n’offre de spécialisation culturelle, l’université reste un lieu d’enseignement de masse. Les infrastructures indispensables à la promotion de la recherche sont rarissimes, les budgets alloués aux bibliothèques sont maigres.
La conséquence de cette situation est une production maigre et étroitement dépendante des publications étrangères, Ces insuffisances de données constituent une entrave au développement des investigations.
Dès qu’il essaie d’approcher méthodiquement la sociologie de la culture au Maroc, le chercheur est obligé de constater que les études sur la culture en général quel que soit le secteur (édition, théâtre, cinéma, peinture. .) sont presque inexistantes, étant donné l’insuffisance de statistiques et de données exactes et de courbes statistiques qui permettraient d’appréhender n’importe quel secteur culturel.
L’un des constats que la prospection d’un diagnostic fait ressortir que, malgré l’intérêt grandissant suscité par les industries culturelles comme champ d’étude pour les officiels et les universitaires de par le monde, les pouvoirs publics marocains ne semblent pas encore persuadés de l’intérêt tel qu’il y aurait à promouvoir ce secteur.
Le patrimoine national, une mémoire collective
Le Maroc a hérité un ensemble de ressources culturelles, matérielles et immatérielles qui incarnent la mémoire collective et conforte l’identité du pays.
Le patrimoine national est l’ensemble des héritages du passé, tout ce qui contribue à la mémoire collective a valeur de témoignage. Dans ce cadre, procéder à un inventaire systématique constitue, en quelque sorte une immense entreprise de mémoire collective.
Du fait de sa situation géographique qui en fait une charnière entre l’Orient et l’Occident, de sa topographie qui l’ouvre aux influences extérieures, tout en lui ménageant des zones de refuge culturel, de son peuplement arabo-amazigh, le Maroc a hérité un patrimoine culturel particulièrement varié et attachant qui forme un élément important de la richesse nationale.
Une partie du rapport du programme des Nations Unies (PNUD) sur le développent humain a dressé un bilan relatif au Maroc que l’on peut résumer dans les points suivants:
– près de 8 000 sites, monuments, lieux de préservation sont inscrits mais non encore étudiés ;
– de nombreux sites archéologiques non explorés ;
– le patrimoine national n’est pas encore inventorié de manière exhaustive ;
– il n’existe ni catalogues ni répertoires nationaux ;
-il n’existe pas de politique globale de patrimoine
Les directives sont éparpillées dans différents documents qui omettent souvent le secteur culturel. Aussi, les activités pour la préservation du patrimoine culturel ne sont pas intégrées dans les stratégies et plans globaux de développèrent national.
Ainsi, la Banque mondiale reconnaît l’absence d’une politique sérieuse et structurée en faveur du patrimoine. En effet, non seulement le patrimoine n’est pas placé au cœur de la réflexion sur le développement de la société marocaine, mais la reconnaissance même du concept ‘‘patrimoine’’ reste superficiel et son sens avance difficilement.
La sauvegarde du patrimoine culturel
L’action de sauvegarde du patrimoine ne devait pas se limiter à des monuments, des musées ou des bibliothèques. Car ne voir le patrimoine que sous l’angle du bâti, c’est ne le saisir qu’en partie, en le dépouillant de sa substance : son historicité. Ainsi, le Maroc se doit de préserver le caractère vivant et dynamique de son identité son patrimoine. Mais, force est de constater que ce dernier, sous ses différents aspects n’est pas encore sauvegardé comme il devrait l’être, ni géré avec la sensibilité qu’il faut pour être exploité aussi largement et efficacement qu’il pourrait l’être. Ainsi après un demi-siècle de politique culturelle, le résultat est accablant : absence d’inventaire national exhaustif des sites du patrimoine, inexistence d’index des monuments historiques et aucune action de collecte de traditions orale n’est entreprise. En bref, un patrimoine en déperdition, sans pour autant avoir acquis les équipements et les valeurs de la culture moderne.
Ensuite construire une nouvelle vision culturelle, dont les enjeux consistent d’une part, à saisir la profonde unité du patrimoine et les exigences de sa gestion et de sa mise en valeur en trouvant des réponses aux questions qui s’imposent, à savoir: que convient-il de préserver? Qui devra en décider? Selon quels critères? Est-ce qu’on a déterminé les besoins spécifiques des divers patrimoines et est-ce qu’on a dûment formé ceux qui en ont la garde ? Et d’autre part à assurer une meilleure intégration de la problématique culturelle dans les politiques publiques (secteurs sociaux, d’aménagement du territoire et de développement local, notamment) et créer une dynamique de recherche et lancer de vastes travaux d’investissement autour du concept du patrimoine associant les universités, les instituts de recherche en sciences sociales, les instances religieuses et impliquant le secteur privé, l’opinion publique et les milieux associatifs…
Fondements de base de la culture marocaine
Clairement tourné vers l’avenir, le Maroc est l’un des rares pays qui ont su franchir aussi vite les étapes de la modernité, tant sur les plans institutionnel et politique que sur les plans socio-économique et culturel.
Dans son préambule, la Constitution marocaine de 2011, qui traduit cet état de fait, stipule :
« Fidèle à son choix irréversible de construire un État de droit démocratique, le Royaume du Maroc poursuit résolument le processus de consolidation et de renforcement des institutions d’un État moderne, ayant pour fondements les principes de participation, de pluralisme et de bonne gouvernance ».
Ainsi, tout peut se résumer dans le préambule de la constitution du Royaume qui précise que le Maroc :« État musulman souverain, attaché à son unité nationale et à son intégrité territoriale, le Royaume du Maroc entend préserver, dans sa plénitude et sa diversité, son identité nationale une et indivisible. Son unité, forgée par la convergence de ses composantes arabo-islamique, amazighe et saharo-hassanie, s’est nourrie et enrichie de ses affluents africain, andalou, hébraïque et méditerranéen».
Par Abdel-Jalil Zaidane,Tanger (Maroc) pour Maghreb Canada Express, Vol. XX, N°06 , pages 14 et 15, MOIS DE JUIN 2022 .