Selon « La Tribune » du 19/08/2022, aux Etats-Unis, près de 50 millions de travailleurs ont claqué la porte de leur entreprise en 2021. Ce phénomène a provoqué de vives inquiétudes dans les milieux patronaux après les deux longues années de pandémie.
En France, les démissions ont également bondi sans atteindre un record, révèle la direction statistique du ministère du Travail dans une nouvelle étude. La trajectoire des salariés indique qu’ils sont loin d’avoir déserté le marché du travail mais la pandémie a rebattu les cartes. Cette maladie infectieuse a bousculé le rapport au travail et l’ordre des priorités chez beaucoup d’actifs.
En 2021, plus de 47 millions d’Américains ont quitté leur job volontairement après deux longues années de pandémie. Ce déferlement aussi appelé « Great resignation » ou «Big Quit» outre-Atlantique a concerné aussi bien les emplois dans l’industrie que ceux dans le commerce ou les services.
En France, les départs se sont également accélérés depuis la fin du premier confinement en mai 2020 suscitant de vives inquiétudes dans les milieux économiques et patronaux. Face à ce flot de départs, les entreprises tentent d’attirer de nouveaux candidats en proposant des conditions plus favorables et de fidéliser leurs salariés en poste, mais les tensions de recrutements sont toujours aussi vives. « L’amélioration du marché de l’emploi, les pénuries dans certains métiers comme la santé, les transports peuvent expliquer certaines démissions. A côté, il y a une demande des salariés pour améliorer leur situation professionnelle», a expliqué Jean-Denis Culié, professeur en gestion des Ressources Humaines à l’EM Normandie, interrogé par La Tribune.
Pourquoi autant de Français osent démissionner ?
La raison la plus fréquente est la mauvaise relation avec les collaborateurs.
En effet, à première vue, on pourrait croire qu’il s’agit d’une situation totalement indépendante de la volonté ou de l’action des supérieurs, et pourtant, c’est souvent infiniment lié. Pourquoi ? Parce que ce sont les managers qui ont mis sur pied leur équipe, qui ont sélectionné les personnes pour la constituer, qui ont choisi de donner telle promotion à untel, telle responsabilité à un autre…
En théorie, rien ne doit être laissé au hasard par un manager, donc oui, il est généralement responsable d’une mésentente chronique au sein de son équipe. Et quoi qu’il en soit, le supérieur est surtout en charge de gérer ce genre de situation de crise pour les désamorcer au plus vite, avant que les meilleurs jettent l’éponge.
Manque de considération
Quand on parle de considération, ou de reconnaissance du travail bien fait, cela peut être un simple mot de félicitations, des compliments publics, une prime, une augmentation du salaire… Bref, une attention portée à l’employé qui fait bien son travail. Malheureusement, beaucoup de managers négligent cela, pas nécessairement par méchanceté ou désintérêt, mais peut-être par manque de temps, par oubli, ou à cause du stress de la situation.
La conséquence sur le long terme ? L’employé risque de perdre sa motivation et quitter le navire. Cependant, il suffirait la plupart du temps d’une simple attitude pour changer la mécanique, et montrer à l’employé tout le respect et l’estime qu’on a pour son bon travail.
Une chose est sûre, il n’en sera que reboosté et consacrera tout son temps à vous rendre encore plus fier. La reconnaissance agit sur la performance et l’engagement mais aussi sur la fidélisation des talents.
Les profits avant les personnes
Profits, bénéfices, marges brutes… Beaucoup de bons employés finissent par démissionner lorsque depuis trop longtemps, leurs supérieurs semblent plus se concentrer sur les profits que sur eux. Il est bien évident que les profits, pour une entreprise, sont primordiaux : si on ne fait pas d’argent, il n’y a pas d’entreprise ! Cependant, il faut aussi avoir en tête que ce sont les personnes qui font les profits, et si on n’arrive pas à garder ces bonnes personnes, ces bons employés, alors les profits ne décolleront pas.
Une hiérarchie sclérosée
Enfin, il faut se rendre compte que les meilleurs employés aiment leur emploi et sont même parfois prêts à s’impliquer encore plus afin que l’entreprise réussisse. Néanmoins, une hiérarchie « à l’ancienne », peu flexible, ne laissera que trop peu de marge de manœuvre à ses employés, en les utilisant comme des simples outils plutôt que de les voir comme les acteurs à part entière qu’ils sont réellement. Et c’est là un vrai risque de perdre les meilleurs !
Je rajouterai qu’en France il y a beaucoup de binationaux qui démissionnent et quittent la France pour l’étranger, car le manque de reconnaissance et aussi l’humiliation qu’ils subissent lorsqu’on stoppe leur ascension en mettant quelqu’un de moins qualifié comme responsable du service. Et en tant que Franco-marocain j’ai souvent été témoin de ce genre de situation dans les entreprises que j’ai fréquentées.
La démission a toujours germé dans la tête des salariés et le Corona les a aidés à franchir le pas pour chercher un autre travail ailleurs. Un travail plus rémunéré et plus évolutif.
Quand il le faut, il faut savoir partir, l’herbe est toujours plus verte ailleurs.
Par Mustapha Bouhaddar pour Maghreb Canada Express , Vol. XX, N°09 ,Page 07, Mois de Septembre 2022