Victor Hugo disait que la poésie ne prend pas son envol… Tout au contraire des vaisseaux, les oiseaux ne volent bien que contre le vent. Or la poésie tient de l’oiseau.

L’Edition du Printemps des poètes de 2023 en France se déroule du 11 au 27 Mars sous le thème «Frontières».

La poésie comme la musique n’a pas de frontières

Sophie Nauleau explique que ce choix s’impose  après L’Ardeur, La Beauté, Le Courage, Le Désir puis L’Éphémère, elle a en tête un intitulé libre et fantaisiste. Pas forcément féérique, mais sans équivoque ni férocité. Un mot qui en appelle à la félicité et à l’imaginaire. Jusqu’à ce que la tragédie guerrière s’abatte sur l’Ukraine. Que l’histoire des frontières, des conflits et des territoires, revienne cadenasser nos consciences. Tourmenter nos esprits.

Pour elle, les frontières ne sont pas que géopolitiques ou armées. Pas plus qu’un enjeu meurtrier. Ni une ligne de front fortifiée. Il en est même que l’on ne cesse de franchir, du petit jour à la minuit, de l’enfance au lendemain, du visible au caché, de la mort à la vie, du réel à la poésie.

C’est cet au-delà des frontières qu’il est temps de questionner, ce monde qui rassemble, étonne, dépayse, plus qu’il ne sépare. Ces limites qu’il nous faut constamment repousser. Ce danger qu’il nous faut conjurer.

D’antan à aujourd’hui, et à demain déjà. La peur et l’émotion qu’éprouvait Jean Genet au passage des frontières. La savante malice de Gilles Lapouge?: « les frontières, je les aime et je les déteste?». La longueur de vue de Michel Butor qui, ayant le goût des lieux-dits, vivait volontairement « À l’écart?» ou « À la frontière?», expliquant?: «Traverser les frontières m’aide à voir?».

Allons donc y voir, plus loin que les paroles, les démarcations et les pensées toutes faites, là où les mots ouvrent l’espace. Outrepassent les pointillés des cartes. Là où l’être et l’âme en mouvement l’emportent sur l’à-plat des planisphères.

La poétesse Andrea Moorhead disait : «qu’elle ne connaît pas de frontières ; c’est une égalité effrayante qui exige de nous toute notre force spirituelle » ; elle avoue qu’elle n’est  plus tout à fait anglophone et qu’elle ne pourrait jamais être entièrement francophone. Elle est toujours Autre, souvent bien connue, parfois totalement étrangère, ce qui assigne à sa poésie un projet véritablement éthique, explique sa force, le tranchant de son expression minimaliste, les mots étant chez elle goûtés dans la nouveauté de leur usage, porteurs qu’ils peuvent être de significations inédites, trempés comme métaux dans un bain alchimique de jouvence.

Une pensée à l’écrivain, poète et dramaturge Jean Genet, qui y a vécu ses dix dernières années à Larache, au sud de Tanger.

Je recommande cette édition à toutes et à tous nos lecteurs, ci-dessous le lien, même s’il ne reste que quelques jours à la clôture de cette édition 2023.

Édition 2023 – Le Printemps des Poètes ( printempsdespoetes.com )

Par Mustapha Bouhaddar pour Maghreb Canada Express , Vol. XXI, N°03, Page 07, Édition de Mars_Avril 2023.

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Maghreb Canada Express

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