Au XIX siècle, il aurait été inconcevable de considérer une femme, un « indigène », un enfant, voire une personne handicapée comme un être humain égal en droit à l’homme.

Le principe d’égalité entre les hommes et les femmes n’a cessé d’être proclamé à travers les différentes conventions et conférences internationales depuis la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme de 1948. L’égalité est non seulement l’un des fondements des droits humains; elle est également reconnue comme étant une condition essentielle à l’atteinte des objectifs de développement humain. Le PNUD est activement engagé à réaliser les objectifs de développement du millénaire parmi lesquels figure  » l’égalité entre les sexes  » qui est, par ailleurs, explicitement considérée comme l’une des conditions essentielles à la réalisation des autres objectifs.

Historique et définition

Le mot « Genre » est traduit du terme anglais « Gender », il renvoie au concept d’inégalité sociale et permet de dévoiler les rapports inégalitaires. C’est une manière de voir, d’appréhender et d’agir sur tous les détails de la vie et des relations des femmes, des hommes, des filles et des garçons. Ces relations sont susceptibles de changer avec le temps et sont largement variables d’un pays à l’autre et parmi les différentes cultures à l’intérieur d’un même pays dans le cadre d’un ensemble de normes, de valeurs, d’attitudes et de perceptions à travers lesquelles les sociétés affectent des Rôles et des Statuts sociaux à chacun des deux sexes.

En termes de définition, « le genre est la construction socioculturelle des rôles féminins et masculins et des relations entre les femmes et les hommes. Les rôles féminins et  masculins se rapportent aux activités attribuées aux femmes et hommes dans la société et à la position que femmes et hommes y occupent respectivement. Ces rôles découlent des forces telles que la culture, la tradition, la politique et les besoins, permettent de déterminer l’accès aux opportunités et aux ressources et imposent des attentes et des limites aussi bien aux femmes qu’aux hommes. » (Cf. Manuel ISAP, PNUD).

L’approche Genre et Développement

Les événements marquant les fondements de l’approche G et D ont commencé aux lendemains de la fin de la 2ème Guerre mondiale. Ces événements ont donné naissance à l’approche IFD (Intégration des Femmes au développement) dès la fin des années 1960. Les stratégies établies dans le cadre de l’IFD prévoyaient des projets ou des composantes de projets concernant les femmes, l’accroissement de leurs revenus et de leur productivité et l’amélioration des moyens dont elles disposaient pour s’occuper du ménage sans s’attaquer aux causes fondamentales de la discrimination qui empêchent les femmes de participer pleinement aux sociétés dont elles font partie.

Vers la fin des années 1970, l’approche Femmes et développement (FED) fut développée afin de réparer les omissions de l’IFD. Selon cette approche, les femmes participent aux mécanismes de développement mais sur une base inégale. L’évaluation de la décennie de l’ONU sur la femme a permis de dégager les insuffisances liées à l’utilisation de l’approche IFD. En plus, plusieurs recherches conduites par les femmes du Nord et du Sud avaient montré que les approches IFD et FED avaient ignoré l’apport des femmes et leur contribution à la production de biens et de services dans leur communauté. Les femmes étaient toujours confinées dans leur rôle traditionnel familial (soins des enfants, activités traditionnellement réservées aux femmes telles que la broderie…).

Les grandes périodes qui ont marqué la naissance de l’approche GeD sont :

Années 50 : création de la Commission de la condition de la Femme (en fait, dès 1946)

Années 60 : début des revendications pour les droits juridiques et début de la vague des mouvements des femmes. Naissance de l’approche IFD

Années 70 : première Conférence Mondiale des Femmes à Mexico en 1975, l’année 1975 est décrétée Année Internationale de la Femme et l’ONU décrète la Décennie sur la Femme de 1976 à 1985

Années 80 : Conférence Mondiale des Femmes à Copenhague en 1980 et à Nairobi en 1985, la décennie de l’ONU sur la Femme se poursuit, le Plan d’Actions de Lagos est élaboré en 1980 et la Charte africaine des droits de l’Homme et des Peuples est ratifiée. En 1981 : la  reconnaissance des droits de la Femme, le Concept IFD est introduit dans la plupart des projets de développement, les ONG jouent un grand rôle pour la prise en compte des femmes dans le développement,

Années 90 : Conférence sur la Famille et le Développement à Dakar en 1992, la 5ème Conférence Mondiale sur la Population au Caire en 1994, la Conférence des Femmes africaines à Dakar en 1994, la 4ème Conférence Internationale sur les femmes en 1995 à Beijing.

Années 2000 : Beijing +5 : Evaluation de la plateforme de Beijing aux Etats-Unis d’Amérique.

L’égalité est un objectif ultime et une valeur de base

L’équité est un moyen d’atteindre cet objectif. Pour garantir que les femmes bénéficient du développement autant que les hommes, il est important d’assurer un accès équitable aux ressources sociales et économiques. L’équité signifie que les femmes et les hommes ont les mêmes opportunités d’accéder et de contrôler les ressources du développement comme l’éducation, la santé, les revenus, l’emploi, l’information, les droits, les programmes de développement, les processus de décision, etc. La question de l’égalité des opportunités et des capacités entre les hommes et les femmes est au centre de tout processus de développement.

Dans notre société, cet objectif présente à la fois, un enjeu sociétal pour réduire les inégalités, les facteurs d’exclusion et assurer un développement humain équitable ; un enjeu démocratique, celui de l’égalité en droits et en dignité des hommes et des femmes ainsi qu’un  enjeu économique, pour lever les entraves à la contribution économique des femmes et favoriser une croissance en faveur des populations pauvres et vulnérables.

Qu’en est-il des droits de la femme au Maroc ?

La femme marocaine est un véritable modèle de la femme battante, ambitieuse, motivée, cultivée, curieuse et qui s’accroche à ses rêves même si le chemin pour atteindre ses objectifs est souvent long et semé d’embûches.

Les femmes marocaines occupent un rôle traditionnel au sein de la famille, leur légitimité étant liée à la gestion du foyer et à l’éducation des enfants. Dans une société caractérisée par une culture patriarcale, l’accès des femmes à la prise de décisions au niveau familial reste limité. Au Maroc, le taux de participation des femmes à la population active reste l’un des plus bas du monde. Il a même régressé en vingt ans, malgré un PIB par habitant plus élevé, un taux de fécondité plus faible et un meilleur accès à l’éducation. ‘’Comparaison n’est pas raison’’ mais rappelons que pendant longtemps en Europe, les femmes mariées ne peuvent pas travailler sans le consentement de leur mari : en France jusqu’en 1965, en Espagne jusqu’en 1975 et en Grande-Bretagne dès 1919.

Par ailleurs, des réformes importantes ont été menées pour améliorer la situation juridique de la famille, particulièrement celle de la femme et de l’enfant. On peut notamment citer l’entrée en vigueur du nouveau code de la famille, l’amendement du code pénal mettant en place des dispositions plus appropriées contre les discriminations et la violence, l’adoption du code électoral qui offre de nouvelles opportunités pour les femmes, ainsi que l’entrée en vigueur du nouveau code du travail fondé sur le principe de la non discrimination en matière d’emploi et de salaires et consacrant certaines dispositions en faveur de la femme dont principalement l’élévation de la durée du congé de maternité à 14 semaines.

La dernière réforme du code de la nationalité, annoncée par le Souverain Marocain à l’occasion du discours du Trône en juillet 2005, présente une avancée fondamentale pour la préservation des droits de l’enfant et ceux de la famille en général. Cette réforme, en réduisant les inégalités et en rétablissant la dignité aux femmes et à leurs enfants nés d’un père étranger, consacre la citoyenneté à part entière aux femmes.

Bref aperçu sur l’évolution des droits des femmes au Québec

1918 : Les femmes obtiennent le droit de vote aux élections fédérales, à l’exception de certains groupes ethniques exclus par la loi. C’est le cas par exemple des personnes d’origine asiatique ou encore des populations autochtones.

1940 : Le Québec devient la dernière province à accorder aux femmes le droit de vote aux élections provinciales.

1964 : L’obligation d’obéissance des femmes à leur mari est abolie.

1969 : Le gouvernement de Pierre-Elliott Trudeau introduit une loi qui décriminalise la contraception.

1975 : Adoption de la Charte des droits et libertés de la personne, qui prévoit notamment que la discrimination basée sur le sexe est interdite au Québec.

1979 : Les Québécoises peuvent désormais prendre un congé de maternité de 18 semaines sans risquer de perdre leur emploi.

1983 : Une agression sexuelle commise par un conjoint est désormais reconnue comme un crime.

1988 : L’avortement n’est plus un crime au Canada.

1996 : La Loi sur l’équité salariale est adoptée.

2021 : La Loi sur le divorce est modifiée pour inclure la notion de violence familiale. La violence familiale doit être prise en compte durant le processus de divorce et pour déterminer le temps parental de chaque parent. La violence familiale englobe notamment l’abus sexuel, physique, psychologique et financier.

Pour bâtir des sociétés plus inclusives et plus productives, il est essentiel de mieux investir dans le capital que représentent les filles et les femmes et de combattre les discriminations fondées sur le genre. Aucune société ne peut espérer progresser en équilibre sans répartir les ressources et les débouchés économiques et offrir aux femmes et aux hommes les mêmes opportunités.

Par Abdel-Jalil Zaidane, ( Maroc) pour Maghreb Canada Express , Vol. XXI, N°03, Pages 06-07, Édition de Mars_Avril 2023.

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