Pour ou contre les directives scolaires en matière  d’identité du genre ? Le débat sur cette question brûlante d’actualité a débordé sur la voie publique, le mercredi 21 septembre 2023, où des milliers de personnes ont manifesté, non sans heurts, dans plusieurs villes du Canada.

D’un côté des partisans d’un groupe appelé 1 Million March 4 Children hostiles  à l’idéologie du genre dans les écoles du pays et les contenus inappropriés sur la sexualité proposés aux élèves.

Dans l’autre camps, des contre-manifestants issus de la communauté LGBTQ+,  tous aussi déterminés à défendre leur  cause  et le droit à l’enseignement de la diversité des genres et des sexualités dans les établissements scolaires, selon leurs dires. 

« Leave the kids alone », « Laissez nos enfants tranquilles »,  « Teach love not hate », « Trans rights are human rights », « Laissez les enfants trans devenir des adultes trans », « My child, my choice », « Hands off ours children »,   « Les parents savent le mieux » ou « Gardez l’innocence des enfants », étaient, entre autres, les mots d’ordre de ces actions de rue observées un peu partout. 

Des manifestants présents au  rassemblement tenu devant le bureau du premier ministre François Legaut, au centre -ville de Montréal, organisé sous l’appellation Manifestation pour le droit parental, ont  tenu  à préciser  devant les médias qu’ils ne sont pas contre la communauté homosexuelle mais  contre  la manière dont les écoles enseignent l’identité de genre.

Une intervenante  rencontrée par Radio-Canada dans la métropole s’est présentée comme chrétienne et a assuré que « les revendications émanaient d’une volonté commune des participants de voir enseigner les bases à l’école publique. Le gouvernement n’a aucun droit sur mes vues ni celles de mes enfants », a-t-elle soutenu. Sur la Toile, les réactions étaient aussi nombreuses et adverses.

Pour Kamel el-Cheikh, l’une des principales figures  du mouvement 1 Million March 4 Children, la journée de mercredi est une grande victoire. « Notre mouvement est comme un parapluie qui regroupe des personnes de toutes les religions qui sont contre la politique d’imposer l’idéologie de genre sur nos enfants dans les écoles. C’est ce qui nous a unis en tant que musulmans et chrétiens », a-t-il déclaré. 

Ce mouvement  qui se définit comme « non partisan » rassemble des groupes conservateurs musulmans, mais aussi des organismes chrétiens évangélistes, ou encore des personnalités affiliées au Parti populaire du Canada (PPC) de Maxime Bernier présent  aux cotés de Kamal el  Cheikh mercredi à Ottawa, ont rapporté des sources médiatiques.

Le premier ministre Justin Trudeau, qui se trouvait à New York ce jour-là pour l’Assemblée générale de l’ONU, a publié un message sur les réseaux sociaux pour condamner ces manifestations.  «Que ce soit clair: la transphobie, l’homophobie et la biphobie n’ont pas leur place dans notre pays. Nous condamnons fermement cette haine et ses manifestations, et nous sommes solidaires des Canadiens et Canadiennes 2ELGBTQI+ à travers le pays-vous êtes valables et appréciés.», a-t-il défendu.

De son côté, Francois Legaut a appelé au calme dans le débat  entre opposants à l’enseignement de l’identité de genre et défenseurs des droits LGBTQ+. « Ça ne représente pas le Québec. Les Québécois sont modérés, et on n’a pas l’habitude de voir cette polarisation d’un côté comme de l’autre.  Je me sens une responsabilité comme premier ministre d’être un rempart contre les extrêmes. Les positions sont campées. J’espère que ce sont des exceptions (….)  Je fais un appel au calme des deux côtés. D’un côté, on a un devoir, comme société, de protéger les jeunes qui sont dans les minorités, et de l’autre côté, bien, je peux comprendre les parents qui sont inquiets, les citoyens qui sont inquiets », a-t-il ajouté tout en condamnant les « dérapages » lors de ces manifestations.

Par ailleurs, la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse (CDPDJ) souhaite que l’école québécoise poursuive l’enseignement des notions liées à la diversité sexuelle, comme l’identité de genre ou l’expression de genre, pour que le nouveau cours de Culture et citoyenneté québécoise reflète les réalités des citoyens qui composent la société et les informe de leurs droits fondamentaux.

Réagissant aux propos tenus par Justin Trudeau, l’Association musulmane du Canada  a indiqué dans un communiqué repris par l’agence QMI : « En qualifiant de haineuses les manifestations pacifiques de milliers de parents inquiets, les dirigeants et les conseils scolaires canadiens créent un dangereux précédent en utilisant leur position d’influence pour diaboliser injustement les familles et aliéner d’innombrables élèves».

Selon l’association, les «milliers de musulmans» qui ont manifesté la semaine passée réclament «leurs droits en tant que parents en ce qui concerne l’éducation de leurs enfants. Leur intention était d’être entendus et non de semer la division. Les parents devraient avoir le droit absolu de défendre le bien-être de leurs enfants», a précisé l’Association musulmane du Canada qui ajoute : « les milliers de musulmans qui ont manifesté  réclament leurs droits en tant que parents en ce qui concerne l’éducation de leurs enfants. Leur intention était d’être entendus et non de semer la division. Les parents devraient avoir le droit absolu de défendre le bien-être de leurs enfants».

Par Mbarek El Azzaoui pour Maghreb Canada Express, Vol. XXI, N°10, Page 06, Édition du mois d’Octobre 2023.

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Maghreb Canada Express

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