Après la Syrie, l’Irak et la Libye qui sombrent tous dans le Chaos, voici l’Iran qui rentre dans un conflit contre Israël. Serait-ce le début de la fin de l’Iran ?

Certains médias prétendent d’ores et déjà que l’Iran possède la bombe atomique; Ce qui nous rappelle les Etats-Unis soutenant jadis que Saddam possédait des armes de destruction massive. Et les Américains qui justifient l’anéantissement de Saddam au nom de la loi et de la liberté !

Parlons-en de la liberté…

Emmanuel Kant écrivait qu’il peut sembler contradictoire que la liberté réside dans le respect de la loi, car cette dernière est souvent perçue comme, précisément, une obligation, une contrainte, et non comme un facteur de liberté. Cette dernière ne peut résider dans le fait de suivre ses envies personnelles, quand bien même leur réalisation ne serait pas au détriment des autres ; la liberté réside dans la faculté à se créer une loi et à y adhérer par sa volonté. L’impulsion du seul appétit est esclavage et l’obéissance à la loi qu’on s’est prescrite est liberté.

Décidément, les Américains se servent du mot liberté pour justifier leurs actes et exercer leur pouvoir.

L’attaque d’Israël contre l’Iran n’a pas été la réponse féroce que le président américain Joe Biden et d’autres dirigeants occidentaux craignaient.

Ils avaient exhorté le gouvernement israélien à mettre fin à la dangereuse série d’événements qui a commencé avec l’assassinat (par Israël) d’un général iranien de haut rang à Damas le 1er avril 2024.

Les Iraniens minimisent ce qui s’est passé à Ispahan

Les premiers rapports indiquaient qu’il n’y avait pas eu d’attaque. Plus tard, un analyste de la télévision d’État a affirmé que les défenses aériennes avaient désamorcé des drones lancés par des « infiltrés ».

Israël a répondu à l’attaque iranienne. Malgré des années d’hostilité et de menaces, c’était la première fois depuis la création de la République islamique en 1979 que l’Iran lançait une attaque directe contre Israël depuis son territoire.

Au cours de cette attaque, le gouvernement iranien a lancé plus de 300 missiles et drones. Presque tous ont été détruits par les défenses aériennes israéliennes, soutenues par les forces américaines, britanniques et jordaniennes.

Les Iraniens ont clairement exprimé leurs intentions, donnant à Israël et à ses alliés le temps de se préparer, et ont rapidement publié une déclaration au siège des Nations unies à New York indiquant que leurs représailles étaient terminées.

M. Biden a exhorté Israël à « accepter la victoire« , mais Israël a insisté sur le fait qu’il riposterait.

Dès le départ, cette crise a montré à quel point l’Iran et Israël se comprennent mal. Les deux pays ont fait des erreurs de calcul, ce qui a aggravé la crise.

Plus de six mois après les attaques du Hamas contre Israël, la guerre se poursuit à Gaza et s’est étendue aux deux côtés de la frontière israélo-libanaise et au golfe Persique.

Il est à craindre que le Moyen-Orient soit au bord d’une guerre totale, avec des dangers à la fois régionaux et mondiaux .

Les craintes d’une escalade de la guerre au Moyen-Orient entre Israël et l’Iran augmentent de jour en jour. Une poussée de fièvre surveillée de près par la communauté internationale, États-Unis en tête, alors qu’une trêve se fait attendre avec le Hamas dans la bande de Gaza.

Plusieurs pays appellent à la «retenue» au Proche-Orient, craignant de voir le conflit entre Israël et le Hamas embraser le reste de la région.

Rivaux historiques, l’Iran et Israël entretiennent depuis la révolution islamique, en 1979, des relations exécrables. Pour Téhéran, Israël n’aurait pas le droit d’exister. Israël accuse l’Iran de financer des groupes « terroristes » et de perpétrer des attentats contre ses intérêts, motivés par l’antisémitisme des ayatollahs.

Dernier épisode en date de cette rivalité, le lundi 1er avril 2024. Des frappes aériennes israéliennes ont détruit l’annexe consulaire de l’ambassade iranienne à Damas, en Syrie, selon des responsables syriens et iraniens, tuant notamment sept membres du corps des Gardiens de la révolution, l’armée idéologique de la République islamique, dont un haut général. Le bilan total du raid s’élève à 16 morts, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme.

Plus tard, l’ayatollah Ali Khamenei – guide suprême iranien – a répété qu’Israël serait « puni », après sa frappe de Damas. « L’opération (de représailles) sera menée au bon moment, avec la précision et la planification nécessaires, et avec un maximum de dégâts pour l’ennemi afin qu’il regrette son action », avait assuré le 6 avril le général Mohammad Bagheri, chef d’état-major des forces armées iraniennes.

L’Iran le sait, une riposte pourrait provoquer un conflit ouvert avec Israël et un embrasement régional que Téhéran cherche à éviter. Mais ne rien faire réduirait son influence auprès de ses alliés. L’Iran pourrait ainsi utiliser des milices régionales alliées, par exemple le Hezbollah au Liban, pour lancer un certain nombre d’attaques contre Israël tout en évitant une confrontation directe.

L’Iran « menace de lancer une attaque importante contre Israël », avait prévenu plus tôt le président américain, Joe Biden, assurant son allié de son soutien « inébranlable » malgré quelques critiques contre des attaques de l’État hébreu à Gaza, qualifiée d’erreurs.

En guise de « précaution », et signe concret des tensions, les États-Unis ont annoncé restreindre les mouvements en Israël de leur personnel diplomatique et des membres de leur famille. La France a également demandé à ses ressortissants, de « s’abstenir » de se rendre en Iran, Israël, Liban et dans les territoires palestiniens.

La communauté internationale tente de calmer les ardeurs des deux camps. D’un côté, Michael Erik Kurilla, général américain chargé du Moyen-Orient, se trouve en Israël pour discuter avec les dirigeants militaires du pays des «menaces sécuritaires dans la région ».

De l’autre côté, les États-Unis cherchent à dissuader l’Iran de mener une frappe de représailles contre Israël. Le secrétaire d’État Antony Blinken s’est entretenu par téléphone avec ses homologues chinois, turc et saoudien, les appelant à faire pression sur Téhéran contre toute attaque visant Israël.

Cette nouvelle poussée de fièvre tombe mal alors que les pays médiateurs attendent des réponses d’Israël et du Hamas à leur dernière proposition de trêve. « Nous sommes en pleine guerre à Gaza, qui continue à plein régime […] mais nous nous préparons aussi à faire face à des défis sur d’autres théâtres », d’opérations, a prévenu Benyamin Netanyahou.

La dernière proposition avancée par le Qatar, les États-Unis et l’Égypte prévoit dans un premier temps une trêve de six semaines ainsi que la libération de 42 otages retenus à Gaza en échange de 800 à 900 Palestiniens incarcérés par Israël et le retour chez eux des habitants du nord du territoire déplacés par la guerre, selon une source du Hamas.

Le Hamas exige, avant tout accord, un cessez-le-feu définitif, le retrait israélien de Gaza, une augmentation importante de l’aide humanitaire, un retour des déplacés et un accord « sérieux » d’échange d’otages et de prisonniers palestiniens. Les positions tardent toujours à se rapprocher. Ce regain de tension entre Israël et l’Iran n’arrange rien.

Washington n’a cessé d’alerter ses alliés européens et leurs interlocuteurs arabes au Moyen-Orient sur le risque imminent d’une attaque, un peu comme le renseignement américain l’avait fait avant l’invasion de l’Ukraine par la Russie, en février 2022.

Personne ne pouvait se dire surpris. Sauf ceux bloqués dans le passé, qui n’ont pas réglé leur horloge géopolitique sur l’ère post-7 octobre 2023, ouverte par l’attaque du Hamas en Israël. Une ère dans laquelle Joe Biden a engagé la crédibilité morale et militaire de son pays aux côtés de l’Etat hébreu.

Quand je pense que depuis sa création, en 1948, et jusqu’à la Révolution iranienne, en 1979, Israël a connu des relations cordiales avec l’Iran, alors dirigé par la Dynastie Pahlavi. L’Iran fut le deuxième État à majorité musulmane, après la Turquie, à reconnaître l’État d’Israël, considéré comme son meilleur ami non-musulman.

Par Mustapha Bouhaddar, pour Maghreb Canada Express, Vol. XXII, N°03, Pages 06-07, MAI 2024

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