Par Abderrafie Hamdi
Les réseaux sociaux se sont enflammés juste après le discours royal du 6 novembre 2024, à l’occasion du 49? anniversaire de la Marche Verte. Ce discours a consacré une partie importante au cadre institutionnel dédié à la communauté marocaine qui a accueilli avec enthousiasme les décisions claires et précises, assorties de délais concrets. Cette intervention royale marque une étape cruciale, succédant à des discours antérieurs réservés aux hautes orientations générales. En 2022 déjà, SM le Roi Mohamed VI ,avait appelé le gouvernement à élaborer une nouvelle vision, mieux adaptée à une réalité en mouvement permanent et rapide des Marocains du monde.
Cette approche progressive traduit à la fois la complexité des défis actuels,les difficultés rencontrées dans les pays de résidence et l’attachement profond à leur patrie .
Une diaspora nombreuse et plurielle
Avec plus de six millions de Marocains vivant à l’étranger, cette communauté dépasse en effectifs la population de 90 États membres des Nations unies. Ses besoins et attentes, aussi variés que ses profils, incluent des préoccupations liées à l’éducation, la culture, la religion, la participation politique institutionnelle et économique ou encore des questions administratives et judiciaires telles que l’état civil, le mariage , le divorce ou la gestion des biens immobiliers.
Le discours royal a mis en exergue l’urgence de finaliser la loi du Conseil de la communauté marocaine à l’étranger (CCME).qui est une institution constitutionnelle depuis 2011 ,mais toujours pas aligné avec la Constitution .
Cette réforme mettrait fin à une anomalie institutionnelle qui perdure depuis des années, permettant enfin au CCME de jouer pleinement son rôle consultatif au lieu d’une simple structure administrative.
Cependant, malgré ce cadre limité, le CCME a su contribuer significativement à la réflexion sur les enjeux de la diaspora. Il a produit des études approfondies, soutenu des talents marocains de l’étranger, organisé des forums internationaux et joué un rôle mobilisateur à chaque fois que l’intégrité territoriale du Maroc était mise en question.
Une institution dédiée et une nouvelle approche
L’annonce de la création de la Fondation Mohammedia des Marocains Résidant à l’Étranger suscite un véritable espoir. Ce nouvel organisme public, aux compétences transversales, ambitionne de transformer la gestion des affaires des Marocains du monde en une politique publique intégrée. Cette initiative vise aussi à rompre avec les approches unilatérales et des actions souvent marquées par l’absence de vision stratégique.
Cependant, cette réforme institutionnelle suffira-t-elle à produire les changements attendus si la diaspora elle-même, en particulier ses élites civiles, économiques et intellectuelles, ne s’implique pas davantage ?
Le défi du renouvellement associatif
Les associations de la diaspora ont traversé plusieurs générations. Dans les années 1970, les amicales marocaines accompagnaient les premiers flux de travailleurs migrants TME . Plus tard, des organisations issues de la deuxième génération des marocains résidant à l’étranger
MRE ,ont initié des projets de développement local dans des zones rurales : électrification, accès à l’eau potable, construction d’écoles et d’infrastructures sanitaires. Aujourd’hui, une troisième génération émerge, portée par des réseaux de compétences marocaines à l’étranger, CME ,qui contribuent à l’innovation, au transfert de savoir-faire et à la défense stratégique des intérêts du Maroc.
Cependant, ce tissu associatif reste largement amateur et nécessite un renouvellement et un mis à niveau de ses structures, une gestion plus professionnelle et une action élargie pour répondre aux évolutions qualitatives et quantitatives de la diaspora. Par ailleurs, il devient urgent d’adopter de nouvelles méthodes d’intervention afin de relever les défis actuels et futurs.
Une dynamique en marche
En conclusion, le discours royal amorce une transformation institutionnelle majeure au Maroc. Cependant, la réussite de cette dynamique est tributaire de l’engagement continu de la diaspora marocaine. L’histoire a prouvé que les Marocains du monde ont toujours répondu présents pour défendre les intérêts de leur pays d’origine.
Le défi aujourd’hui est de renforcer cette synergie entre réformes institutionnelles au Maroc et rénovation de l’action associative à l’étranger.