Le président américain Donald Trump a mis à exécution, dès le 4 mars 2025, ses menaces d’ imposer des droits de douane  de 25  % pour le Canada et le Mexique. Le patron de la Maison blanche  motive cette décision par les problèmes liés à l’ immigration clandestine aux frontières et au trafic de drogues illicites telles que le fentanyl introduites en contrebande aux États-Unis à des «niveaux inacceptables», selon ses propos.

Quelles conséquences les tarifs douaniers auront-ils sur l’économie canadienne et quelles stratégies adopter?

Ces questions ont  été au centre des débats lors de la  rencontre économique organisée à Montréal le 25 février dernier par la firme Aviseo Conseil et le cabinet BCF Avocats d’affaires. Un événement exclusif durant lequel ont été communiqués les résultats d’une étude sur les impacts potentiels des tarifs douaniers et leurs conséquences sur les entreprises québécoises.

Réalisée avec la firme Aviseo Conseil, cette analyse souligne  les défis et opportunités liés aux relations commerciales avec les États-Unis. Les intervenants ont présenté des données précises sur les secteurs économiques les plus  vulnérables face à une éventuelle hausse des tarifs douaniers américains ainsi qu’une  évaluation détaillée de la dépendance américaine aux exportations québécoises. Des experts des milieux économiques et juridiques  ont partagé leurs stratégies pour atténuer les retombées de ces tarifs.

 L’étude en question a dévoilé des statistiques des exportations québécoises vers les États-Unis, cible les secteurs les plus vulnérables et formule quatre recommandations clés. Plus de 130 personnes issues du milieu des affaires québécois ont assisté au dévoilement de l’étude, présentée par Mario Lefebvre, économiste et associé chez Aviseo. L’événement animé par Julie Doré, associée directrice chez BCF, a également été marqué par deux panels d’expert.e.s de haut niveau. Le premier, d’ordre économique, était composé d’Hubert Bolduc, président d’Investissement Québec International, de Luc Sirois, innovateur en chef du Québec et de Janie Béïque, présidente et cheffe de la direction du Fonds de solidarité FTQ. Le second, d’ordre juridique, rassemblait Dominique Babin, associée, avocate en droit des affaires, Didier Culat, avocat-conseil en droit des affaires et Jean-Marc Clément, avocat spécialisé en commerce international.

 Défis commerciaux et  occasions d’affaires

«Assurer la croissance des organisations, c’est les accompagner afin de prévoir les risques et de les comprendre, pour ensuite innover et s’adapter aux changements rapides du marché et de ses incertitudes, tout en saisissant de nouvelles opportunités. La réalisation de cette étude était cruciale à nos yeux. Comme deuxième cabinet d’importance au Québec, il est de notre devoir de jouer un rôle clé auprès des organisations d’ici en nous collant à leurs réalités, et les tarifs douaniers sont un bon exemple», a indiqué  Julie Doré, associée directrice chez BCF et animatrice de l’événement.

 L’étude menée par Aviseo Conseil en partenariat avec BCF met en relief  l’importance cruciale des exportations pour l’économie québécoise, qui représentent 32 % du PIB, dont près de la moitié est destinée aux États-Unis. Selon cette analyse  9  secteurs qui emploient environ 100.000 personnes et représentent 2,3 % de l’emploi total et 4 % du PIB du Québec sont particulièrement vulnérables face à ces tarifs douaniers dont l’industrie de l’aluminium, l’aérospatiale, le bois et l’automobile.

Éviter une réplique tarifaire de la part du Canada

Pour contrer cette nouvelle  réalité économique imposée au Canada, l’étude voit dans la diversification des marchés d’exportation comme une option viable, outre l’importance de lorgner des marchés dans d’autres pays ou des groupes importateurs potentiels pour les produits québécois à risque. Parmi ces importateurs, les provinces. Dans cette optique,  il est suggéré la réduction de la charge fiscale des entreprises et l’alignement graduel du poids de l’impôt sur les sociétés au Québec (actuellement à 6,6 % du PIB) sur la moyenne des pays membres de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) (4,3 % du PIB).

L’ étude estime par ailleurs qu’ une  une réplique tarifaire canadienne pourrait entraîner des conséquences négatives sur l’économie québécoise en augmentant le coût des intrants et des équipements de production importés des États-Unis. Enfin, l’étude suggère la mise en place d’un mécanisme de collaboration, comme la tenue d’un sommet Québec–États-Unis, regroupant les diverses institutions publiques et parapubliques ainsi que les entrepreneur.e.s, les leaders d’affaires et les universitaires afin d’optimiser le soutien aux entreprises québécoises et de transformer la période d’instabilité économique actuelle en occasions de croissance et d’innovation, lit on dans le communiqué de presse.

A. Tahraoui

By AEF