«Pourquoi venez-vous dans notre pays si ce n’est pour tenter de le changer à l’image du pays que vous avez fui? Laissez vos Hijab, Niqab, Burqa, Charia etc ! Oubliez vos revendications primitives ! Cessez de vous sentir en permanence humiliés ! Intégrez-vous ou rentrez chez vous ! Stop; cela suffit ! Cette mosquée est baptisée avec du sang de porc frais du Québec! »

C’est avec ce post-scriptum que ceux qui ont commis l’acte de profanation contre la mosquée de la petite communauté musulmane de la ville de Saguenay, le 31 août dernier, ont cru expliquer leur geste !

La qualité du Français ainsi que les nuances de style dans ce texte montrent que les auteurs ne sont pas de simples fêtards qui ont bu un coup de trop… De quoi dessoûler ceux et celles qui se sont soûlés, la veille, d’eau fraîche, d’Amour pour leur pays d’accueil, le Québec et de rêves de voir un jour ce pays fort par sa diversité et fier de ses minorités !

Et nous faisons partie du lot des frustrés car, pas plus loin que le mois dernier, nous rêvions, dans ces mêmes colonnes, pour notre pays d’adoption, d’une ‘’intégration bidirectionnelle où les deux partenaires s’enrichissent de ce qu’il y a de mieux chez l’autre, corrigent leurs défauts en fonction des valeurs du partenaire, construisant sur ce qui les approche, s’enorgueillissant de la différence, comme on peut s’enorgueillir de la diversité des fleurs de son jardin, et faisant front commun contre toute forme d’assimilation qui pourrait priver le pays d’accueil d’un atout majeur pour se faire une place dans un Monde qui ne cesse de se globaliser»

Or l’«intégration» dont il est question dans ce texte rime sans nuance aucune avec assimilation !

Il est temps de redonner aux mots leurs sens !

Cette douche froide vient rappeler aux uns qu’à chaque fois que le débat est lancé sur les accommodements dits «raisonnables» concernant les minorités religieuses, ce sont les Musulmans qui finissent par porter le chapeau; qui deviennent les boucs émissaires en fin de parcours !

Et cette même douche sibérienne vient aussi mettre les pendules à l’heure et de rappeler aux autres, ceux qui ont cru bon de se dissocier des leurs que « le rameau a beau cracher sur ses racines, le bûcheron ne voit en lui que l’arbre qui l’a enfanté !»

La première Dame du Québec, Madame Pauline Marois, vient de condamner avec vigueur cet acte odieux; et c’est tout en son honneur !

Mais comment va-elle faire pour éviter aux communautés religieuses d’être baptisées avec la honte fraiche du Québec (pour adopter le même style des profanateurs de la mosquée du Saguenay) quand on va leur demander de se dissocier des signes ostentatoires de leur religion !

Dialogue de sourds…

Car, n’en déplaise, ces signes ne sont pas de simples tatouages… qu’on se dessine sur la peau sous l’impulsion d’un coup de tête (pour affirmer son identité, son indépendance ou pour extérioriser une quelconque révolte), mais que ces signes font bel et bien partie de la pratique religieuse !

Et bon nombre parmi nous sont déjà en train de se questionner : Pourquoi donne-t-on raison à une personne qui clame la propriété de son corps et en impose la nudité à ceux et celles qui veulent (ou ne veulent pas) la voir et … pourquoi donne-t-on tort aux autres; ceux qui clament avec la même force et la même conviction la propriété de leurs corps mais qui veulent se réserver le droit de ne le montrer qu’aux personnes de leur choix ? !

Suite à l’annonce du dépôt du projet de loi de Monsieur Drainville, plusieurs citoyens nous ont fait parvenir des articles qui témoignent de leurs préoccupations quant à la stigmatisation de la communauté musulmane.

Nous en avons publié dans ce numéro un certain nombre qui résume au mieux ces préoccupations.

En voici quelques extraits :

Majid Blal (page 4) `se demande «Pourquoi s’acharne-t-on à exiger des immigrants qu’ils soient plus parfaits que nous ne le sommes ..?» Et d’ajouter plus loin : «On somme que toute agression ou violence est diagnostiquée issue des enfances malheureuses, si le présumé se nomme Bernard ou Jacques, et issue du moyen âge scabreux… si le présumé s’intitule Mohamed ou Moshé !».

Mme Alaoui (Page 6) pense que «Porter le voile, la kippa ou une croix appartient au domaine privé de chaque personne et l’état n’a pas à s’immiscer… A moins qu’une peur injustifiée, nous rend nerveux et nous commençons à empiéter même sur les libertés individuelles les plus élémentaires». 

Quant à Hajar Jerroumi (Page 8), elle pense que «afficher son signe religieux ne compromet aucunement la dite séparation institutionnelle du religieux et de l’État, c’est de l’ordre de la liberté de conscience (…)’’.

De l’autre bord, on entend un autre son de cloche. Et tout est redit sur les religion… Y compris qu’elles sont l’opium du Peuple. Mais, si contre le mal il n’y a plus que l’opium, bon nombre seront contraints de prendre cet opium afin de masquer la douleur d’être opéré de leur identité sans anesthésie aucune !

Par Abderrahman El Fouladi.

 

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