Revenir au franc est un des thèmes majeurs dans le programme du Front National. Mais selon un sondage publié il y a quelques années par l’institut de sondage « Atlantico », près d’un Français sur 3 serait favorable à une sortie de l’euro.
Par Mustapha Bouhaddar
En effet, 32% des Français se sont déclarés en faveur d’un retour au franc. Ce pourcentage s’élève à quasiment 50% parmi les employés et les ouvriers, 32% parmi les moins de 24 an et 31% chez les plus de 65 ans.
Selon Jérôme Fourquet, directeur adjoint du département opinion à l’Ifop, cité par « Atlantico », deux raisons majeures seraient à l’origine de ce résultat, à savoir :
– Le fait que l’arrivée de l’euro ait été accompagnée d’une hausse des prix.
– Le fait que la monnaie unique crée une solidarité avec des pays comme la Grèce qui « peuvent nous tirer vers le bas et exiger des sacrifices financiers supplémentaires ».
En réalité, on sent bien que les personnes interrogées soient celles qui sont le plus touchées par la crise et qui amalgament les conséquences de ladite crise à l’existence de l’euro.
Une sortie volontaire de la France de la zone euro détruirait jusqu’à un cinquième de la richesse nationale sur dix ans et coûterait un million d’emplois, selon une projection de l’institut Montaigne parue dans « Les Echos ».
En pleine crise de la zone euro, l’idée d’un retour au franc est envisagée par la candidate du Front national à l’élection présidentielle, Marine le Pen.
Selon les scénarios, du plus optimiste au plus pessimiste, envisagés par l’institut, une telle mesure détruirait entre 6% et 19% de Produit intérieur brut en dix ans.
En effet, plusieurs dizaines, voire plusieurs centaines de milliers d’emplois seraient supprimés dès la première année. A long terme, il faudrait même s’attendre à la destruction de plus d’un million d’emplois, écrit le journal économique.
Les exportations seraient plus dynamiques mais les ménages, qui consomment beaucoup de produits importés, perdraient du pouvoir d’achat – jouets et voitures étrangères deviendraient 20% plus chers, selon l’institut Montaigne.
La dette serait creusée par la dévaluation de la monnaie au point que « la France se trouverait rapidement dans la situation de l’Italie aujourd’hui (118% de dette) », ajoute-t-on.
Il faut que les Français aient peur d’un retour au franc, les politiques sentent que c’est une idée qui trotte dans la tête de nombreux Français.
Pour faire peur ils n’hésitent pas à mentir, une parité de 1 pour 1, une dévaluation de 25% et pourquoi pas 50.
L’avantage d’un retour au franc, possible dévaluation très bonne pour les exportations, cela va créer du travail donc des impôts.
Notre dette qu’on la rembourse en euro ou en francs cela ne changera rien. Par contre pour nous consommateurs, acheter une salade 4 frs au lieu de 1 euro voire plus, le café 13 frs au lieu de 2 euros, là nous verrons à quel point les industriels et commerçants ont mis le paquet sur les hausses de prix et cela permettra certainement de revenir à des prix plus raisonnables.
Un ouvrier français à qui j’ai demandé récemment son avis sur le franc m’a répondu : « Je suis pour un retour au franc, j’ai toujours continué à compter en franc, faites-le et vous comprendrez pourquoi nous ne nous en sortons plus financièrement. Quand vous avez des augmentations de prix du ticket de métro en 2009 1,21 € en 2010 1,70€ soit 49 cts d’euro soit 3,21 frs, a-t-on jamais vu une telle augmentation? Nous avons des augmentations de prix proportionnellement identiques à celles du franc à la différence qu’elles sont en euros soit 6,5 fois plus fortes. Si vous remarquez, depuis quelque temps, on nous présente des augmentations sous forme de pourcentage…. CQFD ».
Ce qu’il faut savoir, c’est que du point de vue historique, on voit que les problèmes sérieux ont commencé à pointer leur nez au début des années 70. Peut être que le ralentissement de la croissance des approvisionnements en pétrole et en gaz pas cher a eu un impact. Peut être que l’informatisation et la robotisation ont réduit la nécessite d’employer une grande quantité de travailleurs pour boulonner et visser des voitures. Peut être que notre compréhension en tant que civilisation de ce qu’a été notre progrès ces siècles derniers est complètement fausse par le message des théories économiques d’un temps où l’espèce humaine était dix fois moins nombreuse et où les apports externes pouvaient être considérés comme infini.
Notre premier problème, c’est d’avoir des théories économiques qui prennent en compte les limites du monde dans lequel on vit ! Si on continue à suivre les thèses qui ont deux siècles, à savoir que notre pouvoir d’achat est uniquement lié à l’effort que l’être humain fournit. L’argent ne sert aujourd’hui qu’à payer des êtres humains, on pourra imprimer tous les billets qu’on veut, le système s’écroulera au final.
Il est temps d’abandonner le rêve mythique du plein emploi et de revoir en profondeur notre système économique.
(Source : Maghreb Canada Expres, Vol. Xii, N°03, Page : 20, Mars 2014)
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