Les faits historiques ont été délibérément changés pour les besoins de l’essai. Nous nous en excusons auprès de tous ceux et celles qu’une telle pratique pourrait choquer.

Est-ce Pierre Daninos qui avait écrit que les soldats font parler les canons alors que les historiens se chargent, plus tard, de faire parler les soldats, après leur mort? Nous, nous avons décidé de faire parler les historiens! Eh bien! , croyez-le ou non,  Ils ont avoué!

aaaaaaaIls nous ont avoué que les pyramides n’ont jamais été construites pour abriter les dépouilles mortelles des pharaons. Mieux encore, elles n’ont jamais été construites pour être des pyramides, du moment qu’elles n’étaient qu’un vulgaire dépôt pour les pierres qu’on avait l’habitude de poser pompeusement au début de tout projet urbain!

Voilà comment les choses s’étaient déroulées dans le passé :

Quand il y avait un projet qui était annoncé à Assouan, à Alexandrie, à l’embouchure du Nil ou ailleurs dans le vaste empire, et comme ni l’avion, ni la limousine n’étaient pas encore inventées, on emmenait au Pharaon un grand Bloc de pierre qu’il bénissait avec ses prêtres, lors d’une cérémonie grandiose, pour que le projet puisse connaître un «succès divin». Sitôt la cérémonie finie, et quand vient le soir, on retire le bloc vers les autres qui l’ont précédé.
Le chargé du dépôt des pierres était un certain Pythagore, immigré clandestin notoire, qui était obligé de quitter son pays natal où, malgré son savoir encyclopédique, il n’avait pu trouver un travail décent. Il faut souligner qu’au temps des pharaons, l’Égypte était prospère et que les pâteras opéraient en sens inverse, dans la Méditerranée.

Ce Pythagore (voir le théorème) était fortiche en géométrie. Aussi, pour passer le temps, entre deux livraisons de blocs de pierre, il enseignait la géométrie à d’autres immigrés qui ont « brûlé »(*) comme lui. Mais comme la faim empêchait ces pauvres hères d’imaginer les figures géométriques dans l’espace, il fût obligé d’empiler les blocs, les uns sur les autres pour illustrer son enseignement.

Les résultats furent époustouflants: Non seulement les disciples ont tout de suite compris la géométrie, mais la fille du Pharaon remarqua le premier édifice et en parla à son père. Celui-ci a tout de suite compris qu’un tel édifice pourrait devenir la première usine de conserves de la planète.

Mais comme il méprisait tout autre corps que le sien, il projeta de n’y conserver que sa dépouille, une fois passé de vie à trépas, en attendant que la science puisse être capable de ressusciter les morts. A souligner que ce rêve fût repris, tout récemment, par Walt Disney. Mais en faisant appel, cette fois-ci, à la technique de la cryogénie, risquant ainsi de désagréger son cadavre à la première panne électrique.

Le Pharaon convoqua Pythagore et lui offrit une récompense exceptionnelle pour son oeuvre. C’était une carte de séjour, sur papyrus impérial, renouvelable chaque année bissextile. Pythagore aurait versé des larmes…de joie bien-sûr! Car ça ne peut pas être autrement.

D’autres chefs d’états ont essayé d’imiter la pratique pharaonique (non pas celle de la carte de séjour en papyrus impérial, mais celle de la pose de la première pierre), avec le dessein inavoué de construire des pyramides. Mais comme les Pythagore ne quittent plus leurs pays (à cause de la relance économique), cette pratique fût perdue dans la nuit des temps.
Il a fallu attendre la fin des années 1940 pour que la pratique ressuscite de ses cendres, comme le phoenix des bois. D’abord, et timidement, dans l’Europe de « l’après guerre », pour reprendre ensuite de la vigueur dans les pays ankylosés par le colonialisme européen et qui viennent juste de s’émanciper.

Dans ces pays, dits « en voie de développement » (peut-être parce qu’ils n’ont pas encore terminé de poser toutes « les premières pierres ») les cérémonies chatouillaient la fierté nationale, fierté de se prendre enfin en main à tel point que le peuple les trouva plus excitantes encore que les projets annoncés. Alors les politiciens prirent le peuple en main. Les cérémonies sont devenues de plus en plus fastueuses, de plus en plus nombreuses et les projets de plus en plus rares quoique grandioses (sur papier qui n’a rien à voir avec le papyrus).

Sur le terrain, on ne voit qu’un gâchis de pierres. Et pourtant pour chaque première pierre posée, il faut environ un à trois mètres cubes d’autres pierres, du ciment, des concepteurs, le salaire, pour une journée gâchée, de quelques dizaines de hauts responsables et de celle de quelques centaines d’irresponsables venus admirer le spectacle. Ajouter à cela la consommation d’essence, les chiens écrasés, les festins et, dans certaines cas, la prise en charge des personnalités venant de l’étranger.

Il y a bien de quoi monter un petit projet, n’est-ce pas?

Alors qu’on se contente de petits projets et qu’on oublie la pose des premières pierres. Ou alors qu’on copie la pratique présumée des pharaons dans sa globalité et qu’on érige des temples avec les «premières pierres» des projets éphémères, pour y conserver notre bêtise humaine afin qu’elle soit intreprétée, autrement par les historiens futurs.

Brûler (*) : expression utilisée pour désigner l’action de traverser clandestinement le détroit de Gibraltar. Les candidats ont l’habitude de brûler tous leurs papiers avant de s’embarquer sur les pâteras (comme ça, si l’embarcation chavire, les requins  peuvent  les confondre avec les gentils pêcheurs espagnols, pêcheurs qui aident ces requins à nettoyer les côtes nord-africaines de leurs méchants poissons intégristes).

©? 1999 Abderrahman El Fouladi.

 

 

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