can(Photo :DR) La surqualification en emploi des personnes immigrantes est un enjeu bien documenté au Canada. En général, les personnes immigrantes sont plus susceptibles que les personnes nées au Canada d’occuper des postes requérant des niveaux de scolarité inférieurs.

Par exemple, selon les données du Recensement de 2016, les personnes immigrantes titulaires d’un diplôme d’études universitaires (baccalauréat ou grade supérieur) étaient deux fois plus susceptibles que les personnes nées au Canada d’occuper un emploi requérant tout au plus un diplôme d’études secondaires.

En revanche, on en sait beaucoup moins sur la persistance de la surqualification au fil du temps. Il s’agit pourtant d’un enjeu important, car plus la surqualification dure longtemps, plus celle-ci peut avoir une incidence sur le bien-être économique des travailleurs.

L’étude « La persistance de la surqualification en emploi des immigrants et des non-immigrants », publiée aujourd’hui dans Regards sur la société canadienne, traite de cet enjeu à l’aide des données intégrées des recensements de 2006 et de 2016. L’étude révèle que les immigrants étaient près de trois fois plus susceptibles que les non-immigrants d’être surqualifiés en 2006 et en 2016, et donc de se trouver en situation de surqualification persistante.

L’étude permet de définir la surqualification comme le fait d’occuper un emploi requérant tout au plus un diplôme d’études secondaires parmi les travailleurs qui étaient âgés de 25 à 49 ans et qui étaient titulaires d’au moins un baccalauréat en 2006.

L’enjeu lié à la surqualification des personnes immigrantes demeure un sujet d’intérêt dans le contexte de la pandémie de COVID-19. Comme démontré dans une récente étude de Statistique Canada, les immigrants formés dans un domaine de la santé sont plus susceptibles que les non immigrants de ne pas travailler dans leur domaine, en dépit du fait que de nombreux postes vacants ne sont pas pourvus dans le secteur des soins de santé.

De plus, une autre étude a révélé qu’en 2016, 25 % des immigrants qui travaillaient comme aides-infirmiers, aides-soignants et préposés aux bénéficiaires avaient au moins un baccalauréat, comparativement à 5 % des non-immigrants

Les immigrants sont près de trois fois plus susceptibles de connaître une surqualification persistante que les non-immigrants

Pour être considérés comme surqualifiés de manière persistante, les travailleurs âgés de 25 à 49 ans qui détenaient un diplôme universitaire devaient avoir occupé, en 2006 et en 2016, un emploi requérant tout au plus un diplôme d’études secondaires.

Au total, environ 1 travailleur sur 20 (5,3 %) était surqualifié en 2006 et en 2016. Cependant, les immigrants (10,1 %) étaient près de trois fois plus susceptibles que les non-immigrants (3,6 %) d’avoir été en situation de surqualification persistante.

Le lieu des études était un important facteur dans ces résultats. Après avoir pris en compte différents facteurs, dont l’âge, le sexe, le plus haut niveau de scolarité et le domaine d’études, la probabilité d’avoir connu une surqualification persistante était de moins de 4 % pour les travailleurs ayant obtenu leur diplôme au Canada. Cette probabilité était similaire chez les immigrants et les non-immigrants.

De plus, lorsqu’on isolait l’effet des autres facteurs, la probabilité de surqualification persistante était de 6 % chez les personnes ayant obtenu leur diplôme en Océanie ou en Europe de l’Ouest, de 5 % chez celles ayant obtenu leur diplôme aux États-Unis, et de 4 % chez celles ayant obtenu leur diplôme en Europe du Nord.

En revanche, les probabilités de surqualification persistante étaient considérablement plus élevées chez les travailleurs ayant obtenu leur diplôme en Asie du Sud-Est (20 %), en Asie du Sud (18 %) et aux Antilles et Bermudes (12 %).

Les différences selon le pays d’origine persistent après la prise en compte d’autres caractéristiques

Même s’ils avaient obtenu leur diplôme au Canada, les travailleurs immigrants n’avaient pas tous les mêmes probabilités de connaître une surqualification persistante; le lieu de naissance avait aussi une incidence sur cette dernière.

Plus précisément, les immigrants ayant obtenu leur diplôme au Canada qui étaient originaires d’Asie du Sud (6,3 %) et du Sud-Est (5,5 %) étaient plus susceptibles d’avoir connu une surqualification persistante, comparativement aux immigrants ayant obtenu leur diplôme au Canada et qui étaient originaires d’Océanie, d’Europe de l’Est et d’Afrique du Nord (3 % ou moins).

D’autres facteurs sont associés à la surqualification persistante

D’autres facteurs, dont le domaine d’études, étaient associés à la surqualification persistante, tant pour les immigrants que pour les non-immigrants.

De manière générale, les travailleurs les plus susceptibles de connaître une surqualification persistante étaient les diplômés en sciences humaines, en sciences sociales et du comportement, en droit, en arts visuels et d’interprétation, ainsi qu’en technologie des communications (probabilités allant de 8 à 11 %).

En revanche, la surqualification persistante était relativement moins fréquente chez les diplômés en mathématiques, en informatique, en science de l’information ainsi que chez les diplômés dans les domaines de la santé (probabilité de 3 % ou moins).

Parmi les autres facteurs associés à des risques plus ou moins grands de surqualification persistante, plus particulièrement chez les immigrants, figuraient le niveau de connaissance de l’anglais ou du français et le fait d’avoir obtenu un autre diplôme d’études entre 2006 et 2016. Les femmes immigrantes ayant obtenu un diplôme hors du Canada étaient aussi plus susceptibles de connaître une surqualification persistante que leurs homologues masculins.

Pour plus d’infos, visiter :

https://www150.statcan.gc.ca/n1/daily-quotidien/200902/dq200902a-fra.htm

Source : IRCC,publié à Vol. XVIII, N°09 , page 6, Septembre 2020.

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