À Paris, pendant que je faisais mes courses dans un magasin, la caissière m’a demandé si je souhaitais donner un euro aux ukrainiens et si oui, il faut valider en appuyant sur la touche verte.
Certains commerces nous proposent même de faire un don de cinq euros pour les Ukrainiens.
C’est curieux ai-je dit à la caissière, on ne m’a jamais demandé si je souhaite faire un don pour les réfugiés syriens qui étaient naguère dans la même situation que les Ukrainiens.
Le réfugié syrien aurait moins de valeur que le réfugié ukrainien… Circulez il n’y a rien à voir !
Le 10/03/22, le ‘’Midi Libre’’ interviewait Robert Ménard dans son bureau au sujet de la crise des réfugiés ukrainiens et de leur accueil à Béziers. Le maire confiait son regret d’avoir publié en 2015 une image de réfugiés syriens, titrée « Ils arrivent! ».
En septembre 2015, le bulletin de communication municipal, le journal de Béziers, effrayait les Biterrois avec à sa Une, une photo montrant une foule de réfugiés se pressant devant un train ayant pour destination Béziers et accompagnée du titre “Ils arrivent”.
En réalité, il s’agissait d’une photo de l’AFP (Agence France Presse) prise en Macédoine, achetée par la Ville de Béziers et détournée…
À l’époque, Robert Ménard se montrait clairement hostile aux réfugiés syriens.
Aujourd’hui, la Ville de Béziers accueille déjà plusieurs familles d’Ukrainiens.
Elle a aussi organisé une collecte de dons et livré elle-même des centaines de colis à la frontière entre la Pologne et l’Ukraine. Une solidarité incontestable. Un changement de position ?
Robert Ménard répond : « Je regrette les affiches de 2015, j’ai eu tort, je ne le referai pas, je n’ai aucun problème à le dire. Même si la situation était différente, il s’agissait, en 2015, de Syriens qui fuyaient la guerre. »
Les accueillerait-il aujourd’hui ? « S’ils sont menacés par des bombes oui. »
Il précise encore : « L’immigration doit être contrôlée mais j’ai toujours été favorable au statut de réfugié politique ». On aimerait bien le croire même si c’est faux !
Il y a réfugié et réfugié en provenance d’Ukraine !
Dans un article paru dans le « Canard enchainé » du 30/03/22, sous le titre « Il y a réfugié et réfugié ukrainien », le journaliste du « Canard » écrit : « L’État et ses représentants se sont mis en quatre pour accueillir les Ukrainiens : 30.000 officiellement comptabilisé à ce jour dont 10.000 enfants.
Ces malheureux bénéficient tous, de la part de l’Union européenne d’une protection temporaire, à condition qu’ils soient 100% ukrainiens. Mais rien d’équivalent pour les syriens naguère réfugiés à Kharkiv et fuyant eux aussi les bombes russes ou pour les étudiants congolais partis en urgence de Kiev ou d’Odessa.
Dès leur entrée en France, les ukrainiens ‘’pure laine’’ (NDLR) bénéficiaires de cette protection touchent 14,20 euros par jour, là où la majorité des demandeurs d’asile n’en perçoivent que 6,80. Ils peuvent également travailler sans délai, alors qu’un exilé ordinaire, doit lui patienter six mois. Même célérité pour la protection universelle maladie, accordée au bout de trois mois minimum à tout autre ressortissant. Écoles, collèges, lycées, universités sont pareillement accessibles sans condition.
Toujours d’après le Canard, le 25 mars dernier, lors d’une réunion trimestrielle, Frédérique Vidal, ministre de l’Enseignement supérieur, est allée jusqu’à suggérer l’octroi d’une bourse spécifique. Lors de la même réunion, Emmanuelle Wargon, la ministre du logement, a proposé de réquisitionner tous les HLM vides.
Il y en a donc des logements !
Une instruction conjointe de la ministre déléguée et du ministre de l’Intérieur, demande aussi aux préfets de trouver des demeures vacantes pour loger ces ukrainiens. Collectivités et associations doivent recenser les logements disponibles pendant au moins trois mois. Soit à titre quasi gratuit ou moyennant loyer avec aides au logement.
Il faut savoir que toutes ces dispositions faites pour les réfugiés ukrainiens ne seront pas élargies à tous les autres réfugiés non ukrainiens.
Heureusement, il y a quelques pays en Europe plus humanistes, et qui ont du cœur, à l’image de Merkel qui a régularisé tous les réfugiés syriens présents sur le sol allemand, et leur a trouvé du travail.
J’ai encore en tête l’image de ce refugié syrien, Aylan Kurdi, trois ans, découvert noyé sur une plage turque, sa photo a ému le monde et attiré l’attention internationale sur le drame des réfugiés qui risquent la périlleuse traversée en Méditerranée espérant atteindre l’Europe. Le frère d’Aylan, quatre ans, et sa mère, avaient également péri dans l’accident de leur embarcation.
Dans un dessin au milieu d’une double page, une caricature signée du patron de Charlie Hebdo, dépeint un pervers à la poursuite d’une femme, sous le titre « Que serait devenu le petit Aylan s’il avait grandi ? ». Et Riss, l’auteur du dessin d’ajouter : « Tripoteur de fesses en Allemagne », en référence aux agressions sexuelles au Nouvel an dans ce pays européen qui a accueilli le plus grand nombre de réfugiés syriens.
La haine de certains français comme Riss contre les Syriens n’a pas de limite. Sans commentaire !
Par Mustapha Bouhaddar, pour Maghreb Canada Express, Vol. XX, N°04 , page 11, AVRIL 2022 .