L’Union Malaise obtient son indépendance de l’Angleterre en 1957 presque en même temps que plusieurs anciennes colonies françaises. Mais au lieu d’hésiter, comme plusieurs parmi elles, à rester sur le neutre, engager la Première ou la marche-arrière, au lieu de passer à côté d’unions régionales, l’Union Malaise se fédéra à Sabah et à Sarawak; pays nouvellement indépendants en 1963, pour former, la même année, la Fédération Malaisienne ou Malaisie.

Depuis, et après quelques réajustements suite à quelques crises postcoloniales (sortie de Singapour de l’Union et émeutes ethniques de 1969), la fédération opta pour une économie planifiée (plans quinquennaux) qui lui permit de passer, en l’espace de 25 ans, de pays en développement à un pays complètement développé attirant les compétences de partout à travers la planète.

La Malaisie commença tout d’abord par développer son secteur agricole ; ce qui lui permit d’assurer sa sécurité alimentaire tout en satisfaisant une population rurale qui était d’environ 85% de la population totale. Les bienfaits ne tardent pas à se manifester comme le montrent, à titre d’exemple, les chiffres suivants (Source wikipedia) : Exportations, à l’échelle mondiale, de 56% de l’huile de palme, de 78% du caoutchouc, de 79% du poivre, de 90% de l’écorce de quinquina, de 73% de coprah, de 16% de thé…

Soulignons cependant qu’une fois le secteur agricole renforcé, la Malaisie changea son fusil d’épaule et se mit en devoir de diversifier son économie et de l’étendre à des secteurs manufacturiers et de service. Aujourd’hui l’agriculture n’emploie que 10% des 16 millions de la population active et ne contribue qu’à environ 8% d’un PIB malaisien de plus de 420 milliards de dollars.

Bien avant le secteur agricole vient maintenant l’industrie qui contribue à environ 36% du PIB et emploie environ 27% de la population active (Source Banque mondiale, 2022). La Malaisie se taille une importante part dans la fabrication et l’exportation des semi-conducteurs; Branche industrielle qui, avec la réaction musclée du gouvernement, l’avait sauvé lors de la crise asiatique des années 1990.

Partie de la vidéo « Spécial Ramadan : Islam, mobilité humaine et vivre ensemble » consacrée à cet article

On se souvient en effet, que le gouvernement avait expulsé les experts du FMI, avait verrouillé le pays et avait imposée ses propres mesures de redressement économique; mesures drastiques certes, mais qui lui permirent de sortir la première de la crise parmi les ‘’Tigres asiatiques’’.

Le secteur industriel est très varié et va de la production des semi-conducteurs à la fabrication d’automobile (deux constructeurs nationaux) en passant par d’autres produits tels qu’entre autres, les appareils électriques, les logiciels ou même l’armement.

Mais c’est le secteur des Services qui emporte la palme d’or dans l’économie Malaisienne. Celui-ci emploie, en effet, plus de 63% de la population active et contribue à plus de 55% au PIB (Banque mondiale 2022). Ce secteur est également très varié et va des Finances (22ème rang mondial selon le Global Financial Centres Index) au tourisme (plus de 26 millions de touristes en 2019; ce qui fait de la Malaisie l’une des principales destinations touristiques de l’Asie du Sud-est), et ce, en passant par d’excellents services de santé et de transport qui profitent d’une infrastructure parmi les plus modernes du Monde.

 Le secret du succès malaisien

La Direction générale du Trésor (Ministère de l’Économie, des Finances et de la Relance, France) explique le succès économique malaisien par, et nous citons, (1) une stabilité politique et un cadre institutionnel solide ; (2) une ouverture aux investissements directs étrangers, soutenus par un dispositif performant d’aides d’État centré sur les services, l’industrie électronique et l’industrie de production aval à partir des ressources naturelles locales (hydrocarbures, huile de palme, caoutchouc), le tout bénéficiant, bien-sûr, de solides et modernes infrastructures (NDLR) ; (3) une politique macroéconomique prudente, notamment en matière d’inflation (3,7% en 2017, 2-3% prévus en 2018 par la Banque Centrale), de déficit public (3,0% en 2017, 2,8% prévu en 2018 par le Ministère des Finances) et d’endettement public (54,2% du PIB) et (4) une population jeune (âge médian de 28 ans) et technophile, parlant l’anglais.

Nous mettons en exergue, de notre côté, l’ouverture sur la diversité et le respect des croyances et des cultures de tous ses citoyens, et ce, malgré le fait que l’islam est la religion d’état.

Pas étonnant alors que le taux de chômage soit en deçà de 3%, entre 2020 et 2022… en plein crise de la COVD-19 !

Et de ce fait, la Malaisie devient un pôle d’attraction non seulement pour les compétences musulmanes, mais aussi pour celles de toutes les religions et toutes les cultures. La Malaisie, a d’ailleurs hérité d’une diversité ethnique importante de la colonisation britannique qui avait importé des ouvriers des ses autres colonies comme l’Inde et la Chine par exemple. Et c’est ainsi qu’à l’instar d’autres pays du Commonwealth (comme Trinidad & Tobago par exemple), on fête aujourd’hui en Malaisie, aussi bien le Diwali, que le Têt, la nouvelle année chinoise ou les fêtes religieuses musulmanes.

En outre, et de par son succès économique et sa diversité, la Malaisie a prouvé que ce n’est pas la religion qui maintient les pays dans le sous-développement, mais ce serait le manque de vision chez les leaders, la paresse et le fatalisme chez les peuples ainsi que le manque d’ouverture sur la différence et la diversité. Aussi, et contrairement à plusieurs pays musulmans qui ont sombré dans la pauvreté après la décolonisation, la Malaisie a fait montre d’un épanouissement économique qui, au lieu de rendre jaloux certains, devrait leur servir comme exemple.

Visite touristique, résidence permanente et citoyenneté

Les pays du Commonwealth ainsi que plusieurs pays (dont les pays maghrébins) n’ont pas besoin de visa pour visiter la Malaisie. Cependant pour y travailler ou y étudier, un visa de travail ou d’études est nécessaire. La connaissance de la langue locale n’est pas obligatoire. Mais pour pouvoir communiquer et travailler en Malaisie, il faut impérativement parler anglais.

Kuala Lumpur . Photo prise de la Tour « Menara Kuala Lumpur » par Abderrahman El Fouladi en Mai 2018

Pour les études ou pour le travail, il vaut mieux avoir un visa avant d’arriver au pays. Mais c’est possible aussi d’obtenir ce genre de visa (dont la durée varie de 6 mois ou de 2 ans à 5 ans renouvelables) sur place si vous arrivez à signer un contrat de travail ou si vous vous inscrivez dans une des institutions d’enseignement (université, école technique…) qui, soulignons-le, offrent beaucoup de facilités pour les étudiants étrangers.

Par ailleurs, la vie n’est vraiment pas chère en Malaisie comparativement aux pays occidentaux ou même à des pays de la région, comme le Japon ou même la Thaïlande. On peut par exemple manger avec 1 à 3 dollars par repas (parfois moins), et louer un 4 et 1/2 (2 chambres à coucher) entre 200$ et 600 $… parfois moins. Quant au centre-ville de Kuala Lumpur, on peut y trouver un meublé de la même taille à partir de 1000$… parfois beaucoup plus.

Un bon indicateur du coût de la vie serait probablement l’essence. Et en ce début d’avril 2022, son prix à Kuala Lumpur est d’environ 0.70 $ CAD.

Quant aux salaires mensuels, eh bien ils varient, en fonction de la spécialisation et de l’expérience, de 1000$ à plus de 7000$ en moyenne pour les travailleurs qualifiés. Pour le reste, les salaires se situent approximativement entre 250$ et 1000$.

Petite remarque : Les revenus gagnés à l’extérieur du pays ne seraient pas imposés. Bon à savoir pour les retraités qui veulent finir leur vie à juste 200 Km de l’équateur; dans un pays où la température moyenne fluctue entre 27°C et 32°C et où il fait bon de se baigner toute l’année (ou presque) dans des eaux limpides de 29° en moyenne et fouler un sable fin et blanc s’étendant sur des kilomètres et des kilomètres de plages.

Un petit mot sur la résidence permanente ou la naturalisation

Il est possible pour un étranger d’obtenir la citoyenneté Malaisienne. Pour cela il faut tout-de-même qu’il renonce à toute autre citoyenneté acquise ailleurs et résider au moins dix ans accomplis des 12 dernières années, précédant sa demande de citoyenneté, en Malaisie.

Pour ceux et celles qui tiennent à leurs racines, il est toujours possible d’obtenir la résidence permanente au pays, et ce, en y résidant au moins 5 années successives. Une fois cette condition remplie, on obtient un visa de 10 ans renouvelable à échéance.

Un autre moyen (beaucoup plus rapide) d’obtenir la résidence permanente : C’est par voie de mariage avec une personne possédant déjà la citoyenneté Malaisienne. Pour en savoir plus, et d’une manière officielle et précise, sur le visa, la résidence permanente et la citoyenneté, mieux vaut visiter le portail officiel :  https://www.imi.gov.my

Par Abderrahman EL FOULADI, pour Maghreb Canada Express, Vol. XX, N°04 , pages 4 et 5, AVRIL 2022 .

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