Au Maroc, le secteur du transport routier est un secteur vorace en énergies fossiles — il absorbe plus de 38 % de la consommation totale de pétrole du pays en 2017— et un gros émetteur de gaz à effet de serre, il est ainsi à plus de 23% des émissions de Gaz à Effet de Serre. Et les engins qui sillonnent les routes nationales – 20% des véhicules en circulation ont plus de 12 ans – ont un rendement énergétique inférieur à celui observé dans les pays de l’OCDE.

Un petit retour sur le mix énergétique marocain ; La consommation énergétique au Maroc est caractérisée par la dominance des produits pétroliers, malgré que leur part dans la consommation énergétique a nettement régresser entre 1980 et 2019 en passant de 83 % en 1980 à 57,5 % en 2019, au niveau mondial, la contribution moyenne des produits pétroliers est de l’ordre de 31%.

Le secteur du transport représente un levier important pour l’atteinte des objectifs de la stratégie nationale de l’efficacité énergétique (2030).

C’est un secteur qui connait une croissance continue si on met un focus sur le transport routier on peut citer un indicateur très important qui est le nombre de véhicules immatriculés au Maroc, à fin 2021 le nombre s’élève à quelque 6,2 millions de véhicules avec un taux de croissance annuel de 5 % pour les véhicules légers et les poids lourds et de presque 20% pour les véhicules de 03 et 02 roues.

Plusieurs projets prometteurs dans la feuille de route nationale pour l’efficacité énergétique et la réduction de l’empreinte carbone ;

  • Un projet qui vise l’amélioration des performances environnementales des véhicules il s’agit en fait d’un passage aux nouvelles normes anti-pollution des véhicules à partir du 1er janvier 2023 pour les véhicules légers et lourds
  • Un projet de système bonus-malus qui vise à favoriser l’achat de véhicules propres avec un taux d’émission de CO2 très bas.
  • Un projet-programme de renouvellement du parc qui a comme objectif de remédier à la vétusté du parc professionnels du transport routier de marchandises et de voyageurs, à travers l’octroi des primes de renouvellement et de la casse bien sûr avec des conditions d’éligibilité.
  • Un projet-programme de formation à l’écoconduite
  • Des projets de mobilité propre tels que l’extension des réseaux tramway à Casablanca et à Rabat

Le Maroc ne peut pas être déconnecté de ce qui se passe ailleurs, le pays doit tôt ou tard s’inscrire dans la dynamique mondiale de la mobilité verte. il est vrai qu’actuellement, malgré les incitations fiscales que ce soit la baisse des droits d’importation, la suppression de la vignette ou bien de la taxe de luxe, le taux de pénétration des véhicules électriques et hybrides restent trop faibles comparé à celui de l’Europe ou de l’Asie.

Le Maroc est actuellement à 400 véhicules électriques en circulation répartie à moitié entre les véhicules particuliers et les deux roues et quelque 7500 véhicules hybrides qui sont tous des véhicules particuliers donc ça représente moins de 0,1% de l’ensemble du parc en circulation ce qui est trop faible.

Le Maroc s’est engagé à mettre en place deux actions qui vont sans doute stimuler le marché des véhicules propres aussi bien au niveau de la demande qu’au niveau de l’offre, la première action, est le système bonus/malus qui a prouvé son efficacité dans tous les pays où ça a été mis en place ; il s’agit en fait des incitations financières qui seront appliqués sur le prix d’achat des véhicules neufs ce sera des bonus pour les véhicules avec un degré faible des émissions de CO2 et un malus pour les véhicules les plus polluants. La deuxième action concerne plutôt l’offre, elle consiste en l’application des normes de performance en matière de CO2 pour les véhicules particuliers et aussi pour les véhicules utilitaires légers, cette réglementation est connue à l’échelle internationale sous le nom de la réglementation CAFE « Corporate Average Fuel Economy » concrètement chaque importateur ou constructeurs de véhicules ne doit pas dépasser un seuil moyen d’émissions de CO2 pour l’ensemble de ses ventes durant un exercice, en cas de dépassement il doit payer un montant pour chaque véhicule dont la valeur de Co2 dépassent le seuil fixé.

Avec ces deux projets le Maroc espère créer une vraie dynamique au sein des marchés de véhicules électriques et hybrides.

Enfin, il est important de travailler avec les autres parties concernées sur les infrastructures relatif aux bornes de recharge car il s’agit d’un volet très important pour développer la mobilité électrique au Maroc.

Il est important à préciser que le changement de normes anti-pollution qui entrera en vigueur au début 2023 concernera toutes les catégories de véhicules sans exception :

  • EURO06b pour les véhicules légers;
  • EURO06 pour les véhicules de poids lourds;
  • EURO03/EURO04 pour les véhicules à deux et trois roues;
  • STAGE03A pour les véhicules agricoles.

S’agissant des normes américaines bien qu’il y ait des différences fondamentales entre le système d’homologation et de contrôle des états unis et celui en vigueur en Europe et au Maroc la réglementation marocaine permet l’homologation des véhicules conformes aux normes américaines en vigueur.

Par ZAKARIA KARTOUBI , Expert international de la sécurité routière et de l’efficacité énergétique des transports (Maroc), pour Maghreb Canada Express , Vol. XX, N°11, Page 04, Édition de NOVEMBRE 2022.

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