Lors de la COP21 , les États s’engagent à limiter le réchauffement climatique « bien en deçà des 2 °C par rapport à l’ère préindustrielle et à poursuivre leurs efforts pour limiter la hausse des températures moyennes à 1,5 °C ». Nouveauté : l’accord de Paris concerne tous les États, et non plus seulement les pays développés. C’est la fin de cette dichotomie, compte tenu de l’apparition de nouvelles puissances économiques comme la Chine, l’Inde et le Brésil. Il prévoit toutefois un principe de différentiation selon la diversité des situations économiques. Au cours des années suivantes, la COP22 de Marrakech permet l’adoption d’un programme de travail pour appliquer cet accord. La COP23 négocie ses règles d’application, tandis que la COP24, en 2018, est consacrée à un bilan d’étape collectif. L’annonce du retrait des États-Unis, en 2017, jette toutefois un froid sur l’euphorie générée par l’Accord, à ce jour ratifié par 168 pays. Par ailleurs, les engagements de réduction d’émissions présentés volontairement par les États dans les mois qui suivirent la COP21 demeurent insuffisants, et devraient conduire à une augmentation des températures de plus 3 degrés d’ici 2100.

Alors que l’Accord de Paris ne mentionnait pas les mots « charbon », « pétrole » ou « gaz », le texte approuvé à l’issue de la COP 26 qui s’est déroulée en 2021 à Glasgow appelle à réduire progressivement l’utilisation du charbon et les aides publiques accordées par les pays pour extraire et consommer ces ressources. S’il était initialement question d’une « sortie progressive » du charbon, l’Inde, la Chine et l’Arabie saoudite s’y sont opposées.

Une centaine de pays s’engage par ailleurs à réduire leurs émissions de méthane de 30 % d’ici 2030. Surtout, l’objectif de réunir 100 milliards par an dans le cadre du Fonds vert pour le climat est remis au goût du jour : les pays riches appellent à doubler leurs financements par rapport à 2019 pour aider les pays pauvres à s’adapter au réchauffement climatique.

COP 27, la déception

Comme l’a relevé « Le Canard enchainé » du 23/11/2022 sous le titre « COP 27 : plouf ! « , pas sûr que cette COP ait calmé les activistes lanceurs de soupe à la tomate. Ni les simples manifestants, qui ont dû défiler sagement, à heure fixe, dans les coulisses de l’espace de négociation, et pas un mot plus haut que l’autre. Treize jours de négociations, deux jours de prolongations. Plus de 100 chefs d’ETAT venus faire leur petit tour.

En plus de 636 lobbyistes du gaz et du pétrole venus à Sharm-el-Sheikh, et s’y trouvant comme chez eux. Le PDG de Total Énergies, Patrick Pouyanné, venu pérorer sur le thème : « Business et neutralité carbone », au nom de l’association qu’il préside, Entreprises pour l’environnement, où sont les plus grands réchauffeurs français (Énergie, Lafarge, Vinci, etc.). En coulisse raconte « Le Monde » du 22/11/22, « une vingtaine de contrats de Gaz ont été signés. Cette COP n’a pas été perdue pour tout le monde.

Résultat : l’accord final ne dit pas un mot des énergies fossiles. Celles qu’il faudrait, pour baisser d’urgence les émissions, qui ne cessent de monter, réduire de moitié en huit ans.

Du moins si on prend au sérieux l’objectif de 1,5 °C maximum de réchauffement.

L’Inde, la Chine et l’Arabie Saoudite voulaient rayer ce chiffre plafond, ce qui leur aurait facilité la vie, la Chine étant le premier pays émetteur mondial de CO2, l’Inde le troisième, et l’Arabie Saoudite vivante de sa rente pétrolière.

En plus ça leur aurait rapporté gros : plus la planète se réchauffe, plus ces pays peuvent placer leurs technologies de capture et de stockage du carbone. (« Libération » du 21/11/22).

Justice climatique

La veille de la clôture officielle, Frans Tmmermans, le commissaire européen des négociations pour les 27 pays membres, a lancé l’idée de créer un nouveau fonds, baptisé « Pertes et Préjudices ». Cela faisait trente ans que les pays pauvres le réclamaient. Leur argument : nous sommes les plus vulnérables, alors que ce sont les 43 pays industrialisés qui sont les principaux responsables du réchauffement.

Mais Timmermans a mis une condition. En 1992, au début des négociations climatiques, la Chine avait été inscrite d’office dans le groupe des pays pauvres. Elle y figure encore aujourd’hui, alors qu’elle est devenue la deuxième puissance mondiale. Ce serait normal qu’elle mette la main à la poche. La Chine a accepté de voter pour, elle n’avait pas le choix.

Quant à savoir qui va payer, et combien, et quand, , et sur quels critères, et au profit de qui, rendez-vous l’an prochain à la COP 28, à Dubaï, chez les rois du pétrole.

Pointée du doigt, la manière dont la présidence égyptienne mène les négociations s’est retrouvée au cœur des critiques. Le président de la COP 27, le ministre égyptien des Affaires étrangères, Sameh Choukri, s’est défendu : « Une vaste majorité de pays m’a indiqué que le texte [qu’il avait présenté dans la nuit aux délégués] était équilibré et productif ».

On aimerait bien le croire !

Par Mustapha Bouhaddar pour Maghreb Canada Express , Vol. XX, N°12, Page 03, Édition de DÉCEMBRE 2022.

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