La chute inattendue du Mur de Berlin en 1989, les attentats de New York en 2001 et l’invasion de l’Afghanistan la même année et celle de l’Irak en 2003, le conflit Russo-Occidental en Ukraine, la guerre que mènent Israël avec un appui inédit des USA au Moyen-Orient et les tensions croissantes entre les USA et la Chine, sont autant de signes de l’explosion de l’actuel ordre mondial, imposé par l’Occident après la deuxième guerre mondiale.
Pourtant, après la chute du mur de Berlin, tout a laissé croire, que le monde allait vivre dans une « mondialisation heureuse » sous l’égide protectrice des États-Unis et leurs alliés. Mais malheureusement, après la chute du Bloc de l’Est, les USA n’ont pas cessé de forger autoritairement et arbitrairement de nouvelles règles.
En exhibant leur puissance militaire et en violant différentes résolutions des Nations unies, les États-Unis et leurs alliés ont affaiblit les fondements de la légalité internationale née en 1945 d’une certaine idée de la civilisation. Faut-il rappeler, qu’à l’exception de la guerre du Golfe en 1990-1991 qui se prévalait encore du cadre défini par l’Organisation des Nations unies (ONU), ils ont mené de multiples interventions hors de la légitimité internationale.
Même l’occasion de la fin de la guerre froide n’a pas été saisit pour réaffirmer une règle commune pour une meilleure cohabitation de notre monde. Au contraire, les USA ont préféré s’attacher à la doctrine de Zbigniew Brzezinski* qui se base sur l’idée que, l’amélioration du monde et sa stabilité dépendent du maintien de l’hégémonie des États-Unis. Par conséquent, toute puissance concurrente est dès lors considérée comme une menace pour la stabilité mondiale. En effet, dans sa doctrine, Brzezinski écrit: « pour assurer leur domination, les États-Unis doivent développer un plan géostratégique cohérent pour continuer à gérer l’Eurasie à distance. Tout d’abord, ils doivent chercher à affaiblir la Russie, qui est leur seul vrai rival ».
A partir de cette doctrine, ils ont accentué leur hégémonie et donné de mauvais exemples. En effet, avec la guerre du Kosovo en 1999 et l’intervention en Libye en 2011, etc., les USA ont tenté d’officialiser un droit d’ingérence dans les affaires intérieures des États. Mais, on le sait, c’est grâce à l’effacement de la Russie de la scène mondiale et la réserve de la Chine, que cette vision a été rendue possible.
Mais, désormais, tout a changé. En effet, avec le retour de la Russie sur la scène internationale, la progression ininterrompue tant en matière économique que militaire de la Chine et son influence sur la scène mondiale ainsi que la naissance et l’élargissement des BRICS, nous sommes devant la naissance progressive mais sûrement d’un nouvel ordre mondial.
Si dans un tel contexte, le Sud Global n’arrive toujours pas à s’organiser pour jouer un rôle dans ce qui se passe sous nos yeux, les USA sont conscients de cette nouvelle donne et agissent en conséquence. En effet, pour garder leur hégémonie et éviter le risque que le Moyen-Orient bascule dans l’orbite des pays du Brics, ce qui serait une énorme perte en termes énergétique et d’influence, et assurer en même temps la survie de leur principal allié dans la région, les USA semblent avoir trouvé une parade stratégique, selon certains experts américains.
Une stratégie, qui consiste à résoudre d’une manière unilatérale la question palestinienne. En effet, dans le cadre des « accords d’Abraham » quatre pays arabes ont signé une normalisation avec Israël et des négociations ont été entamé avec l’Arabie Saoudite a qui ils ont promis tant de privilèges. Mais après la Guerre qu’entreprend Israël contre Gaza, cette dernière a gelé toute promesse de pourparlers à ce sujet.
Quant à l’Union Européenne, le conflit en Ukraine et celui du Moyen-Orient démontrent clairement que sa dépendance en termes de protection, s’est transformée en une perte indéniable de toute indépendance. En effet, depuis longtemps déjà, l’UE n’a plus de voix dans le domaine de la diplomatie internationale. C’est que, les USA et leur principal allié la Grande Bretagne ont anéantis la diplomatie de l’UE et l’ont écarté de la redistribution des cartes dans un nouvel ordre mondial, dont la refonte se déroule sous nos yeux. C’est certainement ce qui a motivé le Brexit de février 2020.
Aujourd’hui, le risque de les entrainer dans un conflit ouvert avec la Russie, devient de plus en plus une réelle probabilité. Faut-il ici, se rappeler de ce qu’a écrit Brzezinski, cité en haut : «Il faut libérer l’Ukraine de l’influence russe. Car, sans l’Ukraine, écrit-il, la Russie cesse d’être un Empire pour redevenir un pays, etc.» et la politique des USA, va dans ce sens.
En effet, avec l’autorisation donné à l’Ukraine d’utiliser les armes occidentales de longue portée pour mener des frappes sur le sol de la Russie (un pays nucléaire) et l’incursion, opérée au début du mois d’aout de cette année sur le sol Russe et précisément à Kursk, nous sommes devant un risque majeur. On sait qu’avec cette opération, l’Ukraine et ses alliés espéraient voir la Russie transférer un nombre important de ses soldats du Dombas ou les Ukrainiens sont en difficulté vers Kursk. Ce qui ne s’est pas réalisé.
Une stratégie élaborée par les experts britanniques, qui ont selon le Journal britannique The Time, conseillé et préparé cette opération surprise. Il semble que les britanniques ne se contentent pas seulement de conseiller, puisque des soldats britanniques se trouvent déjà sur le sol Ukrainien, selon le même journal.
Il est évident, que stratégiquement, cette incursion n’est pas une simple escalade. Au contraire, c’est un calcul d’une extrême dangerosité, puisqu’il s’agit d’une réelle provocation de la Russie, dans l’espoir de la voir réagir en conséquence. Si les USA disent qu’ils n’étaient pas au courant de cette opération, les britanniques, eux, ne cachent plus qu’ils cherchent une excuse pour faire intervenir l’OTAN, qui est déjà semble-t-il en manœuvre discrète en Ukraine.
Mais la Russie n’est pas tombée dans le piège pour plusieurs raisons et principalement pour une question de la notion de temps. En effet, si les occidentaux sont toujours pressés à cause de leurs agendas électorales, leurs projets à court terme et leurs ambitions personnelles (réélections), leurs adversaires (Russie, Chine et Iran) n’ont aucune contrainte de temps. En effet n’étant pas démocrates, ces régimes prennent tout le temps nécessaire avant de prendre toute décision, dans la mesure où la notion de temps n’est pas la même.
* Zbigniew Brzezinski : conseiller à la sécurité nationale du président USA Jimmy Carter de 1977 à 1981